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Aurélia Rojon nous présente Mille saisons

Par Oceliwin, le dimanche 11 octobre 2009 à 15:53:50

Stand Mille Saisons

Aurélia Rojon, directrice éditoriale et co-fondatrice de Mille Saisons, a répondu à nos questions lors du festival Fantastique & Légendes, à Fontanil.
Après avoir eu Roland Vartogue et Samantha Bailly, auteurs publiés par cette maison d'édition, on vous invite à en découvrir les autres facettes. Maison d'édition reposant encore sur le bénévolat, trois livres ont été publiés en 2009 : La Vampire de Paul Féval (réédité en septembre), La Langue du Silence (en avril). Et le tome 2 de l'Orbiviate devrait sortir en fin d'année.
Je vous invite à passer sur leur site pour découvrir les parutions précédentes et à venir.

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Interview en plein air au son de la cornemuse

Mille Saisons est née d'un projet scolaire. Comment êtes vous passé à l'édition ?
Avec Lucie Maréchal - la co-fondatrice de Mille Saisons, on s'est rencontré en école de commerce, en 2e année lorsqu'il a fallu faire un « projet Entreprendre », contrairement à son nom il s'agit plus d'une étude qu'une réalisation. On a choisi un projet de maison d'édition car je m'étais rapprochée de la maison d'édition : Nuits Myrtides à Lille. Le responsable m'avait conseillé de voler de mes propres ailes d'autant que l'impression numérique émergeait et donnait la possibilité de se lancer sans avoir d'énormes moyens financiers. Par la suite le directeur commercial de Bragelonne - Olivier Dombret (directeur commercial) - nous a aidé à préciser la ligne éditoriale. En sortant de chez Bragelonne, on s'est dit : Et si on faisait de la fantasy, ça tombe bien, on adore ça.
On a créé un site web, c'était surtout pour concrétiser le projet, avoir une vision. Internet n'était pas encore quelque chose que l'on maitrisait bien, ni Lucie, ni moi. Nous n'étions pas à fond sur le web, sur les communautés, etc. Donc on ne savait pas du tout comment ça allait marcher. On a donc fait un site, un forum et on s'est inscrite sur plusieurs communautés, notamment sur celles de Bragelonne, d'Aerys Gaard. On a parlé de notre projet, on s'est présentée : on est étudiante, on aime la fantasy, on ne sait pas trop comment ça marche. Il fallait bien le reconnaître. A partir de là on a commencé à recevoir quelques manuscrits. On était toujours à l'état de projet et pour nous c'était fini à la fin de l'année, on aurait fait plus ou moins une étude marketing, une étude technique.
Couverture du Temps de l'accomplissementEt on a reçu le manuscrit de M. H. Essling. On était 4 au comité de lecture. Là on a carrément flashé. On s'est dit que c'était con de pas continuer, de se dire : On est dans un projet scolaire, on a fait une étude marketing, des interviews de gens passionnés par la fantasy pour savoir un peu ce qu'il aimait. Bon on s'arrête là, on a trouvé un super manuscrit, mais il sera surement publié ailleurs et nous on va aller en stage à l'étranger. On n'aura pas le temps.. Avec Lucie, on s'est dit en même temps, on adorerait voir si ça peut marcher. Et même si ça ne marche pas, au moins on sera allé au bout de l'aventure.
Donc on allait tenter le coup. On a commencé à corriger nous-mêmes sachant qu'on n'avait aucune expérience de la correction. On a passé, je crois, sur le premier chapitre qui était pas long (environ 5 pages), 12 heures. On s'est vite rendu compte qu'on n'avait pas les compétences, à ce moment-là du moins, de correctrice. Et par chance, Menolly (Qui dirige avec Magalie Duez, Griffe d'Encre) s'est proposé précisément quand on avait fait ce constat. Elle nous a dit : J'ai suivi votre début de projet, j'ai vu que vous aviez décidé de publier un roman, j'aimerais bien le lire et si ça me plaît, j'aimerais le corriger. Elle l'a lu, elle a adhéré, et c'était parti. Finalement, elle a corrigé le tome 1 et le tome 2. Ça a été vraiment le début.
Le tome 2 est sorti en 2006, et le tome 3, que j'ai corrigé, va sortir bientôt (rire). Je me sens plus à l'aise avec la correction.
Donc Bragelonne vous a demandé une ligne éditoriale à l'époque.
Oui, Olivier Dombret nous avait dit : Bien vous avez l'air enthousiaste, pourquoi pas, c'est tout à fait honorable. Mais vous savez il y a des vrais éditeurs, ce n'est pas juste un hobby. Pour recevoir des manuscrits et pour avoir des chances d'avoir un vrai public, etc., si vous n'avez pas de ligne éditoriale, ça va être plus compliqué. Si vous ne faites pas du régionalisme, du polar, de la fantasy ou de la philo, ou autre. Si c'est juste de la littérature blanche, c'est tellement étendu que ça va être très difficile de vous trouver une place. Il faut quand même que vous ayez une spécificité sinon vous n'existerez jamais. Surtout en ne partant de rien, en n'ayant pas de moyens financiers, etc. Il fallait quand même que l'on se place par rapport aux autres éditeurs, sinon ça n'avait aucun intérêt.
En fantasy, on a un certain nombre de maisons d'éditions. Donc aujourd'hui, est ce que Mille Saisons à une ligne éditoriale plus ciblée dans la fantasy ?
A la création, il y avait moins de maisons d'édition. Aujourd'hui, on fait de la fantasy et du fantastique. On a sorti La vampire, il y a deux semaines, donc fantastique.
Ça reste fantastique/fantasy francophone, normalement d'auteurs vivants même si La vampire, l'auteur n'est pas là pour conforter ça. C'est surtout coup de cœur en fait. Je ne suis pas féru de SF, donc pour l'instant pas de collection de SF. Je n'aime pas les guerres sur d'autres planètes (sourire), donc y'en aura pas, en tout cas tant que je serai à la direction de Mille Saisons, je pense. Après il y a des choses en anticipation que je connais et que j'ai aimé. Si on recevait un manuscrit d'anticipation, pourquoi pas, mais ça serait vraiment un coup de cœur. On ne recherche pas particulièrement quelque chose, il faut que ça nous plaise. Sachant que maintenant il y a un comité de lecture de Mille Saisons, donc je ne suis pas la seule à décider. En général, le livre passe par deux lecteurs avant d'arriver jusqu'à moi pour la décision finale.
Il y a eu des manuscrits qui me plaisait et qui n'ont pas plu au comité, donc on n'est pas allé plus loin, et inversement. On essaie vraiment de conforter une décision, on n'a pas les mêmes vécus littéraires, on peut avoir une résonance avec un livre et être la seule.
Solstice Volume 1 : Facettes d'imaginaireC'est plus rassurant d'être à plusieurs, et c'est plus facile d'y croire ensuite surtout quand il commence à y avoir des commentaires ou des chroniques. Au fur et à mesure des commentaires, ça se nivèle, il y a toujours des très bons commentaires et de très mauvais. Mais quand on reçoit les premiers commentaires, on a toujours peur, c'est naturel. Et quand on sait qu'il y a déjà 4/5 personnes, qui ont lu le livre, qui l'ont aimé, on est plus confiant et mois déstabilisé. Par exemple, Solstice Volume 1 : Facettes d'Imaginaire qui est maintenant épuisé et qui au final a été nominé pour le prix Merlin. La première critique était vraiment mauvaise, disant qu'au final les textes n'étaient pas mauvais, mais qu'aucun ne valait vraiment le coup. Et à côté de ça, dernièrement, sur psychovision.net, il y a eu un article dithyrambique, disant que c'est la meilleure anthologie qu'il avait lu, que tous les textes étaient merveilleux, que ça avait été vraiment un plaisir de le lire...
Chacun a sa sensibilité. Être plusieurs à choisir c'est important, car ca permet de relativiser, de se dire qu'on n'est pas un OVNI, c'est compréhensible qu'il y ait des gens qui n'aiment pas. Au final les livres de Mille Saisons ne sont pas vraiment décriés, on a jamais eu vraiment de grosse polémique. Sauf sur Solstice Volume 1, où la 3ème nouvelle (Ennemis de la liberté de Nicolas Delong, une des parties de Roland Vartogue) était sur l'esclavage. Un esclave est affranchi mais sous la contrainte : tous ceux qui se sont révoltés devant cet affranchissement ont été massacrés. Pour lui, on les a sortis de leur milieu qui était absolument merveilleux, ils avaient une vie très proche de la nature. Là on les met dans la situation économique. On leur a donné un petit magot au départ mais qui ne vaut rien au final, et ils doivent se démerder tout seul.
C'est une situation en quelque sorte de chômage, ils ont vraiment du mal a s'en sortir. La conclusion de la nouvelle est que ça se passe mal et ils auraient préféré rester esclave. Donc on eu une grande polémique sur le fait que l'on prônait l'esclavage, que c'était une nouvelle qui n'aurait jamais du sortir, que la personne qui l'avait pondu ne connaissait rien à l'esclavage. Mais non, ce n'est pas ça. Il ne prenait pas parti de l'esclavage, mais dénonçait la manière dont ils avaient été affranchis, pas le fait que l'on affranchisse les gens ! Ça a vraiment illustré le fait qu'une nouvelle que je trouve bonne, qui amène à la réflexion, peut être interpréter de manière différente, être vraiment appréciée, décriée, ou laissée indifférent, selon l'expérience des gens.
Il y a des sujets qui sont tabous. Qu'on les aborde en fantasy, en littérature générale, dans les journaux ou autre, on a des avis assez tranchés, et qui peuvent être mal interprété assez rapidement.
Mille Saisons a pour but de faire des livres qui nous plaisent. On espère que les lecteurs vont les aimer aussi. S'il y a un message à défendre, pourquoi pas, mais ce n'est pas de la littérature à messages. C'est un plus. Ce n'est pas nécessaire, car la fantasy c'est de la littérature de détente, en tout cas pour moi. Ca peut permettre de transposer la société dans un monde imaginaire. Pour moi la fantasy, ça a commencé même avec Voltaire (Candide par exemple). Où il transposait complètement pour dire des choses qui se passait à son époque et c'est un peu dommage que ça se soit beaucoup perdu dans la littérature d'aujourd'hui. Après si le livre fait rêver et permet de s'évader, je trouve que c'est déjà formidable.
En fin d'année, vous sortez l'anthologie Boules de Feu et droits sociaux.
C'est un peu compliqué. Ce n'est pas sûr du tout qu'elle sorte, on est en discussion. Ce n'est pas Mille Saisons qui a proposé le thème, c'est Utika. On a adoré le sujet, ça correspondait à de la littérature avec messages, donc on a relayé l'information en disant qu'on allait sortir Solstice Volume 3 : Boules de feu et droits sociaux. On a eu une certaine participation, ça s'est bien passé. Utika et deux autres personnes ont choisi les textes avec goût. Malheureusement Utika a eu des problèmes personnels et n'a plus eu internet pendant plus de six mois. Du coup on a pris du retard et en juin, date prévue de sortie, elle était très loin d'être faite.
On a essayé de continuer la correction sans elle mais c'était fastidieux d'autant qu'on avait essayé de rester en retrait. Bref j'ai vite vu qu'il était préférable de l'attendre patiemment et de voir ensuite quoi faire.
Tout le souci c'est qu'on avait décidé que Boules de Feu et Droits Sociaux serait la dernière anthologie et qu'elle sortirait en 2009 (ça nous permettait d'avoir 4 parutions en 2009). Comme on a raté le coche en quelque sorte, elle est repoussée à une date ultérieure sans aucune certitude sur une sortie papier effective en tout cas chez Mille Saisons.
Solstice Volume 2 : Crimes en imaginaireOn a décidé d'arrêter les anthologies car il y a une multiplication des petits éditeurs et des appels à textes. Les auteurs ne peuvent pas répondre à 50 appels à textes différents ou alors la qualité des textes va baisser. Comme ce n'est pas mon genre préféré même si j'ai adoré travailler sur les 2 premières anthologies, j'ai beaucoup de mal à les défendre en salon, et comme les libraires sont très frileux sur ce type de textes, on préfère s'orienter vers de nouvelles pistes.
Un des points chez Mille Saisons, on a beaucoup de maisons d'éditions en fantasy, mais pas beaucoup de jeunes auteurs qui sortent. Vous avez fait découvrir Roland Vartogue (pseudonyme cachant deux auteurs), Samantha Bailly, Gabriel Féraud, est ce un choix ou un hasard ?
Et M. H. Essling. Ca tombe comme ça. Le prochain auteur que l'on va publier, ça va être Jess Kaan qui est déjà connu. C'est ce que je te disais tout à l'heure, c'est vraiment du coup de coeur. Lors de la création de la maison d'édition, on n'était pas introduit dans le milieu, donc les auteurs qui étaient un peu connu, même au niveau nouvelles, n'avait pas forcément tendance à envoyer leurs textes. La situation change petit à petit mais c'est bien entendu la qualité et non le nom qui prime.
Au début de la maison d'édition, c'était donc des auteurs inconnus qui se sont manifestés pour participer à cette nouvelle aventure avec nous. Ce sont tous de jeunes -et prometteurs- auteurs. Samantha (Bailly), vraiment très jeune auteure, est extrêmement dynamique, pleine de projets. Elle a écrit un livre sur son expérience en Biélorussie qu'elle va peut-être placer chez un éditeur généraliste. M. H. Essling vient de sortir un livre document sur les centres d'appels et un livre jeunesse chez Mille Plumes, Gabriel Féraud fait des jeux de rôles chez le Grimoire. Ca montre que nos auteurs diversifient leurs publications, ça fait plaisir de voir qu'ils s'épanouissent aussi dans d'autres genres que la fantasy.
On parlait de Samantha Bailly, qui est jeune, encore étudiante. Comment cela se gère pour la maison d'édition qui elle aussi est extra professionnelle ?
Quelque part c'est beaucoup plus simple avec Samantha, car elle est étudiante, elle peut aller sur les salons, même quand c'est un jeudi ou un vendredi. Ce n'est pas le cas des autres auteurs qui bossent. On commence à faire des salons un peu plus gros. La semaine prochaine on est à Mouans Sartoux (06), on va faire Montreuil. Des salons qui prennent toute la semaine. On est obligé de jongler, car on ne peut pas prendre une semaine de vacances tout le temps, surtout une semaine de vacances éprouvantes. On fait au mieux, en fonction des disponibilités des auteurs, donc Samantha c'est vraiment une chance. Par exemple mi octobre, il y a le salon de la jeunesse de Namur, du coup c'est elle qui s'y colle parce que ça commence le mercredi. J'ai fait ce salon l'année dernière et j'ai beaucoup aimé. C'était la première fois que je faisais un salon jeunesse et c'était vraiment très différent des salons spécialisés.
Les ados sont vraiment très enthousiastes, ils flashent sur les couvertures et ensuite arrivent avec leurs parents : Je veux celui là. Mais tu vas le lire car il y a 300/400 pages ? Oui mais je suis sur, je te le promets, je vais le lire.
On les voit revenir à la fin du weekend : Bon maintenant je voudrais le tome 2, je l'ai fini hier soir, c'était vachement bien. C'était vraiment super mignon, en plus quand il y en a un qui achète, tous ses amis veulent le même livre. C'était la première fois que ça nous arrivait et c'était assez surprenant. Ils n'ont pas connu beaucoup d'autres choses et ils voient une couverture jolie, lisent 3 pages et sont déjà dans l'histoire à fond. Ils ont des étoiles plein les yeux, ils marchent vraiment au coup de cœur.
Vous avez justement de belles couvertures. Quelle place a la couverture dans le livre ? C'est important pour vous ? Ca fait partie de l'histoire ? Juste commerciale ?
Les Perles d'AllayaEn fait le départ de Mille Saisons, avec Lucie, c'était de faire des livres pour nous. Des livres qu'on aurait plaisir à avoir dans notre bibliothèque, à trouver chez un libraire, à lire. Un livre avec une couverture moche, personnellement, je n'ai aucun plaisir à le trouver dans ma bibliothèque, et il faut qu'il soit excellent pour qu'il y reste. C'est parti de là, on veut des bouquins excellents, qui aurait leur place, quelque soit la couverture dans notre bibliothèque, mais ça serait un plus si la couverture est belle. On a des illustrateurs à chaque fois différents, et ça plait plus ou moins. Actuellement ma couverture préférée est celle de La Vampire -illustration de Bruno Wagner-, avant c'était celle des Pierres d'Allaya réalisée par Sébastien Grenier, des couvertures très différentes l'une de l'autre.
On essaye vraiment d'apporter un point particulier, dès le premier livre on a payé l'illustrateur. Il faut être honnête je suis casse pied avec les illustrateurs. Je donne mon avis et ce n'est pas forcément très négociable contrairement à quand je corrige un auteur.
Je ne te donnerai pas de nom, mais il y a eu une couverture comme ça. J'aimais beaucoup les travaux d'un illustrateur et j'étais ravie qu'il travaille avec nous. Il nous a fait une illustration pour un livre, mais à chaque fois je lui faisais modifier des milliers de choses . Ca ne collait pas, j'étais vraiment embêtée, il avait vraiment passé du temps. Je ne savais pas quoi faire, je ne me voyais pas lui dire Ecoute, on paye, mais on ne prendra pas ta couverture, car elle est trop mauvaise. C'est moyen. En même temps, c'était impossible qu'on publie le livre avec cette couverture.
Vu qu'il avait fait d'autres couvertures pour nous, j'ai repris une illustration que j'aimais, qui avait déjà été utilisée. On lui a payé en lui demandant si ça l'embêtait de prendre cette couverture plutôt que l'autre. Il nous a laissé faire, enfin soulagé que je le laisse tranquille.
Ça a été le cas le plus difficile. Au final c'est passé et la couverture plait bien, la vraie couverture, pas l'ancienne que personne ne connait (rire).
L'histoire de la couverture c'est une des raisons de la réédition de La vampire ?
La VampireC'est un livre que j'avais aimé avant. Quand on a commencé à dire qu'on allait faire du fantastique sans recevoir de manuscrits qui nous plaisaient véritablement, on a décidé de commencer par une réédition pour montrer qu'on se mettait au fantastique. J'avais pensé à La vampire, j'ai tapé sur la FNAC. J'ai vu que La vampire était déjà édité avec un bon diffuseur. A priori aucun intérêt que l'on fasse ce livre là. J'ai poussé pour voir si vraiment il était disponible et du coup je suis tombé sur le site de l'éditeur où il y avait la photo, ce qui n'était pas le cas sur la fnac.com. Et là j'ai vu l'illustration et lu le 4ème de couverture. Je me suis rendue compte que ça ne donnait pas du tout envie. (Sourire)
Donc nous on s'est aligné sur le prix, et on a fait un autre bouquin. On est d'accord que le contenu est le même mais l'objet change, c'est le même prix, il y a une vraie 4ème de couverture, pas un extrait. Je ne suis pas fan des extraits. Et il y a une image qui correspond plus à mes goûts...
Le deuxième intérêt de ce livre est de lancer la collection fantastique de Mille Saisons ?
Oui il y a un an environ, je voulais vraiment sortir une collection fantastique et je n'en avais pas. C'était le moment où il y avait le Da Vinci Code, il y avait que des quêtes ésotériques, sur la bible, etc... J'avais l'impression de relire le Da Vinci Code, en moins bien en plus, en redite.
Dans La Vampire, on ne va pas apprendre des choses fulgurantes sur les vampires. C'est une écriture du 19ème, que j'aime beaucoup, qui est fluide. Le roman se passe sur les bords de Seine, dans une ambiance un peu mystérieuse.
A mon avis ceux qui aimeront ce livre, l'aimeront pour l'ambiance, la façon de décrire les choses, l'intrigue historique, où l'auteur mêlent ce qui s'est vraiment passé, avec des personnages comme Bonaparte, avant qu'il ne devienne empereur, mais aussi Georges Cadoudal, qui était un chouan et qui est l'oncle du héros ici. Après il y a une partie plus fantastique, mais qui n'est ni accessoire, ni principale. Je trouvais ça intéressant justement d'arriver à mêler un peu l'historique et le fantastique. Le roman qui m'avait conquis en fantastique quand j'étais plus jeune, c'était La Chambre ardente de John Dickson Carr. C'est un mystère de chambre close. Pendant tout le livre, on ne sait pas si on est en face d'un banal assassinat ou si c'est une empoisonneuse du XVIIIe qui a refait surface. J'avais adoré.
Dans La vampire, on ne dit pas vraiment ce qu'il en est, on laisse le lecteur se faire sa propre opinion et je trouve ça bien. J'aime bien quand on ne prend pas le lecteur pour un con.
Qu'on ne lui dit pas tout : Il ouvrit la porte, et là il vit un cadavre, qui ouvrit les yeux et parla et dit "Je suis un mort-vivant". Comme si le lecteur n'avait pas compris.
Je caricature bien sur. Nous ce n'est pas le but.
La Vampire est sorti la semaine dernière, est ce que ça annonce d'autres livres fantastiques pour 2010 ?
Oui mais tu n'en sauras pas plus. (Rire) Il y en a un en correction mais on ne l'a pas annoncé encore.
Le tome 2 de l'Orbiviate est prévu pour la fin de l'année. Plus de précisions pour les lecteurs ?
Le tome 2 de Roland Vartogue est en correction, en phase de correction terminale. Je suis en train de faire la relecture pour quelques trucs. On espère pour la fin de l'année. On a la couverture définitive, on travaille sur le 4ème de couverture.
Et le tome 3 est déjà annoncé pour l'année prochaine ?
L'Offrande SecrèteOui, il est déjà écrit, donc ça ne prendra pas forcément beaucoup plus de temps. Dès qu'on aura sortie le tome 2, on va passer à la correction du tome 3, comme on a fait avec Samantha. Après on espère sortir le tome 2 pour fin de cet année, mais c'est vrai que le planning de correction chez Mille Saisons n'est pas le plus rigide que l'on connaisse, le plus... planifié. C'est un peu pénible pour les lecteurs, quand on leur annonce qu'un livre sort dans un an. On vous le promet, achetez le tome 1. Et finalement ils l'ont deux ans après. Oui ils l'achètent car ils ont aimé le tome 1, mais ça ne fait pas pro.
On va essayer de travailler là dessus, c'est aussi pour ça que je ne veux pas m'avancer. On a encore eu le même problème avec Jess Kaan. Investigation avec un triton devait sortir en 2009. Il ne sortira pas en 2009, il est en train de le réécrire complètement. Ca sera pour 2010. Je préfère qu'on ne se tienne pas à un planning et que le livre soit selon moi impeccable. Pour être honnête, j'ai lu le tome 3 de Muriel (M. H. Essling), la première version, dans les temps (mi 2007). On aurait pu le sortir probablement fin 2007, sauf que c'est la fin d'une trilogie, que ce tome est vraiment superbe. J'ai encore plus envie qu'on le chouchoute. Je veux qu'il soit parfait, elle aussi.
C'est pour ça que ça prend un peu plus de temps. Le tome 1 de l'Orbiviate a été beaucoup apprécié. Les lecteurs attendent donc beaucoup du tome 2, on ne veut pas les décevoir. Il faut qu'il soit encore plus admiratif du travail de l'auteur. Le tome 1 ça peut être un coup de chance, le tome 2 doit être à la hauteur du tome 1.
On oublie Mille Saisons. On vous propose un poste dans une maison d'édition, laquelle choisissez-vous ?
Je pense que ça dépendra du poste surtout, et de ma liberté d'agir. N'importe quelle maison d'édition, si on a des moyens, financiers, communication, on nous donne un passé, et qu'on nous donne la liberté de faire ce que l'on a envie de faire, en nous faisant confiance. C'est le plus important. Après que ce soit chez Acte Sud, Albin Michel, Bragelonne. Si on a vraiment les moyens à notre disposition, je pense qu'on peut faire des choses superbes.
Toutes les maisons d'édition ont fait un livre que j'ai aimé.
Vous aimez peut-être plus le travail actuel d'une maison d'édition ? Ou vous avez juste eu des coups coeur dans plusieurs maisons d'édition ?
C'est ça. Chez Bragelonne, ce que je trouve extrêmement bien chez eux, c'est leur inventivité. Je me souviens pour Les Mensonges de Locke Lamora, au début de la collection thriller L'Ombre, Olivier (Dombret) avait envoyé une lettre à tous les libraires avec une sorte d'énigme pour préparer la sortie du livre. Et c'était génial, les libraires, on suivit. Après il y a des maisons d'édition qui chouchoutent vraiment leurs bouquins, d'autres plus en retrait. Chaque maison d'édition a ses spécificités. Il y a des choses à garder, et d'autres que j'aime moins.
Je pense qu'il y a un truc que j'aimerais bien faire, mais que je ne ferais pas avec Mille Saisons, c'est les traductions. Si j'avais un poste, je privilégierais la découverte, l'aventure, si c'est pour faire la même chose que chez Mille Saisons, même à grande échelle, ça n'a aucun intérêt. Chez Mille Saisons, j'ai toutes libertés de faire dans la limite de moyens financiers. On a de quoi inventer, je ne suis pas stressée... Dans une maison d'édition, si on te propose un poste, il ne faut pas que ça te contraigne.
Si je dois abandonner Mille saisons pour faire moins bien.
Vous êtes une petite maison d'édition, vous faites beaucoup de salons. On a appris récemment, que le salon du livre de Paris allait doubler le prix des stands pour l'édition 2010. Est ce que c'était prévu d'y participer ?
On s'est posé la question avec les stands trampolines, puis on en est venu à la conclusion que c'était prématuré. Là on va faire Montreuil, c'est la première année où on aura un stand. On a fait la Japan Expo, où c'était la première année, ça s'est très bien passé. On la refera sans doute l'année prochaine malgré le prix. Montreuil on va voir comment ça se passe.
Le Salon du Livre, je pense que c'est un beau salon, il y a plein de gens, mais c'est très cher. Il y a beaucoup d'éditeurs, nous c'est un investissement énorme parce que c'est encore une fois une semaine. Cela veut dire des jours de congés... C'est compliqué.
J'aime bien prendre des risques, mais pas tous en même temps. Il faut arriver à hiérarchiser, et l'argent que l'on mettrait dans le Salon du Livre de Paris, ça voudrait dire, si ça se passait mal, un livre de moins en collection. Je pense aussi que c'est prématuré.
Comme je le dis chaque année, je pense que l'année prochaine en 2011, ça sera plus pertinent. Le salon du livre c'est une communication, une renommée, c'est super mais je pense qu'aller trop vite c'est la meilleure façon de se planter. On avait pensé à le faire avec un autre éditeur, mais c'est compliqué aussi. On avait signé un contrat de distribution avec Actua Libria, qui a coulé apparemment entre temps. Il avait parlé de prendre un stand pour plusieurs, et ça pourquoi pas.
Surtout si ça nous permet de ne pas prendre de jours de congés. C'est ça le pire, déjà qu'on en a pas beaucoup, on en prend pas mal pour venir sur des salons. Si on est obligé d'en prendre une semaine complète, ça diminue. J'adore Mille saisons, mais j'ai besoin de faire un break de temps en temps.
Donc là justement, on a un petit salon sympa et tranquille. Vous avez fait la Japan Expo, où c'est assez monstrueux. Les bénéfices ne doivent pas être les mêmes non plus ? C'est un compromis entre des petits festivals puis des plus importants ?
Ah non, ça c'est sur. Ce qui se passe, c'est que les salons vraiment fantasy, à part les Imaginales et les Utopiales, c'est encore des salons qui sont confidentiels, où on fait peu de ventes. C'est aussi l'occasion de voir des gens que l'on apprécie.
On prend des nouvelles des uns des autres. On réfléchit à des grands trucs (sourire). On voit un peu les nouveautés de chacun. C'est agréable.
La Japan ce n'est pas du tout la même chose. Il n'y a pas 5 minutes, où tu ne vends pas, ou tu n'expliques pas les livres. Tu n'as pas le temps pour les gens, même les membres du forum qui passent sur le stand, ils nous voient débordé, ils nous aident à vendre.
Ce n'est pas du tout la même chose, là on a le temps. Il fait beau, on est dehors (l'interview a été réalisé en plein air), on entend de la musique. C'est sympa. On ne pourrait pas faire des salons comme ça toute l'année, ça voudrait dire pas suffisamment de rentrées d'argent pour financer d'autres parutions.
C'est bien de faire un peu de tout.
Merci beaucoup !

Interview réalisée par Oceliwin


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