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The Malevolent Seven

ISBN : 978-152942277-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Sébastien de Castell

Imaginez un magicien. Allez-y, fermez les yeux. Le voilà, vous le voyez ? Un vieux monsieur maigre avec une longue barbe hirsute. Il porte sans doute une robe de soie irisée qui ne protégerait pas son corps frêle d’une légère brise. Le chapeau est indispensable, lui aussi, n’est-ce pas ? Un grand chapeau mou, couvert de symboles ésotériques qui montreraient instantanément à tous les autres mages d’où il tire sa magie ? Il ne voudrait pas d’un simple casque en acier qui pourrait, vous savez, protéger la partie de son corps la plus utile à la conjuration des forces magiques contre les coups de masse (ou de n’importe quel objet ménager).
Maintenant, ouvrez les yeux et laissez-moi vous montrer à quoi ressemble un vrai mage de guerre… mais soyez prévenus : vous n’allez probablement pas aimer ça, parce que nous sommes des gens violents, colériques, dangereusement tordus, vendant leurs compétences au plus offrant, au mépris de toute considération morale ou éthique.
Du moins, jusqu’à ce que des concepts aussi irritants que l’amitié et la fin du monde s’interposent.
Je m’appelle Cade Ombra, et bien que je gagne actuellement ma vie en tant que mercenaire thaumaturge, j’avais auparavant un poste bien plus noble - jusqu’à ce que je découvre que les gens pour qui je travaillais n’étaient pas aussi nobles que je l’avais cru. Aujourd’hui, je suis en fuite et mon seul ami, un mage tonnerre meurtrier, m’a invité à le rejoindre dans une mission suicide contre les sept mages les plus meurtriers du continent.
Il est temps de recruter de vrais méchants pour nous aider dans cette tâche…

Critique

Par Luigi Brosse, le 27/07/2023

Sebastien de Castell est principalement connu en France pour son cycle jeunesse de l’Anti-Magicien (dont le premier tome a gagné le prix Elbakin.net 2018) et il a également une série adulte, Les Manteaux de gloire, dont seul le premier tome a été traduit. Point commun de ces deux séries, une certaine impression d’être dans les clous (sans que cela ne soit négatif) : du public, du marketing, des tendances… Et puis en face, arrive The Malevolent Seven, un livre “fuck you” comme le décrit l’auteur en interview.
L’auteur entend par là un livre qu’il a écrit pour lui-même, en réponse aux contraintes extérieures qu’il ressentait autour de sa créativité. Il a donc suivi ses envies, sans se préoccuper de savoir s’il plairait et sans intention de lui trouver un éditeur (ce qui est arrivé malgré tout). Cela donne un roman de sword and sorcery à l’ancienne dans son intrigue, mais avec un coté cru dans son ton (beaucoup de jurons, de passages graveleux, beaucoup de cynisme et de sarcasme, de la violence gratuite et graphique à foison). Ami lecteur, tu es prévenu, cela peut rebuter.
Néanmoins, le roman n’est pas que noirceur et n’a pas ce côté désespéré que l’on retrouve souvent en grimdark. Il y a beaucoup d’humour, de punchlines, de passages spirituels. À cela s’ajoute le fait que l’on suit l’histoire du point de vue des “méchants”, capable du pire mais aussi du meilleur. La quatrième de couverture, qui ressemble beaucoup à l’ouverture du livre, donne une assez bonne idée du ton adopté. On oscille donc en permanence entre un optimisme un peu comique et des passages dramatiques et gore. Le mélange est particulier, mais pour peu que vous appréciiez ces deux extrêmes, assez réussi.
À ce titre, notre (anti)héros en chef, Cade est symptomatique du roman. Roublard, grande gueule, avec un passé à la fois lumineux et trouble, on prend vraiment plaisir à aimer le détester. Sans être d’une originalité renversante, puisque la figure du méchant au compas moral faisant la girouette est bien établie à présent, il est cependant très réussi. De plus, étant la figure de proue du groupe / roman, il bénéficie de suffisamment d’exposition et d’épaisseur pour qu’on s’attache au personnage et à ses péripéties.
Le titre, le résumé, ainsi que la couverture ne s’en cachant pas, l’intrigue principale consiste à rassembler une équipe de 7 magiciens teigneux pour aller botter le cul à l’équipe des gentils d’en-face. L’hommage au Sept Samouraïs / Mercenaires est évidemment voulu et assumé. On notera d’ailleurs que la phase de recrutement du groupe s’étend sur presque tout le roman. Mais De Castell est suffisamment habile pour éviter un scénario trop classique, il nous emporte à cent à l’heure, multiplie les contrepieds et les détours, ce qui fait que l’on hésite pendant longtemps sur qui en est… ou pas. C’est distrayant, énervé et assez divertissant, et ça tient plutôt bien la durée.
Néanmoins, ces retournements continus finissent par se faire au détriment des personnages et de la construction du monde (dont on ne saura au final presque rien – si ce n’est le système de magie sur lequel on reviendra ci-dessous). Pour ce qui est des personnages, la dernière moitié du groupe manque clairement d’épaisseur. Chacun a bien sûr son petit truc, mais cela fait un peu artificiel et / ou s’appuie trop sur des stéréotypes. Légitimement, on peut se demander si le roman n’aurait pas bénéficier d’un nombre plus réduit de seconds couteaux. Deux (sur trois) des personnages “féminins” sont clairement desservis par cette course en avant, et trop facilement oubliables.
L’univers se résume à quelques châteaux et villages génériques, ainsi qu’à un canal. C’est un rien pauvre même si c’est en partie compensé par un système de magie robuste et plutôt bien exploréEncore heureux me direz-vous, vu que nos héros sont des magiciens. Ces derniers sont nés avec la capacité d’interagir avec différents plans, dont ils tirent leurs pouvoirs. Ça n’est pas nouveau en soit, mais c’est solidement construit et l’auteur ajoute un petit twist plutôt sympa en ajoutant deux dimensions contenant respectivement l’enfer et le paradis. Cade, en tant que vilain bien vilain, utilise évidement des sortilèges provenant du côté obscur, ce qui n’est pas sans risque, on s’en doute. Clairement, la magie est un point fort du roman.
Tout cela nous emmène en direction de la fin du roman qui est sans doute le moment où les coutures se font les plus grossières. On l’a dit le roman est assez précipité dans son ensemble, avec les conséquences dont on a parlé. Dans la continuité du récit, cela aurait pu justifier une fin frénétique, pour peu qu’elle close cette aventure, finalement assez distrayante. J’étais d’ailleurs convaincu qu’il s’agissait d’un roman unique jusqu’aux toutes dernières pages. Las, il n’y a guère de doutes que De Castell entend embrayer avec une suite.
C’est sans doute cela que l’on retiendra en conclusion de ce premier tome. Si The Malevolent Seven s’était cantonné à un tome unique, on aurait pu fermer les yeux sur certains aspects un peu légers et ne retenir que ce qui marche bien : le rythme, la magie, quelques chouettes personnages. Une lecture légère, rapide et sans prétention. Mais à l’aune d’une série, cela aurait mérité quelques pages en plus, ne serait-ce que pour assurer des bases plus solides pour le tome suivant et allécher le lecteur.

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