Roman, manga, dessin animé, film l'an passé...
C'est peu de dire que l'oeuvre de Fûtarô Yamada a inspiré nombre de déclinaisons ! Mais voici celle à l'origine de toutes les autres, le roman.
Si, contrairement à Tigre & Dragon, ce roman est officiellement classé en fantasy par l'éditeur, là encore, il ne faut pas s'attendre à de la fantasy façon Guin Saga ou Chroniques de la Guerre de Lodoss, pour demeurer dans le domaine asiatique. Nous nous retrouvons en fait avec des groupes de ninjas dotés de techniques et de capacités sortant de l'ordinaire, mais qui ne semblent surprendre personne, comme si se dissoudre ou disposer d'une haleine mortelle était du tout-venant.
Pour le reste, l'ouvrage lorgne ouvertement sur Roméo et Juliette, du début jusqu'à la fin tragique, pas de surprise à ce niveau. Pris au piège de puissances qui les dépassent, les deux amants vont voir leur clan s'entre-déchirer au fil des pages, pour des combats de plus en plus ébouriffants et surtout tragiques, avec une montée crescendo de la tension.
Le style de l'auteur est sec, tendu, assez moderne dans son vocabulaire et sa mise en scène de l'action, dans un roman nettement moins dépaysant que Tigre & Dragon sur ce plan-là. Et si jamais vous êtes lectrice ou lecteur du manga Basilisk publié par Kurokawa, ne cherchez pas de réelle nouveauté dans le roman. Sa déclinaison manga n'oublie rien et se montre très fidèle au matériau originel, la dimension graphique, volontiers outrancière, en prime.
De fait, à choisir entre les différents supports, on pourra volontiers hésiter selon que l'on préfère roman, bande dessinée, ou long-métrage, chacun apportant un petit plus par rapport aux autres. Toutefois, n'est pas Shakespeare qui veut, et une chose est sûre, ce n'est pas la peine de vous retrouver avec toutes les versions possibles et imaginables d'une histoire qui, si le tragique et l'émotion n'en sont pas absents, offre pour fil conducteur principal une plongée en apnée dans le sang et les lames.
— Gillossen