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Pomegranates

ISBN : 978-178636875-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Priya Sharma

Pomegranates est un conte dystopique, où le changement climatique sert de toile de fond trop réelle aux événements de la novella. Perséphone est aux Enfers, racontant l’histoire de sa famille à un humain qui y a trouvé son chemin. Au fur et à mesure que les événements se déroulent et que nous voyons l’horreur que sa colère a déclenchée sur le monde, nous sommes attirés de plus en plus profondément au cœur de cette histoire étonnante. L’auteure a brossé un tableau saisissant où les répercussions d’une famille dysfonctionnelle ont conduit au déclin du monde. Et quelle famille que celle des dieux eux-mêmes, qui sont en train de tous nous détruire !

Critique

Par Luigi Brosse, le 25/03/2024

Pomegranates (soit Grenades, un titre dont les deux sens français sont pertinents) pourrait se résumer en une réécriture très XXIe siècle du mythe de Perséphone, avec ce que cela implique de changement climatique et de lutte contre le patriarcat. Cela a valu notamment à la novella d’être récompensée par le World Fantasy award en 2023 et d’ajouter un nouveau prix à la carrière de novelliste de Priya Sharma. En France, on ne connait malheureusement d’elle qu’Ormeshadow, paru dans la collection Une Heure Lumière au Belial. Et on verrait tout aussi bien Pomegranates y être un jour publié.
Les mythes grecs ont toujours la cote en fantasy, et même s’ils ne sont pas aussi systémiques que le moyen-âge occidental, on ne compte plus les œuvres s’inspirant de cette matière pour la transformer de différentes façons, que ce soit en mettant l’accent sur les aspects magiques ou le bestiaire, voire en réimaginant un scénario antique. Pomegranates relève de cette dernière catégorie, tout en maltraitant jusqu’à le briser ce cadre qui pourrait, de prime abord, sembler classique.
Fondamentalement, la novella est féministe. Les femmes y sont au cœur de l’histoire et ce sont leurs voix que l’auteur veut faire résonner, voire veut restaurer si l’on considère le patriarcat qui dominait la culture grecque. En même temps, l’histoire de Perséphone est transposée dans un monde moderne pour tout à la fois mettre en exergue les dysfonctionnements actuels (le patriarcat continue), leurs conséquences (les tragédies et la souffrance d’hier comme d’aujourd’hui) et offrir également une figure puissante, capable de prendre en main son propre destin.
Pour retranscrire tout cela, Priya Sharma utilise un ton bien particulier qui lorgne parfois du coté de l’épouvante, voire du malsain (tout comme Ormeshadow, mais en pire). C’est totalement logique si l’on considère que l’on aborde de sombres histoires familiales, où les secrets et traumas sont nombreux. Si bien souvent la fantasy est pleine d’émerveillement et de magie, très romantique voire aseptisée dans sa vision du monde, nous sommes ici clairement dans l’optique inverse. L’auteure ne nous épargnera ni les viols, ni la violence (envers les femmes) qui se cache derrière ces mythes. C’est un texte très dur (vous êtes prévenus).
La mise en scène est également particulière, disjointe, pleine de fractures, à l’image des trois personnages que l’on va suivre : Perséphone, reine des enfers, après qu’Hadès soit décédé, sa mère Demeter, recueillie dans un hôpital psychiatrique et le Dr. A. Ursa, responsable de la banque de semences mondiale, tentant de préserver un hypothétique printemps, tout en échappant à un hiver « nucléaire ». L’auteure procède par petites touches, ne révélant pas tout et nous laissant relier les graines semées pour enfin recréer le tableau final de cette tragédie en cours. Même si sujet est difficile, la réalisation est très recherchée et réussie.
Pour conclure, Pomegrenates est une novella marquante, voire qui risque de vous hanter pendant un moment. Sharma a un réel talent pour l’évocation, le tout avec très peu de mots, choisis habilement et soigneusement assemblés. Le texte est court et suffisamment « entrainant » pour envisager une lecture en une fois. Cependant, le ton âpre et le sujet fait qu’il est sans doute souhaitable de le lire plus lentement. On ajoutera également que la fin se termine sur une lueur d’espoir, qui démontre que la souffrance peut, au moins en partie, se guérir.

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