Vous êtes ici : Page d'accueil > Fantasy > Romans Fantasy > Les Conjurés de Florence


Les Conjurés de Florence

Titre VO: Pasquale's angels

ISBN : 978-207030286-4
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Paul McAuley

Florence, au tout début du XVIème siècle. Une Florence bien différente de celle qu’évoquent nos livres d’histoire : Léonard de Vinci a renoncé à la peinture pour donner vie aux machines qu’il dessinait dans ses carnets et l’Italie de la Renaissance connaît déjà sa révolution industrielle. La perle de la Toscane reste cependant la ville des grands peintres, des grands architectes, des fêtes… et des intrigues sophistiquées, des morts mystérieuses. Comme celle de Raphaël et de son assistant. Qui est à l’origine de ces meurtres ? Pour quel enjeu ? Sur fond de rivalité entre l’Italie et l’Espagne et de rébellion savonaroliste, Pasquale, jeune peintre apprenti, mène l’enquète en compagnie de Machiavel, journaliste à la Gazette de Florence, qui joue les Sherlock Holmes avant la lettre…

Critique

Par Cyrion, le 29/03/2005

Et une uchronie de plus, pourrait-on dire, tant ces derniers temps semblent fertiles en ouvrage de ce type, de la traduction de la Roma Aeterna de Silverberg à la Vénus anatomique de Mauméjean, sans oublier La lune n’est pas pour nous de Héliot. Ici donc, c’est à Florence que se produit la rupture avec notre réalité : Léonard de Vinci a abandonné la peinture pour se consacrer à la technologie… et la Renaissance n’est plus l’avènement des peintres et des sculpteurs, mais celui des mathématiciens et des artificiers.
Ce cadre est propice à la narration de deux histoires entrelacées : la première, celle qui est mentionnée dans la quatrième de couverture, est une intrigue complexe, mêlant empoisonnements, espionnage, trafics d’influence et rituels sataniques au coeur de Florence au moment de l’arrivée du Pape, tandis que l’Espagne et les fanatiques savonarolistes attendent leur heure dans l’ombre. Pasquale et Machiavel, reprenant le couple classique de l’enquêteur expérimenté et de son compagnon naïf progressivement initié aux subtilités des intrigues, se trouvent bientôt entraînés dans une machination qui les dépasse.
Mais l’auteur nous conte également la façon dont Pasquale cherche à réaliser son chef d’œuvre : peindre un ange, d’une façon bien différente de celle de ses contemporains. Cette quête initiatique est au cœur du roman, comme le souligne d’ailleurs le titre original de l’œuvre : Pasquale’s Angel.
Et le héros, pour atteindre cet objectif, va devoir emprunter les sentiers ésotériques des chamans d’Amérique du Nord. On peut légitimement se demander si ce texte appartient réellement à la fantasy, et je dois avouer que cette interrogation perdure pendant une longue partie du récit : car si bien des évènements apparaissent d’origine surnaturels aux héros et leur font croire à la sorcellerie, le lecteur parvient souvent à leur trouver une explication rationnelle. Cependant, au fur et à mesure que Pasquale progresse dans sa quête de l’Ange, un autre type de magie, liée cette fois-ci aux coutumes des indiens d’Amérique, s’installe dans le récit.
Du point de vue stylistique, on peut regretter que les deux intrigues ne soient pas plus étroitement entrelacées. Certes, Pasquale comprend de plus en plus précisément comment peindre son Ange alors que son enquête l’emmène de plus en plus profondément dans les intrigues de Florence. Mais on a souvent l’impression que le lien entre les deux est quelque peu artificiel.
Par contre, les intrigues en elles-mêmes sont passionnantes et le lecteur suit avec passion les démêlés de Pasquale avec les nombreux personnages qui émaillent le roman : Raphaël, Michel-Ange, Machiavel (dont l’intelligence et le cynisme sont bien dignes de l’auteur du Prince, même si le personnage est bien plus sympathique que l’on pourrait le croire), Copernic et, bien sûr, Léonard de Vinci. Le style est remarquable, et l’auteur semble vouloir décrire chaque scène avec la précision d’un artificier et le sens de la composition d’un peintre, ce qui nous plonge avec aisance dans cette Florence uchronique.
A noter également que le texte est suivi d’une nouvelle, La Tentation du Dr Stein, située dans le même univers mais dont l’action se déroule dix ans auparavant, et qui nous conte la façon dont un médecin juif de Venise, le Dr Stein, enquête sur un mystérieux médecin qui serait capable de ramener les morts à la vie. Référence à Frankenstein et au Golem, ce texte, lauréat du British Fantasy Award, est une excellente addition au roman.

8.0/10

Discuter de Les Conjurés de Florence sur le forum.



Auteur


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :