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Le Livre de M
Titre VO: The Book of M
Catégorie : Aucune
Traduction : Homassel, Anne-Sylvie
Auteur/Autrice : Shepherd, Peng
Que seriez-vous prêt à sacrifier pour vous souvenir ?
Un jour, en Inde, un homme perd son ombre – un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.
En se cachant dans un hôtel abandonné au fond des bois, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu’ils l’ont connu. Leur nouvelle vie semble presque normale, jusqu’au jour où l’ombre de Max disparaît…
Critique
Par Gillossen, le 12/06/2020
Lire un roman comme Le Livre de M en pleine sortie de confinement a quelque chose d’assez étrange, puisqu’il est question, en partie… d’une épidémie justement. Alors, bien sûr, la situation s’avère beaucoup plus grave dans le cadre du premier roman de Peng Shepherd.
Pendant un certain temps, je dois bien admettre que j’ai oscillé entre deux impressions diffuses. La dominante étant celle d’avoir affaire à un récit finalement très classique dans le domaine du “post-apo” : on suit en effet différents groupes de personnages (ou un personnage précis, selon les chapitres), on assiste à des scènes de villes désertes, de fuite, à des moments de tension quand on croise d’autres groupes, les rumeurs les plus diverses se répandent dans un monde en pleine décomposition, on découvre l’émergence de mouvements sectaires ou de milices… Tout cela, c’est du vu et revu, il faut bien le dire. Si vous ajoutez à cela une évolution de l’intrigue que l’on voit venir assez vite, du moins dans un premier temps… Il y a de quoi rester quelque peu circonspect.
Une fois ce constat posé, on peut au moins reconnaître à l’autrice le fait de ne pas tomber dans la surenchère ou les rebondissements quelque peu putassiers. Mais c’est peut-être car elle sait maintenir une certaine distance (c’est de saison !) entre ses personnages et nous, sauf que pendant longtemps, là encore, on a bien du mal à s’attacher à eux, voire à éprouver une réelle émotion face à leur destin, en dehors de Max et Ory, largement mis en avant. Le contexte paraît presque d’autant plus “accessoire” que le plus intéressant concerne clairement tout ce qui touche aux réflexions sur la mémoire, l’identité, la définition même d’une relation entre deux êtres.
Alors, finalement, que s’est-il passé pour moi en cours de route ? Eh bien, la page 500 est arrivée. Oui, 500 sur 580. Nul doute que pour d’autres lecteurs, le déclic aura lieu avant. Dans mon cas, j’ai tout de même dû attendre d’arriver à la fin de l’histoire, avec LA révélation du livre, pour me sentir véritablement impliqué. Et l’ambivalence de me saisir de nouveau : je ne saurais dire si j’aurais en réalité voulu que le concept développé à partir de là soit exploité (en oubliant tout le reste) le temps d’une “simple” nouvelle ou novella, sur 50 à 80 pages disons, ou si parvenu à la fin, j’aurais volontiers poursuivi ma lecture deux cents pages de plus. Une sensation très étrange. Mais le final, notamment la très courte cinquième partie du roman, s’avère à la fois déchirant et tout en retenue, avec un “twist” tout sauf inutile.
Si vous souhaitez en revanche des réponses, quant à savoir le pourquoi du comment de la disparition des ombres, de l’Oubli, il ne faut pas y compter. Mais c’est aussi ce qui permet de classer le roman en fantastique voire en réalisme magique, plutôt qu’avec les innombrables récits de zombies et autres avatars du même acabit. La prose de Peng Shepherd, sobre, s’offre quant à elle de temps à autre quelques jolis instantanés au détour d’une phrase, pris sur le vif d’une émotion enfin palpable.
Si ce roman ne se révèle pas à proprement parler un coup de cœur - on “voit” presque l’autrice progresser au fil d’une bonne moitié de l’ouvrage, qui aurait donc, peut-être, mérité d’être plus ramassé - le final, et ses implications, ont su inverser une tendance longtemps mitigée, à titre personnel.
Je suis ainsi très curieux de savoir ce que Peng Shepherd nous réserve pour la suite !
7.5/10
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