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La tour des fous

Tome 1 du cycle : La trilogie Hussite
ISBN : 979-102812100-6
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Andrzej Sapkowski
Traduction : Waleryszak, Lydia

La fin du monde ne survint pas en l’an de grâce 1420. Pourtant, bien des signes l’avaient présagée.
Les sombres prophéties des chiliastes ne s’accomplirent pas. Ils avaient annoncé la fin des temps avec précision : en février de l’an 1420, le lundi suivant la Sainte-Scolastique. Mais voilà… le lundi passa, vint le mardi puis le mercredi… et rien. Le Temps du Châtiment et de la Vengeance précédant la venue du royaume de Dieu n’advint pas.
Mais, pour sûr, on ne s’ennuyait point !
C’est ce que pensait Reinmar von Bielau, surnommé Reynevan, un savant herboriste lié aux puissants de l’époque, espion et magicien à ses heures. Ce jeune homme, épris de la belle et fougueuse Adèle, l’épouse d’un seigneur silésien vivait des moments de passion inoubliables. Jusqu’au jour où les amants furent surpris par les frères du mari trompé.
Ce fut le début des ennuis pour Reynevan…

Critique

Par Belgarion, le 27/12/2020

Le nom d’Andrzej Sapkowski n’est pas inconnu pour l’immense communauté des fans de The Witcher, que ce soit via les livres, la série, les bandes dessinées et surtout les jeux vidéo. Mais cet auteur prolifique a su ici se détacher de son univers phare en initiant une trilogie historique mâtinée de fantasy. 
Le premier tome de La trilogie hussite, La tour des fous, prend place dans une Bohème à feu et à sang au début du XVème siècle. Ce petit coin d’Europe centrale, abondamment détaillé par l’auteur, voit les différentes puissances régionales déchirées entre des intérêts contraires et confrontées à un mouvement religieux réformateur exponentiel parti de République Tchèque qui condamnait les excès du catholicisme tout en prônant un principe d’égalité allant à l’encontre de l’ordre établi. La révolte hussite a duré de 1415 à 1436 et a donné lieu à plusieurs croisades des seigneurs catholiques contre l’hérésie ainsi qu’un blocus important autour de Prague. Toutefois, à l’inverse des croisades albigeoises, les croisades contre les hussites furent des échecs qui aboutirent à des accords de paix favorables aux hussites modérés. 
C’est dans ce contexte géopolitique complexe, dans un monde sombre et sans concessions qui n’est pas sans rappeler par moment The Witcher justement, que le lecteur s’attache aux pas du jeune mage et médecin Reinmar de Bielau dont l’histoire personnelle va rencontrer l’Histoire. Abondamment travaillé et documenté, le cadre de vie de l’époque et les aspects politiques et religieux de la Bohème favorisent l’immersion du lecteur, qui découvre un pan peu connu du lecteur d’Europe occidentale. Le roman est toutefois exigeant et demandera une importante concentration au début pour s’y retrouver entre les nombreux passages en latin et les noms de personnages historiques et de lieu à consonnance polonaise, tchèque et allemande. 
A côté du décors historique, l’aspect fantasy apparaît par petites touches, avant de devenir plus présent et de s’intégrer dans les graines du conflit en devenir. Les mages, sorcières et peuples anciens doivent ainsi se cacher à la fois de l’Inquisition omniprésente mais aussi des sympathisants hussites qui ne sont pas plus favorables aux “diableries”. 
Andrzej Sapkowski conserve l’humour froid, le ton ironique et sa vision désabusée du monde qui génèrent cette ambiance si particulière qui a fait le succès de la narration de The Witcher. Son style de narration sarcastique se retrouve jusque dans les titres et leurs intitulés qui rappellent le format des romans chevaleresques de l’époque.
 Tout n’est pas parfait pour autant. Ce premier tome ambitieux aux accents picaresques à travers les aventures et déconvenues de Reinmar souffre de quelques problèmes de rythme, avec des passages plus monotones. L’humour à froid de l’auteur évoqué plus haut tombe aussi parfois à plat. De même, le personnage principal, un jouvenceau idéaliste qui réfléchit peu aux conséquences et s’engage systématiquement dans les pires situations, peine à s’attirer l’empathie du lecteur qui trouvera plus d’intérêt dans certains personnages secondaires complexes comme Charley ou Urban Horn. 
Véritable plongée dans une Europe centrale médiévale en pleine guerre de religion, jouant avec les évènements historiques, la magie et les éléments du roman d’aventure, la tour des fous révèle sa complexité et son intérêt au fil des pages. Ce premier volume exigeant devrait plaire aussi bien aux amoureux du style de l’auteur, qu’aux lecteurs attirés par la fantasy historique et l’uchronie. 

7.0/10

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