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L'Eveil des chimères

ISBN : 979-109727002-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Éric Amon (Proposer une Biographie)

Qui a dit que les monstres n’avaient pas d’âme ?
Dans un monde dominé par les humains, où la magie est à peine plus qu’un soupir, les créatures mythiques de l’ancien temps (sphinx, minotaure, manticore, hydre, faune…) essaient tant bien que mal d’exister.
Dans cet univers imaginaire et extraordinaire, quand elles ne sont pas simplement considérées comme de pures fictions, elles passent désormais aux yeux des hommes pour des monstres.
Le sont-elles toutes vraiment ?

Critique

Par Erkekjetter, le 26/11/2017

L’éveil des chimères est le premier roman de son auteur, il s’agit d’ailleurs plus d’un recueil de nouvelles liées entre elles que d’un roman à proprement parler (une table des matières et une reprise des titres en en-tête auraient été bienvenues pour faciliter la « navigation »). La structure alterne des nouvelles de plusieurs pages, centrées sur une créature ou un événement, et des textes d’une page, qui concernent un seul et même personnage dont on sait très peu de choses. La dernière nouvelle, avant l’épilogue, lui est consacrée et permet d’en apprendre davantage.
Les premières pages du recueil sont d’un abord un peu étrange et il est plutôt difficile de rentrer « dedans » : le rythme est lent et contemplatif, et l’écriture tend au poético-philosophique, en plus d’un niveau de langage soutenu. Ce n’est pas un mal en soi mais cela tourne vite court dans le cas qui nous occupe : l’effet rendu tient plus du verbeux et du grandiloquent, au point d’en devenir relativement maladroit, et certaines tournures ne font qu’alourdir inutilement le propos (l’auteur donne parfois l’impression de se perdre dans la contemplation de circonvolutions littéraires). Il y a d’ailleurs assez peu de variations dans le ton des premiers textes, et l’on passe d’un personnage à l’autre sans parvenir à leur associer une voix propre.
L’auteur se fend de nombreuses descriptions et accumulations de détails qui semblent être placées là pour temporiser le propos et ralentir le rythme. Il utilise souvent des énumérations de très courtes phrases mises à la suite, mais il y en a trop, au point d’occuper parfois plus d’une demi-page, et cela n’apporte finalement pas grand-chose au texte, sinon des longueurs, en plus de se révéler vite lassant. Le procédé aurait gagné à être utiliser de façon plus parcimonieuse. Côté écriture toujours, il arrive que l’on passe brusquement, au sein d’une même nouvelle, d’une narration au passé à un combat relaté au présent, sans raison particulière sinon une probable volonté de dynamiser le récit. Malheureusement, ça ne fonctionne pas très bien, et c’est plus perturbant qu’autre chose. Autre choix curieux, à mon sens, celui de parler des gorgones sous le terme « méduses » et l’utilisation répétée de la formule « ci et là », plutôt que « ça et là ». Quelques coquilles persistent et certains aspects ne sont pas unifiés sur la totalité du texte : il est ainsi question d’une chef de bande qui se voit désignée par « le chef, il » dans une nouvelle, puis « la chef » dans une autre. Rien de rédhibitoire néanmoins.
Le texte dans son ensemble n’est pas exempt d’humour et de jeux de mots, plutôt bienvenus, qui font contrepoids aux aspects empesés. Néanmoins, quelques répétitions auraient pu être évitées… les blagues et comparaisons tournant autour des pets, sans se compter par légions et sans être trop lourdes, s’avèrent tout de même lassantes à la longue.
Malgré tout, il y a de bonnes idées dans ce recueil, notamment autour de la Confrérie des Effraies, de la Guilde des Conteurs et de la Tour Vorpale, qui donnent envie d’en apprendre plus. Evoquant l’Antiquité et le haut Moyen Age, l’univers développé est intéressant et invite à l’exploration, mais il aurait peut-être gagné à être exploité dans une forme quelque peu différente. Pour moi, trois axes principaux émergent du recueil – en gros : la situation actuelle des Chimères, les actions de la Confrérie et le cheminement du personnage des textes d’une page – et chacun de ces axes aurait pu faire l’objet d’un plus ample développement, voire d’un recueil à part.
Tel qu’il est rédigé, L’éveil des chimères s’avère très inégal et aurait gagné à être épuré. Après un début pompeux, le texte peine à décoller, puis s’améliore sensiblement à partir de la nouvelle « Silence » avant d’entamer une sorte de montée en puissance qui se poursuit avec « Le jour où le cœur de Lescinq s’arrêta » et atteint son paroxysme dans « Les violons de Roncegorge », la meilleure du recueil. Les récits qui la suivent offrent un peu plus de variété dans leur construction : « Difforme » adopte un point de vue particulier, « Gnosse en ses méandres » raconte plusieurs périodes de vie entremêlées, « La Sentence » relate un procès à la façon d’une pièce de théâtre, « Derrière la bouche d’ombre » et « Au-delà presque l’horizon » tiennent du récit d’expédition. Les nouvelles consacrées à la Confrérie des Effraies, ainsi que « Au-delà presque l’horizon » et « Le jour où le cœur de Lescinq s’arrêta », demeurent cependant les plus intéressantes. Il y a globalement de bons éléments, mais l’essai n’est pas tout à fait transformé, même s’il suscite une réelle curiosité envers cet univers.

6.0/10

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