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Grendel
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : John Gardner (Proposer une Biographie)
« Le Grendel de John Gardner est à la saga de Beowulf ce que l’Ulysse de James Joyce est à L’Odyssée d’Homère. Dans les deux cas, il s’agit d’une complète trahison. Cette violence faite au texte original n’est rendue possible que par une claire compréhension de l’œuvre, et se justifie par un impératif supérieur, celui de la création littéraire. Chez John Gardner, l’acte de réécriture se double d’une dette jamais acquittée à l’égard de son frère dont il est le meurtrier. » Xavier Mauméjean.
Grendel, qui narre l’épopée de Beowulf du point de vue du monstre, s’est imposé en moins de quarante ans comme un des grands classiques de la fantasy anglo-saxonne. Court, brutal, d’un humour ravageur, ce conte philosophique frappe le lecteur avec la force d’une comète, dans l’éblouissement.
Critique
Par Gillossen, le 25/01/2011
Présenté comme une relecture de la légende de Beowulf du point de vue du monstre, salué par la critique dès sa parution, étudié depuis plus de trente ans, le roman de John Gardner se situe à la croisée des genres, à la fois récit de fantasy épique, par essence populaire, et texte d’une exigence à la hauteur de celle de son auteur.
Grendel est-il seulement la némésis du héros, un héros dont le nom ne sera jamais cité, et qui donne l’impression de rester perpétuellement en arrière-plan ? Grendel est avant tout un être solitaire, perpétuellement déchiré entre l’intérêt qu’il porte aux hommes, pas si différents de lui, et la haine qu’il voue à leur race.
Nourri de symbolisme et par l’érudition de l’auteur, ce récit découpé en 12 chapitres, comme autant d’années passées à lutter contre les hommes sans répit, est tout autant le témoignage d’une créature désabusée par sa propre existence qu’exaspérée par le monde. Puissamment évocatrice, la plume de l’auteur est sèche, brute, sans fioriture. Grendel est rongé par un mal que la mort elle-même ne semble pas pouvoir briser.
C’est un narrateur cynique qui nous crache au visage son histoire et nous sommes bien entendu très loin d’un récit lisse et convenu mais bien devant un témoignage fiévreux. Mais au-delà de l’objet littéraire, de ses partis pris découlant de cette volonté de renverser l’histoire, des parallèles entre l’auteur et sa créature (John Gardner a accidentellement tué son frère à l’âge de 12 ans et sembla toute sa vie lancé dans une quête de l’autre, y compris dans le conflit, comme l’explique Xavier Mauméjean dans une postface foisonnante) c’est bel et bien un grand roman qui nous est ici offert. Grand et singulier, aussi bien dans la forme (la narration à la première personne et le vocabulaire employé surprennent parfois) que sur le fond donc. Difficile parfois de mettre des mots sur un ouvrage de cet ordre. Le lire sera fatalement plus explicite et personnel que n’importe quelle chronique.
En conclusion, saluons évidemment cette publication Lunes d’Encre, qui débute l’année par un roman à l’impact inversement proportionnel à son nombre de pages.
8.0/10
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