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Eltonsbrody

ISBN : 978-249050102-1
Catégorie : Aucune
Traduction : Kuntzer Benjamin
Auteur/Autrice : Mittelholzer, Edgar

À son arrivée sur l’île de la Barbade, un jeune peintre est accueilli dans une saisissante demeure : Eltonsbrody.
Bordée par la mer et entourée d’une végétation luxuriante, la maison semble sortie d’un songe. Mais peu à peu, la beauté s’effrite. Est-ce le bruit du vent ou celui des âmes qui y rend le repos impossible ? Ou, peut-être, s’agit-il des tourments de la propriétaire des lieux ?

Critique

Par Gillossen, le 07/06/2020

Edgar Mittelholzer est un auteur restant pour le moins méconnu. Métis, il connut un parcours difficile (imaginez les exemplaires de votre premier roman partir en fumée dans un bombardement allemand, entre autres écueils…) avant d’être découvert par le mari de Virginia Woolf, ce qui n’empêcha pas son infortune de le poursuivre, y compris du fait de sa nature même de métis. Divorce, dépression, questionnements identitaires, réputation d’être un auteur difficile, refus d’éditeurs… L’auteur finira par se suicider en 1965. Voilà donc un cheminement torturé, à l’image d’ailleurs de son Eltonsbrody. L’île de la Barbade dans les années 50, voilà qui interpelle tout de suite le lecteur : pour un récit de “maison hantée”, nous sommes très loin de l’Angleterre ou des Etats-Unis. Et pourtant, l’histoire de ce jeune peintre - Woodsley, pas spécialement charismatique ou attachant, mais comme souvent dans ce genre de récits, où l’essentiel n’est pas centré sur le narrateur - accueilli dans cette pension le temps de son séjour sur l’île démarre de façon on ne peut plus classique, avec une gérante au comportement étrange, une foule de seconds rôles qui le sont tout autant, et des sensations qui le sont encore plus, en explorant une demeure en partie condamnée suite à la mort de l’époux de Mme Scaife. Pendant une bonne moitié du récit, on se dit que l’on a déjà vu tout cela très souvent ; que le tout justement est plutôt bien mené, mais pas particulièrement haletant, ou disons impressionnant, marqué, pour ce qui est de l’atmosphère. Le lecteur se sent très vite en terrain connu, et on serait presque tenté de poursuivre d’un œil distrait.  En fait, Eltonsbrody fonctionne mieux quand Mittelholzer fait un pas de côté par rapport à nos attentes : un nouveau personnage entre en scène. La logeuse de notre héros reconnaît sans détour être d’une nature profondément mauvaise, tout en conservant ses secrets. Le mystère s’épaissit et devient enfin inquiétant, alors que le fantastique s’assume pleinement. Dès lors, sans nous serrer la gorge, sans vraiment nous nouer les entrailles, Eltonsbrody livre au lecteur plusieurs passages glaçants, évoquant en effet volontiers Lovecraft ou Poe, même si l’on aurait pu imaginer - à tort ? - une ambiance plus poisseuse encore. La dimension fantastique du récit fonctionne en tout cas de façon implacable, sans esbroufe mais pour le coup froide et précise, incarnée par la vénéneuse Mme Scaife, dont l’ambivalence et l’impression de malaise diffus l’entourant fonctionnent à plein. Et c’est ainsi que l’on achève notre découverte sur une bonne note, si l’on peut dire, étant donné l’épilogue du récit. Cette vieille bâtisse se révèle-t-elle capable de faire “imploser le réel” comme le mentionne la quatrième de couverture ? En tout cas, on comprend aisément qu’elle puisse venir à bout de l’homme ou de la femme aux nerfs les plus solides qui soient. 
S’il ne s’agit pas d’un chef-d’oeuvre injustement oublié, Eltonsbrody mérite toutefois sans aucun doute que l’on se penche dessus et on peut saluer bien bas le travail des éditions du Typhon pour l’occasion. 

7.0/10

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