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Corbellâme

ISBN : 978-222639678-5
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Bannen Megan
Traduction : Chartres Cécile

Gelya est un « vaisseau ».
Elle a été choisie pour servir le Dieu du royaume de Rosvenia. Sa vie, son corps ne lui appartiennent plus. Sa liberté est le prix à payer pour son statut. Lorsque Gelya comprend qu’elle est manipulée par sa foi, elle décide de fuir. Dès lors, elle s’associe avec un jeune soldat ennemi du nom de Tavik. Mais tous deux ignorent qu’en défiant le système, ils vont provoquer la colère d’une entité avide de pouvoir et de chaos…

Critique

Par Aerendhyl, le 28/07/2023

Il est assez rare pour le souligner, mais le synopsis sur la quatrième de couverture n’est pas à la hauteur du roman que l’on s’apprête à lire, avec cette impression que l’on va se retrouver avec une énième intrigue où un énième héros va défier une énième fois le système établi…
Passez outre ce résumé et laissez-vous plutôt enchanter par cette magnifique couverture qui est, elle, digne de cette histoire.
Corbellâme est bien plus qu’une lutte contre un système, il s’agit surtout d’une lutte interne contre soi-même, contre tous les piliers de notre vie. C’est un combat perpétuel pour distinguer le vrai du faux, se rendre compte de ses erreurs et accepter que sa vérité n’est pas forcément l’unique vérité.
Nous retrouvons donc Gelya qui, par un jeu de lutte religieuse entre les deux entités les plus importantes de ce monde, se retrouve à subir son destin. Un destin qui va à l’encontre de toutes ses croyances. Corbellâme est un jeu de piste où le lecteur suit le raisonnement de l’héroïne sur ce qu’elle doit faire ou ne pas faire.
Doit-elle retourner vers sa foi qui ne l’a jamais « trahi » ? Ou suivre le jeune Tarik, membre d’une caste religieuse différente, présenté comme l’ennemi depuis sa naissance mais qui lui a sauvé la vie ?
Que croire ? Que faire ? Surtout quand son propre rôle attribué à cette intrigue ne correspond pas à celui pour lequel elle a été formée et éduquée depuis son sauvetage, jeune enfant, par l’un des hommes les plus importants du Père, la religion envers laquelle ses prières vont ?
Corbellâme réussit à aborder le thème de la religion sans chercher à prendre l’un ou l’autre des différents partis. On comprend qu’il s’agit avant tout d’une question de choix, de croyance et surtout de conscience de sa propre foi. L’autrice réussit le pari de démontrer – sans dénigrer – que l’on peut se tromper sur ce qu’on croyait être une vérité absolue. Qu’il suffit, par moment, d’aborder sa croyance d’une autre manière pour la comprendre différemment. Qu’il n’y pas de bonne ou de mauvaise religion mais surtout de mauvais croyants.
C’est un thème très sensible qui est traité avec brio, un thème trop peu abordé et qui refait, pourtant, de plus en plus surface de nos jours.
Megan Bannen l’aborde en construisant un monde et un background crédible dont elle prend le temps, au début du roman, de poser chaque fondation. Le démarrage peut sembler poussif sans que l’on comprenne où nous mettons les pieds : un couvent reclus sur lui-même, aux règles strictes où l’héroïne semble, déjà, se chercher d’une certaine façon. L’arrivée d’un prisonnier nous permet d’appréhender les différents enjeux du roman et tout faire basculer. C’est la vision de deux mondes, de deux sociétés, de deux religions qui viennent s’opposer et s’affronter. On comprend que cela fait plusieurs siècles qu’il en est ainsi. Chacun ayant peur de l’autre, de sa façon de croire.
La plume et l’intrigue sont maîtrisées. Sachant jouer avec habilité des temps plus calmes pour faire avancer les relations entre ses deux héros, l’auteur nous dépeint une relation plus complexe qu’il n’y paraît, toujours avec ce jeu de découverte, de raison, d’à priori. Elle se développe petit à petit sans forcer l’allure, sans jamais un mot de trop ni une attitude qui la rendrait trop agaçante. Un magnifique juste milieu qui est, finalement, le maître mot de ce roman.
Le final se révèle lui aussi à la hauteur ; une certaine justesse dans les émotions qui nouera des gorges et un épilogue qui vient conclure brillamment ce roman en gardant la même ligne directrice…
C’est un coup de cœur, il ne faut pas avoir peur des mots. Le monde érigé par Megan Bannon mériterait que l’on s’y replonge vu l’étendue des possibilités offertes, notamment sur sa genèse.

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