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Chroniques des années noires

Titre VO: The Years of Rice and Salt

ISBN : 978-226614759-0
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Robinson, Kim Stanley

Quelle aurait été l’histoire du monde si l’Europe chrétienne avait disparu au Moyen Âge, ravagée par la peste ? Le Moyen-Orient et la Chine seraient devenus les civilisations dominantes, découvrant l’Amérique, inventant le chemin de fer et l’atome, se faisant la guerre…
À travers les destins de trois personnages – un sentimental, un révolté et un intellectuel –, Kim Stanley Robinson dépeint de façon étonnamment réaliste sept cents ans de l’histoire d’un univers foisonnant, où les aventures individuelles se mêlent à la trame historique et se répondent à travers les siècles et les continents.

Critique

Par Gillossen, le 23/11/2020

Comme souvent avec Kim Stanley Robinson, l’auteur nous livrait ici (ce n’est pas une nouveauté) un roman complexe, avec cette histoire alternative de haut vol où laquelle la peste noire a presque complètement anéanti la population (et la future domination) de l’Europe. Ce n’est certainement pas une lecture légère que l’on peut redécouvrir depuis peu, puisque rééditée par Pocket (très bonne idée, mais on regrettera juste que l’éditeur n’en ait pas profité pour adopter un titre plus proche de l’original).
Mais les lecteurs qui ont l’habitude de ses écrits ou tout simplement à la recherche d’un récit stimulant seront récompensés de leurs efforts.
Dans cette autre réalité, les évènements succédant à la Peste Noire sont dominés par la culture chinoise et musulmane. On voit ainsi les Berbères s’installer en Italie ou une expédition Ming se retrouver dans la baie de San Francisco au lieu d’envahir le Japon, avant de descendre jusqu’aux riches mines du Pérou. L’auteur ne s’arrête pas là, balayant la Révolution industrielle, une Première Guerre mondiale, la découverte de la fission, jusqu’à une époque évoquant notre présent. Ce sont des siècles et des siècles que cisèle Kim Stanley Robinson, avec sa maestria habituelle.
Il suffit de se souvenir de son épopée martienne pour avoir là encore une petite idée du souffle qui parcourt ces pages, qu’il soit question du destin de territoires entiers ou des petits détails (ah, le rôle des chameaux !). Chaque grand chapitre prend donc pour cadre le point de vue des deux civilisations millénaires ayant émergé à un niveau planétaire après l’écroulement des nations chrétiennes : la Chine et l’Islam.
Au-delà de cette dimension uchronique clairement établie - on peut même difficilement faire plus uchronique qu’un tel point de départ - la dimension imaginaire du roman se voit aussi dans le retour d’un même groupe de personnages (que l’on reconnaît d’ailleurs à leurs initiales et tous membres d’une même jāti), puisque l’auteur a recours au principe de réincarnation. 
Robinson a conçu de nombreux personnages frappants à partir de ces grands modèles : un soldat de l’armée de Tamerlan qui finit par devenir un esclave en Chine, un jeune garçon pris dans les inondations d’une Californie chinoise, une jeune femme qui grandit dans une France d’après-guerre qui n’est évidemment pas la nôtre, et bien d’autres encore. Ils sont à l’image des thèmes développés par Robinson, tout simplement. Comme souvent, l’écrivain américain s’interroge sur les grandes évolutions de la société (ou disons alors d’une société), qu’il soit question de religion, de science, de philosophie, sans oublier la condition féminine (dans le chapitre 9 en particulier) bref, de tout ce que l’on peut rapporter à la nature humaine. Il faut dire que Robinson, âgé de 68 ans désormais, songeait à cette histoire dès les années 70. Bref, de quoi la laisser largement infuser.
Et le tout sans oublier que l’avenir peut aussi s’écrire avec l’espoir, l’espoir de jours meilleurs, l’espoir de ponts à jeter entre les mondes, l’espoir de voir le progrès mériter son nom et profiter à toutes et tous.
Bien sûr, attention, ce roman ne plaira pas à tout le monde, surtout en l’abordant avec des attentes élevées : depuis sa sortie, certains lecteurs ont considéré qu’il était beaucoup trop long, les personnages bien trop froids… A titre personnel, je ne partageais pas cet avis à l’époque de ma découverte et je n’ai pas changé d’avis aujourd’hui ! 

9.0/10

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