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Narnia vient à la vie

Par Foradan, le vendredi 4 novembre 2005 à 19:45:33

Douglas Gresham a rêvé de voir Aslan sur grand écran depuis qu'il est petit garçon. Maintenant que son rêve va devenir réalité, le beau-fils de C.S. Lewis parle du nouveau film et de son propre rôle.

Interview de Douglas Gresham

Depuis qu'il a lu l'Armoire Magique étant petit garçon, Douglas Gresham a rêvé de le voir un jour sur grand écran. Son rêve sera vrai le 9 décembre quand le film d'adaptation frappera tous les cinémas du monde.

Gresham, gendre de l'auteur de L'armoire Magique C.S. Lewis, était co-producteur du film, représentant son beau-père et le Lewis Estate tout au long du processus - l'écriture du script, la réalisation du film, et la commercialisation des produits dérivés, incluant les jouets pour les Happy Meals de McDonald.

Nous avons récemment eu une heure d'interview avec Gresham, où il a parlé de sa vie avec Lewis et du film à venir. Hier, la première partie de l'interview s'est focalisée sur le plus ancien ; la partie 2 d'aujourd'hui sur le plus récent. Nous avons discuté de son rôle en tant que co-producteur, l'iconographie religieuse du film, comment il pense que les Chrétiens - ou quiconque, pour ce que ça importe - devraient le regarder, et ce que Lewis pourrait penser de voir son livre transformé en film hollywoodien... ou, en la circonstance, de ses personnages transformés en jouets de fast-foods.

Quels étaient vos devoirs comme co-producteur sur ce film ? Je lis parfois que vous avez dit que votre rôle est simplement de représenter C.S. Lewis sur le plateau.
Douglas Gresham : Cela en fait partie. Et pas juste sur le plateau. Représenter C.S. Lewis quand ils écrivent le script, quand ils aménagent les décors, quand ils composent les storyboards - juste garder un oeil sur tout pour être sûr que Narnia reste Narnia. Et c'est devenu le contrôle de toutes les marchandises qui vont être produites - tous les jouets, tous les engins, la moindre petite chose en lien avec Narnia, j'ai dû veiller pour être sûr que personne ne fasse de truc stupides. C'est un boulot à plein-temps.
Maintenant quand les gens prennent des libertés artistiques, vous..
Gresham : Il y a une différence entre des erreurs stupides et des libertés artistiques. Quand l'artiste va trop loin, vous devez lui tenir la bride. Je suis prêt à accepter des libertés artistiques avec le réalisateur Andrew Adamson bien sûr. Mais il y a certaines choses où je pense qu'ils avaient tort, et je leur ai dit. Nous en avons discuté et obtenu un compromis. Andrew est un homme très simple pour travailler avec lui. Il respecte l'oeuvre probablement presque autant que moi.
Où avait vous senti qu'il était hors sujet ?
Gresham : Hé bien, je ne dirais pas cela, parce que ces choses sont confidentielles entre Andrew et moi.
J'ai entendu d'une personne associée au film qu'on ne pouvait même pas cracher sans la permission de Douglas Gresham.
Gresham : C'était exagéré, mais oui, dans une certaine mesure je pense que j'ai sûrement été une sorte de nuisance pour mes collègues de l'équipe de production, à chaque fois que j'ai dit, « Non vous ne pouvez pas faire ça. » Mais ils ont été très tolérant avec moi. J'ai rencontré plein de gens que j'admire énormément et j'ai adoré travaillé avec eux sur ce projet.
Avez-vous jamais senti une vibration de « Chuuuut ! Voilà cet idiot ! »
Gresham : (rires) Non, il n'y a jamais de chose comme ça, parce qu'ils ont compris que je pouvais apporter ma contribution, parce que nous visions tous le même but - faire de ceci le meilleur film possible.
Des Chrétiens sont préoccupés parce que ce film retient une apparente image Chrétienne de..
Gresham : Vous devez garder à l'esprit que l'Hindouisme a un dieu mourant qui meurt pour son peuple, puis revient. La mythologie nordique a le dieu mourant. La mythologie grecque a le dieu mourant. Ce mythe n'est pas nouveau et n'est pas unique à la Chrétienté. Oui, les Chrétiens qui regardent le film ou lisent le livre chercheront un symbolisme Chrétien. Mais je pense que c'est la mauvaise façon de l'approcher. Je pense qu'il est de loin meilleur de lire le livre ou de voir le film et d'essayer de trouver où est-ce que vous entrez en Narnia. Analysez vous-même et comment vous réagiriez dans ces circonstances. Qui êtes-vous ? Etes-vous un Edmund ? Etes-vous un Peter ? Ou une Lucy ou une Susan ou un Tumnus ? Où vous trouvez-vous ?
Lequel êtes-vous ?
Gresham : J'avais l'habitude d'être Edmund, très franchement - avant qu'il devienne bon. J'essaie très fort d'être une Lucy maintenant.
Vous voulez dire ?
Gresham : Fidèle et disponible. Lucy était celle qui exprimait sa foi sans peur. Lucy la Vaillante. Lucy fut celle qui croyait le plus et avait le plus confiance en Aslan tout le long du chemin. C'est là où j'aurai aimé être.
Vous avez mentionné des marchandises, et j'ai entendu que cela inclura les Happy Meals de McDonald. Les gens peuvent se lasser de la consommation de masse de quelque chose qui est presque sacré pour eux. Je suppose que vous avez été la première personne qui voulait garder tout cela sous contrôle ?
Gresham: Oui, nous avons tenté de ramener cela à un programme aussi minimaliste que possible. Nous avons retranché beaucoup de choses. Nous avons aussi essayé de faire des produits de la plus haute qualité, dans toutes les échelles de prix. Et, lorsque je trouvais des produits qui ne correspondaient pas à mes standards de qualité, dans mes échelles de prix, je les ai arrêtés.
Que dirai C. S. Lewis s'il savait que Mr. Tumnus allait finir dans un Happy Meal ? Serait-il affligé ?
Gresham: Je ne pense pas que l'on puisse dire que Mr. Tumnus finit dans un Happy Meal. Cela va plutôt consister en de petits jouets Narnian très sympa.
Vous connaissez mon opinion, n'est ce pas ?
Je ne pense pas que Jack serait perturbé par cela. L'idée que ses personnages soient offerts à des enfants dans un fast-food, pour les amuser, je ne pense vraiment pas que ça lui aurait posé problème.
Qu'aurait-il dit en sachant que ses livres allaient être adaptés en films ?
Gresham: Le problème qu'avait Jack avec le cinéma, c'est qu'il voyait une technologie merveilleuse se développer, mais il craignait les utilisations qu'on allait pouvoir en faire. Jusqu'à récemment, le cinéma a été presque exclusivement utilisé pour corrompre l'homme plutôt que le développer. Certains grands films sont merveilleux, mais le grande majorité ne sont là que pour titiller, exciter, juste pour divertir. Pour résumer, je pense que l'Ennemi a dirigé le cinéma, il est temps de le lui reprendre.
Pensez-vous que c'est ce qui arrive ?

Gresham: Ça commence, j'ai remis ce projet dans les mains du Seigneur depuis des années en prières. La principale raison pour laquelle j'ai suivi Walden Media pour faire ce film - à la différence d'autres studios qui voulaient aussi ce projet - est leur volonté de faire de bons films, divertissants, mais aussi qui éduquent, pas seulement ponctuellement, mais sur des questions d'éthique, de valeur et de moralité. Il n'y avait pas de meilleur choix qu'une compagnie qui avait ces objectifs pour les appliquer à l'Armoire Magique.

Le facteur décisif pour moi a été de rencontrer Phil Anschutz, le financier de Walden Media, et d'en arriver à le respecter énormément et à passer des moments à prier avec lui. Son dévouement à faire que Walden Media ait ce projet - à un coût très important - montre sa détermination à changer ce pour quoi le cinéma a été utilisé jusqu'alors. Walden Media a l'idée juste et exacte de ce pourquoi on devrait utiliser le cinéma. Je pense que les Chroniques de Narnia sont un moyen formidable pour ce qu'ils veulent faire.

Lorsque des livres sont adaptés et que l'écrivain est toujours en vie, il veut souvent être impliqué dans l'écriture du script. Si Jack était toujours vivant, dirait-il « Je veut en être » ?
Gresham: Non, je ne pense pas, parce que Jack était très conscient de ses propres limites. Mais ce qu'il voudrait, probablement, serait un pouvoir de veto et un droit de regard sur le script. Parce qu'il serait conscient, comme je le suis, qu'il est facile pour un écrivain de script qui n'est pas familier avec le background - comment un tel livre a-t-il été écrit - de faire des erreurs idiotes. Donc, vous avez besoin d'avoir quelqu'un dans le projet qui sache comment gérer ces choses. Mais dans les faits, il y a eu très peu de ce genre d'erreur dans le scénario. Ça a été extrêmement bien fait.
Aviez-vous ce pouvoir de veto ?
Gresham: Je pense que le mot est trop fort pour ça. La relation est telle que si j'avais dit « C'est absolument faux, vous devriez vraiment éviter ça. » , ils auraient probablement répondu « OK, si c'est comme ça que tu le sens, on ne le fait pas ainsi. Qu'est-ce que tu proposes ? » Nous n'en sommes jamais arrivés au point où Andrew, les écrivains et moi nous sommes retrouvés en tête-à-tête, simplement parce qu'ils étaient très bons dans ce qu'ils faisaient, et ils avaient tous une bonne connaissance du livre.
J'ai grandi avec ces livres, donc j'ai déjà des images dans ma tête depuis des années - basées sur la manière dont j'imagine Narnia et ses personnages. Mais mes fils, même s'ils ont lu le Seigneur des Anneaux avant d'aller voir les films, finissent par penser que Gandalf ressemble à Ian McKellen et que Frodon ressemble à Elijah Wood. Cela vous inquiète-t-il que la même chose puisse arriver avec Narnia, que le film puisse entraver la capacité des enfants à utiliser leur imagination ?

Gresham: C'est une partie du défi qu'il y a à convertir un livre en film. Nous devons rester conscients que les gens qui ont lu les livres ont déjà leur propre image de Narnia - une image de la Sorcière Blanche, une d'Aslan, de Peter, de Susan et de Lucy. Nous devons au moins égaler, si ce n'est dépasser, toutes ces images.

Mais nous sommes également responsables de l'image que nous mettons dans l'esprit de la prochaine génération de lecteurs. La prochaine personne qui viendra, ayant vu le film et jamais lu le livre, verra Tilda Swinton en Sorcière Blanche, il faut donc qu'elle corresponde à l'image du personnage. Elle doit être assez bonne dans ce rôle pour que leur imagination l'accepte comme la Sorcière Blanche, et emporte cette image avec eux.

Et cela vous convient que les gens qui lisent le livre pour la première fois visualisent Tilda Swinton comme la Sorcière Blanche, sans utiliser leur imagination ?

Gresham: Si nous l'avons bien fait, alors c'est OK. Sinon, ça ne l'est pas. Dans le cas de Tilda, croyez-moi, nous avons réussi. Tilda est quelqu'un d'adorable, nous sommes devenus bons amis sur le plateau. Mais en tant que Sorcière Blanche, elle est terrifiante, méchante.

Lorsque mon petit-fils, Jack, qui avait quatre ans à l'époque, a visité le plateau en Nouvelle-Zélande, nous filmions dans une forêt, au camp de la Sorcière. Il y avait tous ces râteliers d'armes maléfiques, et la tente de la Sorcière avec des feux de camp et des chaudrons, les choses habituelles pour une sorcière. Les gars des générateurs de fumée avaient envoyé la brume à travers la forêt, les feux et les chaudrons brûlaient. Jack a regardé autour de lui et a dit « Cet endroit est mauvais. » Et nous avons su que nous avions réussi.

Qu'est-ce qui vous a le plus impressionné dans le processus de création d'un film ?

Gresham: Il y a vraiment des milliers de personnes qui travaillent en coulisses, pour peindre des plateaux, fabriquer des épées, nettoyer les toilettes, préparer la nourriture - des gens qui ne sont jamais mentionnés. Personne ne sait qu'ils existent. J'ai donc mis un point d'honneur à aller voir les cuisiniers, les gars des bus, les peintres, les soudeurs, le gars qui s'occupe des générateurs, les mécaniciens, pour les remercier. Je disais « Je suis Doug Gresham, le co-producteur de ce projet, et je voudrais vous remercier pour le travail que vous faites, parce que tout fonctionne sans accro, et vous y êtes pour beaucoup. » Sans exception, tous ces gens étaient très excités d'être impliqués dans ce projet en particulier.

Ça m'a impressionné plus que tout, cet énorme enthousiasme de tous les gens que j'ai rencontré. Tout le monde aime le livre, tout le monde était content de faire partie de ce projet, et je leur suis, à tous, très reconnaissant.

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