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Les combats de Narnia

Par Foradan, le lundi 21 novembre 2005 à 03:13:57

Après celle du Sunday Times, voici la revue du 'New York Times sur le phénomène Narnia, son auteur, ses polémiques, ses vertus, ses défauts. Attention, l'article mentionne des points sur l'ensemble du cycle de Narnia, lesquels peuvent gâcher le suspens.

Et prenez un moment devant vous, c'est dense...

Les combats de Narnia

Par CHARLES McGRATH

Le nouveau long métrage de Disney, Les Chroniques de Narnia : L'Armoire Magique, passe beaucoup plus de temps que le bien-aimé livre pour enfants de C.S. Lewis sur la bataille grandiose entre les forces de la sinistre Sorcière Blanche et l'armée d'Aslan, le lion surnaturel (sic). Le film a bien sûr le bénéfice des perfectionnistes des studios et reconnaît que cela pourrait être la mère de toutes les batailles au cinéma-pas juste la bataille banale entre le bien et le mal à 200 millions de $ écrasée entre le droit religieux et Hollywood sans dieu, entre C.S. Lewis et J.R.R. Tolkien et, en la matière, entre Aslan et King Kong, une version ressuscitée duquel commence dans son propre film quelques jours après Narnia le mois prochain. Le grand débat philosophique de mon enfance était : "Qui est le plus fort, King Kong ou Mighty Joe Young ? Dans le duel Kong-Aslan, Aslan, figure christique, semblerait avoir l'avantage de l'omnipotence, mais ce n'est pas dire qu'il prévaudra au guichet. Il y a sept livres de Narnia en tout, en faisant potentiellement la troisième plus grande attaque -après les adaptations cinématographiques de Harry Potter et de la célèbre trilogie du Seigneur des Anneaux de Tolkien (NdT: le livre n'est pas une trilogie)-des joies des enfants Britanniques dans les multiplex. Comme les livres de Rowling et Tolkien, ceux de Lewis évoque un univers parallèle riche en imaginaire, mais ils diffèrent en ajoutant un élément délibérement religieux : pas seulement un sous-entendu généraliste de bienséance religieuse, mais un support rigoureux de non-absurdité, de christianisme orthodoxe. Si vous lisez entre les lignes -et parfois directement dans le texte-ces histoires sont toutes au sujet de la mort et de la résurrection, le salut et la damnation. D'un point de vue de réalisateur, c'est une excellente nouvelle si vous espérez atteindre la foule qui remplissait les salles pour voir la Passion du Christ par Mel Gibson, probablement pas si énorme si vous espérez aussi appâter tous ces fans de sword and sorcery qui ont fait de la trilogie du Seigneur des Anneaux (Ndt:trilogie en film, pas en livre) un succès (Disney se flagelle encore pour l'avoir laissé passé) et un désatre total, vraisemblablement, si votre cible d'audience inclut ces hordes d'ados cinéphages qui ont transformé le dernier méga succès de Disney, Pirates des Caraîbes en bénéfice apparemment inépuisable.

En fait, il y a des observateurs d'Hollywood qui semblent croire qu'il y a une bonne raison pour que Lewis soit parmi les derniers auteurs de classiques pour enfants à être adaptés en films, et qu'en entreprenant Narnia, Disney s'est enfermé dans un coin. Si le studio joue l'aspect Chrétien de l'histoire, il risque les critiques de la droite religieuse, la discussion perdure; s'il est trop direct à propos des réfèrences religieuses, d'un autre côté, cela pourrait être néfaste pour le guichet. Disney, qui produit Narnia avec Walden Media, la compagnie de divertissement "amie de la famille" propriété du financier politiquement conservateur Philip Anschutz, évite ses paris et a, par exemple, déjà diffusé deux diffférents albums de bande-son, l'un composé de musique et de musiciens Chrétiens et l'autre de sonorités pop rock.

L'Armoire Magique, édité en 1950, fut le premier des livres de Narnia. Il est maintenant deuxième dans l'ordre établi par HarperCollins, l'éditeur de Lewis, mais il demeure le plus célèbre et le volume le plus essentiel de la série. Il raconte l'histoire des quatre enfants Penvensie -Peter, Susan, Edmund et Lucy- qui ont été envoyés par leur parents vivre chez un vieux professeur à la campagne alors que le bombardement fait rage dans une ambiance de guerre à Londres. En explorant la demeure du professeur, Lucy, la plus jeune, découvre une vieille armoire dans une pièce vide et, en repoussant des manteaux de fourrures et en farfouillant vers le fond, se retrouve dans un bois enneigé de nuit. C'est Narnia, qui s'avère être un version plus ou moins médiévale du Paradis, peuplée de nains, faunes et bêtes parlantes, qui vivent alors sous le sortilège hivernal d'une sorcière maléfique (celle du titre original), dont la mainmise en ces lieux n'est brisée qu'à l'arrivée d'un lion de taille gigantesque nommé Aslan.

Aslan est féroce mais splendide, sévère, mais aimant; son souffle a le parfum de l'encens; et sa simple vue suffit à donner des picotements à la plupart des créatures. Il est, de fait, rien moins que le Fils de Dieu, qui meurt et revient à la vie et qui, à travers les sept volumes teste sans arrêt les enfants mais les sauve toujours et les conduit au salut éternel - tous sauf Susan, qui est celle qui s'intéressera trop aux bas nylons, et aux rouges-à-lèvres et aux invitations.^^

Si la série est lue dans le dorénavant ordre canonique, les volumes 1 et 7, Le neveu du Magicien et La Dernière Bataille, qui sont, respectivement, une histoire de la Création et une version d'Armageddon, immanquablement issu des dimensions théologiques de l'histoire, mais si vous n'êtes pas prévenu, il est tout à fait possible de lire la plupart des autres volumes sans un indice que quoique ce soit d'autre ne frappe l'oeil. En fait, les livres sont meilleures quand ils sont lus sans sous entendus. Aslan, Par exemple, est beaucoup plus exaltant et mystérieux si vous pensez à lui comme un lion super héros, et non comme jésus dans un costume de Bert Lahr. et bien qu'il soit le centre des livres de Narnia, Aslan n'en est pas le véritable attrait. Narnia elle-même -ou, plutôt, cette porte d'armoire ouvrant sur une univers parallèle, un endroit magique auquel les enfants ont accès. C'est ce qui a captivé mes enfants dans l'histoire-dans le cas de la fille à tel point que nous avons dû vider le placard de sa chambre et lui construire une petite étagère sur laquelle elle pouvait grimper avec ses livres, ses poupées et ses peluches. Elle y passait des heures, rêvant de passer de l'autre côté.

L'allégorie dans les livres de Narnia rendait fou J.R.R. Tolkien. Par une coïncidence remarquable, lui et Lewis - indiscutablement les deux plus plus grands auteurs de littérature fantasy anglaise pré- Harry potter - se sont cotoyés pendant 30 ans à Oxford.Tolkien, de sept ans l'aîné, était connu en tant que Tollers; Lewis préfèrait être appelé Jack. ils étaient des professeurs distraits de la vieille école, le genre à porter des pantoufles, d'amples pantalons de flanelle et des vestes de tweed renforcées aux coudes dans lesquelles une pipe oubliée risquaient à tout moment de démarrer un feu de poche. Tolkien était célèbre pour parler entre ses dents, Lewis pour tenir des conversations depuis la pièce voisine en usant bruyamment du pot de chambre.

Tolkien et Lewis étaient des amis proches pendant un temps, puis un peu moins, tout en maintenant une certaine affection prudente- et les plus anciens membres d'un club littéraire appelé Les Inklings, dont les membres avaient l'habitude de lire à haute voix leurs propres écrits et, après quelques pintes, dire ce qu'ils pensaient du travail des autres. En au moins une occasion quand Tollers lisait Le Seigneur des Anneaux, Hugo Dyson, un autre membre, gémit et dit (dans un langage légèrement moins poli), Oh, non, pas un autre elfe ! et en 1949, après avoir été exposé à un premier jet de L'Armoire Magique, Tolkien dit, Ca n'ira vraiment pas, tu sais.


Tolkien, un Catholique dévot, pensait que l'écriture religieuse devait être laissée à des professionnels-au clergé. Il détestait aussi que L'Armoire Magique soit un tel salmigondis. Tolkien dans son propre travail était ce qu'il appelait un sous-créateur, le fabricant d'un monde imaginaire aussi tortueux, aussi détaillé et aussi auto-suffisant que le réel. Pour la trilogie du Seigneur des Anneaux (NdT : le livre n'est pas une trilogie), il n'a pas juste créé une histoire, mais aussi un monde entier, la Terre du Milieu, une géographie, une mythologie et plusieurs langues. Lewis, au contraire, était une pie. Il a pris tout ce qui lui tombait sous la main et l'a empilé. L'Armoire Magique est un pastiche non seulement de la théologie Chrétienne, mais aussi de Wagner et de mythologie classique grecque et latine, de romance Arthurienne, des contes de fées de Grimm et de folklore scandinave, de Kenneth Grahame, Beatrix Potter et Edmund spenser. Près de la fin du livre, même Santa Claus (en tant que Père Noël) fait une apparition rapide, comme il le fait à la fin de la parade de Thanksgiving de Macy.

A la différence de Tolkien qui avait trois fils et une fille, Clive Staples Lewis savait très peu de choses sur les enfants. Par choix, il a passé la majeure partie de sa vie comme célibataire militant, immergé dans la littérature médiévale et du 16° siècle. Lewis était aussi un athée notoirement précoce qui, en 1931 a effectué une conversion, due en partie de ses conversations avec Tolkien, lequel a convaincu Lewis, un amoureux du mythe, que l'histoire du Christ, sa naissance mort et résurrection, était un mythe qui était simplement devenu vrai. Lewis continua pour devenir un apologiste Chrétien sincère, et dans des livres tels que Le Problème de la Douleur, Le Grand Divorce et Simple Christianisma, il a exposé dans un langage clair et franc sa marque d'un Christianisme sans faux-col, musclé, qui était de bien des façonsune version théologique de l'inconditionelle bourgeoisie anglaise. Il n'utilisait pas du tout ceux qui souhaitait retrouver le Jésus historique, par exemple-celui à peine distant et méconnaissable que les Anglicans vénèrent chaque Dimanche était parfaitement bon. Ces écrits religieux ont rendu Lewis immensément populaire, et dans certains cercles, il a même été élevé à la sainteté séculière.

D'âge moyen, Lewis devint la figure romantique décrite dans Shadowlands, le film de Richard Attenborough basé sur la pièce de William Nicholson. Tous deux sont plus ou moins fidèles sur le récit de son surprenant mariage, à 58 ans, avec une de ses nombreuses admiratrices, Joy Gresham, une divorcée américaine convertie au Judaïsme qui mourut du cancer moins de quatre ans plus tard. Mais pendant des décennies auparavant, Lewis avait une vie secrète, un autre mariage de genres, qui était à la fois mystérieuse et un peu bizarre.

Pendant plus de 40 ans, il a vécu avec la mère d'un ami nommé Edouard Moore, avec lequel il avait fait l'un de ces chers pactes de la Première Guerre Mondiale : si quelque chose arrivait à l'un d'eux, l'autre prendrait soin de la famille de son ami. En la circonstance, Moore mourut tandis que Lewis fut atteint de la fièvre des tranchées, puis blessé, non pas gravement, mais suffisamment pour être renvoyé à la maison.

Lewis, alors 20 ans, alla à Oxford en Janvier 1919, mais il tint parole et aménagea Mme Moore et sa fille Maureen dans une pension des environs. En ces jours, pour un étudiant (NdT : undergraduate = avant la licence) d'Oxford, passer la nuit hors de son collège, et de plus seul avec une femme, était une infraction sérieuse, et ainsi Lewis s'est embarqué dans une double vie, passant la semaine à l'université et les fins de semaine et congés avec Maureen et Mme Moore, ou Minto, ainsi qu'on la connaissait. Cet arrangement perdura le reste de la vie de Minto, bien après que lewis ait gagné son diplôme et soit devenu professeur.

En 1930, Minto et lui achetèrent ensemble une maison, et le frère de Lewis, Warnie, un officier de carrière de l'armée que son alcoolisme avait conduit à une retraite anticipée, emménagea. Mais durant la période scolaire, Lewis dormait encore dans ses appartements de Magdalen College. Nombre de ses amis ne connaissaient même pas Minto; d'autres avaient la vague impression qu'elle était sa belle-mère.

La nature exacte de leur relation est quelque chose sur laquelle nombre de biographes de Lewis préfèreraient marcher sur la pointe des pieds. Mais Lewis était loin d'être un innocent sexuel, et l'évidence suggère fortement que, au moins jusqu'à son arrivée en religion, il y avait un élément érotique dans sa vie avec Minto. Ont-ils vraiment couchés ensemble, Lewis, érudit jeune homme, conventionnel dans presque tous les domaines, et une femme de 26 ans son aînée ? Walter Hooper, le rédacteur des Lettres compilées de Lewis pense que ce n'était pas improbable. A.N.Wilson, le meilleur et le plus persuasif des biographes de Lewis prétend qu'il n'y a pas de raison du tout de penser qu'ils ne l'ont pas fait, nous laissant avec l'image psychologique déroutante et inquiétude de C.S. Lewis, le grand érudit et écrivain, et apologiste Chrétien en devenir, pédalant sur son vélo, sa toge académique flottant dans le vent allant déjeuner avec Maman.

Ce que Lewis voyait en Minto est autre chose. Nul ne pouvait rivaliser avec elle. Warnie a décrit une fois son association avec Lewis comme la dévastation de la vie de J. Il écrivit dans son journal à l'époque de sa mort (NdT : celle de Minto) en janvier 1951, et ainsi finit le mystérieux esclavage auto-imposé dans lequel J a vécu pendant au moins 30 ans.

Minto disait de Jack, Il est aussi bon qu'une soubrette supplémentaire, et elle le soumettait à une sorte d'esclavage domestique dont Wilson dit qu'il pense composé de masochisme sexuel de la part de Lewis. Sa servilité empira vers la fin de la vie de Minto, quand elle glissait dans une sénilité coléreuse et querelleuse, et il passait l'essentiel de ses heures éveillées pour elle, pour son vieux chien incontinent Bruce, et pour Warnie, qui, finalement, devint un "homme de six-bouteilles-par-jour" et trébuchait en stupeur toute l'après-midi.

C'était au début de cette période, pendant l'été de 1948, que Lewis retourna à l'écriture de L'Armoire Magique qu'il avait commencé et abandonné en 1939. Inévitablement, il y a eu nombre d'interprétations freudienne de L'Armoire Magique, de théories faisant grand cas de l'observation, par exemple, que vous entrez en Narnia par ce qui équivaut à un vagin de la taille d'une armoire. Mais s'il y a une explication psychologique sur comment les livres sont nés, c'est probablement bien plus simple. Lewis était à l'époque si prostré et usé, si épuisé du monde des adultes, avec leurs pots de chambre et leurs bouteilles de whiskey (NdT : c'est le nom irlandais du whisky), qu'il a du avoir très envie de vacances dans un pays d'imaginaire.

Lewis prétendait plus tard qu'en écrivant les livres de Narnia, il y a mis ce que j'aurais aimé lire quand j'étais enfant et que j'aime encore lire maintenant que je suis dans mes 50 ans. La littérature pour enfants-la notion de livres écrits spécifiquement pour être lu par ou pour les jeunes gens-était une invention Victorienne, et Lewis en tant qu'enfant était modelé par une liste de lecture typiquement Victorienne. Avec la non-discrimination qui gênait tant Tolkien, il a cannibalisé beaucoup de cela pour L'Armoire Magique.

Les Castors parlants, par exemple, qui cachent les Pevensie dans leur foyer, viennent de Kenneth Grahame et de Beatrix Potter. L'idée d'un endroit enchanté de l'autre côté d'une porte doit quelque chose à Lewis Caroll. Et Lewis ne s'est jamais donné la peine de nier que le concept central du livre -un groupe d'enfants déplacé de chez leurs parents et s'aventurant dans un paysage non familier- fut inspiré en partie par les livres Bastable d'E. Nesbit, spécialement L'Histoire de l'Amulette, à propos d'enfants qui voyagent à travers le temps, et Le Château Enchanté, où dans une vieille maison les statues prennent vie et les dieux grecs font une apparition.

A son tour, bien sûr, les livres de Narnia jettent leur ombres sur d'autres auteurs. J.K. Rowling a dit qu'elle était influencé par eux, et vous pouvez sentir des aspects de Harry Potter anticipé, pour ainsi dire du personnage du vil Eustache Scrubb (NdT: dans le Passeur d'Aurore), qui, avant d'être ré-estimé par Aslan est taillé de la même étoffe tachée que Dudley le cousin de Harry, ou dans la scène dans Le Livre du Magicien, où Lucy prend un livre enchanté dont les images prennent vie et prédisent le futur quand elle les regarde. La plus grande influence de Lewis, néammoins, est sur l'auteur Britannique de Fantasy Philip Pulmman, dont la trilogieA la croisée des mondes est à la fois une sorte d'hommage (elle commence avec une fille dans une armoire) et aussi comme une sorte d'anti-narnia, une négation de tout ce que Lewis voulait dire. Dieu dans ces livres devient un imposteur sénile et le Christianisme n'est qu'une très puissante et convainquante erreur.

Pullman est un athé et, ce n'est pas une coïncidence, l'un des plus féroce critique de Lewis. Il a dit du cycle Narnia qu'il est l'un des plus laids et toxiques machins que j'ai jamais lu et a appelé Lewis un bigot et ses fans dégondés. Les livres ont leurs défauts, certainement. Ils ne sont presque pas aussi bien écrits que les livres Potter ou A la croisée des mondes. Et selon les standards du politiquement correct, ils commettent une foule de péchés. Ils sont prédicatifs, parfois gratuitement violents et traitent les filles avec condescendance. Les méchants, qui plus est-les Calormeniens, qui vient dans le sud-sont des caricatures huileuses de Musulmans qui portent turbans, pantoufles à pointes courbées et parlent bizarrement.

Pius il y a l'affaire malheureuse avec Susan, la cadette des Pevensie, qui, vers la fin du dernier volume, se voit perdre le Salut simplement à cause de son attirance pour les bas nylon et les rouges à lèvres-parce qu'elle a atteint la puberté, en d'autres termes, et qu'elle est devenue sexuée. Ce passage en particulier a remué Pullman et d'autres critiques (et fit que l'auteur de fantasy Neil Gaiman publia une sorte de scénario vengeur dans lequel Susan a grandi pour devenir un professeur distingué, comme Lewis, et dans lequel pour faire bonne mesure Aslan exécute un acte sexuel oral sur la sorcière à faire trembler la terre). Mais on sent que parmi ces critiques Britanniques, le réel échec des livres est qu'ils sont si bourgeois -si affirmatif de comportement traditionnels et de modèles à suivre si démodé, de la religion de l'Eglise d'Angleterre et des politiques conservateurs (Tory).

Cette critique est parfaitement au point- Lewis était un progressiste en rien, excepté les choix des femmes avec lesquelles il couchait - et les solides, non-absurdes "valeurs" des livres sont précisemment la source de leur attrait pour Anschutz, un ancien professeur du dimanche qui a manigancé pendant 15 ans un plan de bataille pour faire de Narnia une méga-arme dans les guerres du divertissement. Mais il y a aussi un sous-entendu d'agitation dans les livres Narnia, ce qui se manifeste dans les emprunts et bachotage obsessif de Lewis-le besoins d'inclure Bacchus et Silène dans la même scène que des animaux parlants et des géants lents d'esprits-(NdT : dans Le Prince Caspian et une sorte de hâte narrative. Lewis s'attarde rarement, et les livres se précipitent toujours vers la suite. Dans le Voyage du Passeur d'Aurore, le Prince Caspian voyage vers le bout du monde rien que pour voir ce qu'il y a là, et le slogan du volume final, dans lequel les enfants voyagent depuis l'ancien Narnia vers un nouveau, et même meilleur, est Plus haut et plus loin (Further Up and Further In).

Une fois, Lewis a caractérisé l'imagination comme la faculté qui éveille et dérange le lecteur avec un léger sens de quelque chose au-delà de son atteinte, et Les Chroniques de Narnia, quelque bourratif que soit leur apparent message, y réussit certainement. Comme tous les grands livres pour enfants, ils ne sont pas vraiment concernés à expliquer ou défendre telle ou telle orthodoxie. Ils s'intéressent à pratiquement la même chose qu'Hollywood : l'évasion.

http://www.nytimes.com/2005/11/13/movies/13narnia.html?pagewanted=1


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