Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy > Narnia

L’équipe des effets spéciaux de Narnia

Par Thys, le mercredi 7 septembre 2005 à 14:57:10

Les vraies stars du film L'Armoire Magique ne seront peut-être pas les acteurs, mais plutôt les créatures et les effets créés par l'équipe de Richard Taylor et Dean Wright de Weta FX (Le Seigneur des Anneaux) qui travaillent avec le spécialiste du maquillage Howard Berger de KNB FX. Les trois hommes supervisent une énorme équipe pour coordonner le maquillage et les effets sur le plateau grâce à des effets spéciaux étonnants.

Interview de l'équipe technique

En terme d'échelle et du nombre d'effets spéciaux, peut-on comparer ce film avec Le Seigneur des Anneaux ?
Dean Wright : Je n'étais pas sur le film pour le tournage du premier volet, je suis arrivé pour Les Deux Tours et Le Retour du Roi. Là-bas, nous avions Gollum, qui était vraiment LE personnage qui avait à jouer auprès des acteurs, et on devait le croire réel. Sur Narnia, c'est Aslan qui est le personnage clé, il emmène toute l'histoire. Et le lion doit être entièrement virtuel, à part pour quelques scènes où Howard a créé un animatronic pour un moment très important du film où il est attrapé par des créatures.
La première créature que les enfant rencontrent est Mr. Tumnus, il est à moitié humain et à moitié virtuel, puis ils rencontrent d'autres personnages, les Castors, qui sont entièrement numériques. Il y a des tonnes de scènes où ils interagissent , parlent et amènent l'histoire à la vie.
Richard Taylor : Pour un seul film, c'était bien moindre en terme de volume, mais le travail était bien plus fin. Le travail de prothèses qu'Howard devait faire sur Mr Tumnus était très complexe par rapport à un Orc qui a une prothèse très élaboré, mais qui reste une créature, donc vous pouvez cacher les défauts dans le design. La pureté de la forme humaine face à la caméra la rend presque incroyablement difficile.
Howard Berger: Très difficile. Tami Lane, qui me secondait sur le film, a travaillé avec Richard sur Le Seigneur des Anneaux. Quand nous étions en plein au milieu du travail, elle m'a dit « Le Seigneur des Anneaux, c'était comme tourner une pub comparé à ça. » Le travail était tellement intense, nous avons fini par avoir 42 personnes dans l'équipe de maquillage qui a voyagé avec nous de septembre à décembre où que nous tournions. Il y a de nombreuses sortes de créatures et d'espèces – 23 espèces sur le plateau. Nous avions des monstres toute la journée. Nous passions la journée entière à faire tous ces maquillages, ces costumes, ces créatures. Nous avons utilisé tous nos trucs. Nous avions des prothèses, légères ou lourdes, des costumes intégraux, des têtes mécaniques, des têtes de second plan, des marionnettes, etc… Nous avons tout utilisé pour arriver à faire fonctionner tout ça. Et puis, il y a les effets spéciaux. Si les spectateurs voient qu'il y a un acteur maquillé mais avec des jambes comme celles d'une chèvre, ils pourraient penser « Ce n'est pas un personnage totalement numérique, comment ont-ils fait ça ? » Je pense que c'est là que ça fait tout son effet, plutôt que d'avoir un personnage entièrement virtuel. Je pense que c'est bien plus crédible de garder ce côté humain.
Taylor : L'une des choses qui nous a un peu déçue est que la presse nous a demandé « Que pouvez-vous faire pour être meilleurs que Le Seigneur des Anneaux ? »
Notre travail, surtout les armures et les armes, était extrêmement plus dur que pour Le Seigneur des Anneaux, à cause du challenge que nous nous étions donné. Nous voulions faire des armures bien plus complexes, et des épées de meilleure qualité. Nous aurions pu le faire bien plus simplement, mais nous ne voulions pas, nous voulions nous améliorer et nous espérons que vous le verrez dans le film. Pour tout finir dans les temps, nous avons du créer un processus commercial, nous avons formé un partenariat en Chine pour réaliser une telle quantité d'épées en si peu de temps, nous avons du inventer une machine qui fabrique les épées.
Quels ont été les plus grands défis des effets spéciaux et qu'avez-vous fait pour améliorer ces techniques ?
Wright : Là où nous dépassons la technologie développée pour le Seigneur des Anneaux, c'est pendant la scène climatique où il y a une bataille. Peter emmène les troupes d'Aslan au combat contre les méchants dirigés par la Sorcière Blanche, et il y a toutes ces créatures mythologiques. La technologie développée pour les scènes de bataille du Seigneur des Anneaux utilisait un logiciel nommé Massive. L'une des principales compagnie qui fait des effets pour le film, Rhythm and Hues, a rappeler les développeurs de ce logiciel. Les challenges sont immenses sur ce film, il n'y a pas seulement des milliers de créatures qui doivent s'attaquer les unes les autres en restant crédibles, mais il y en a une plus grande variété que dans Le Seigneur des Anneaux. Là, il y avait entre 20 et 30 sortes de créatures qui pouvaient se battre dans une même scène, et chacune avait ses propres caractéristiques pour ce qui est de marcher, bouger, mordre. C'était un énorme challenge pour les développeurs de nous permettre de créer ces scènes de bataille et de les rendre crédibles. Vous n'avez pas envie que ça ressemble juste à un grand bazar. C'est pourquoi certaines choses finissent par être trop calmes si on ne fait pas attention. Il faut avoir l'outil pour faire des simulations par ordinateur et les rendre aussi bonnes que vous le voulez.
Vous avez évidemment fait beaucoup de dessins préparatoires avant de commencer le projet. Comment cela se passait-il avec Andrew sur le plateau ? Si vous aviez déjà construit quelque chose, était-il difficile de faire des changements ?
Berger : Ce qui était super c'est qu'Andrew, parce qu'il a un passé dans les films d'animation, est arrivé en disant « Je ne connais pas grand chose de tous ces trucs matériels. Apprenez-moi. » Il y a des réalisateurs qui s'en fichent, mais Andrew voulait tout savoir. Il voulait intégrer tout ce qu'on pouvait lui apprendre. Il y avait beaucoup de choses qui étaient storyboardées pour les animatronics qui allaient être numériques, mais nous avons fini par construire beaucoup de choses parce que nous pouvions réaliser toutes nos têtes mécaniques. Andrew comprenait les limites de ce que nous étions capable de faire, mais il comprenait aussi tout ce que nous étions en mesure de réaliser. C'est comme ça que marchent KNB et Weta. Nous savons ce qui doit être fait, donc nous construisons plus que nécessaire à notre charge pour être sûrs que ce qui finit sur le plateau est le meilleur et que le réalisateur a tout ce dont il a besoin sans que ça lui coûte rien. J'ai aussi imposé la lecture du livre, personne n'était autorisé à bosser à moins d'avoir lu le livre. Je voulais qu'ils comprennent l'original pour pouvoir travailler sur le film.
Taylor : Nous aimions photocopier les pages du livre et les afficher autour de nous au travail pour que les techniciens voient la structure en travaillant, parce que tout vient des mots.
Quelle liberté Walden et Disney ont-ils donné à l'équipe de production ?
Berger : Tout dépendait d'Andrew Adamson, et tout le monde lui a donné carte blanche. Nous avions des réunions toutes les semaines avec ces sculptures, concepts, etc, Andrew les examinait et décidait ce qu'il aimait ou pas, ce qu'il voulait changer. Mais il n'y avait aucune interférence des studios.
Taylor : Nous n'avons jamais eu à envoyer un seul dessin à Disney pour qu'ils le valident.
Berger : Les studios nous soutenaient totalement. Disney a soutenu Andrew en permanence, il nous donnait de quoi nous encourager à continuer. Si nous voyions que nous pouvions faire quelque chose de mieux, Andrew nous en donnait toujours les moyens, et nous continuions à avancer jusqu'à aller bien plus loin que ce que nous pensions pouvoir faire dans ce laps de temps. Idéalement, nous aurions aimé avoir un an pour préparer le tournage, mais nous n'avons eu que 6 mois. Il y avait 170 créatures et 150 prises par jour, et c'est déjà beaucoup rien que pour préparer les prothèses pour chaque personnage.
Pensez-vous qu'il y a un regain des films entièrement numériques comme Star Wars ou Sky Cpatain ?
Berger : Je n'ai jamais cru qu'il faille aller contre la révolution digitale. Je pense que c'est un outil formidable et nous l'utilisons en permanence. Il y a des choses que nous ne pouvons pas construire et nous sommes les premiers à dire « Ca devrait vraiment être numérique. » Je pense que ce film a utilisé tous les trucs du livre. Il y a des créatures, des combinaisons, des ajouts, etc. Mais nous nous sommes lancés là-dedans parce que notre boulot, ce sont les effets matériels, en faisant autant de choses réelles que possibles, nous donnons au réalisateur le maximum de possibilités sur le plateau. Et s'il veut retoucher quelque chose, il en a alors la possibilité. C'est là qu'intervient Dean Wright, Rhythm & Hues et Sony ImageWorks. Nous savions que nous ne pourrions jamais faire la moitié inférieure de Mr Tumnus – les pattes de chèvre – en costume dans toutes les scènes, et nous ne nous sommes jamais abusé là-dessus. Nous avons essayé des choses, mais nous savions que nous aurions besoin du numérique, c'était un bon mélange.
Taylor : De leur point de vue, c'est merveilleux d'avoir pu avoir à la fois une société d'effets spéciaux et des ateliers pour les effets matériels toutes ces années, parce qu'il n'y a pas de concurrence.
Berger : Très bien. Dans tout ce que l'on fait de nos jours, il va y avoir des compléments digitaux et des choses vont être remplacées par du numérique. Il y a des moments où nous sommes engagés sur un tournage et nous travaillons dessus pendant des mois entiers, nous dépensons beaucoup d'argent et quand on voit le film, tout est numérique. Là, on se dit « Mais alors qu'est-ce qu'on a fabriqué sur ce plateau pendant tout ce temps ? »
Taylor : C'est mieux de le préciser avant de tourner. A la fin, l'argent reste de l'argent, mais l'énergie créatrice de tous ces artistes a été gaspillée, dans ce cas. On pourra aussi bien aller incendier la Joconde. Ce sont des artistes qui se démènent pour créer de superbes travaux et on les balance. Pourquoi s'embêter ? Donc, il vaut mieux tout préciser dès le début, faire un bon storyboard et s'y tenir.
Berger : Tout le problème est là quand on fait des films, il y a des réalisateurs qui ne font pas bien leurs devoirs, c'est pourtant facile, il suffit de savoir à l'avance ce qu'on va filmer et comment on va le filmer, ce dont on a besoin. Andrew est l'exception qui confirme la règle. Il arrive et sait déjà tout, il a déjà fait ce film dans sa tête plein de fois. Nous n'avions à poser que très peu de questions, mais il y avait tout de même assez d'espace pour la spontanéité et pour que nous proposions différentes alternatives.
Taylor : Andrew a fait le parcours idéal pour finir sur ce film. Il y a peu de réalisateurs qui possèdent exactement les bonnes compétences. Andrew m'a invité à boire un café pour parler de ce film il y a trois ans, avant que ça commence, la dernière fois que je l'avais vu, j'étais en train de mettre un masque de squelette pour une fête que nous faisions pendant Fantôme contre fantôme de Peter Jackson. La fois suivante, je l'ai vu pour parler de ce film.

Article originel, par Edward Douglas.


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :