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2010, l’année des liseuses ?

Par Luigi Brosse, le jeudi 28 janvier 2010 à 14:35:09

iBooks 2C’est en tout cas ce que l’on peut entendre de tous côtés, associé au fait que le livre numérique révolutionnera l’industrie du livre et redonnera un coup de fouet à une économie assez morose en 2009. Des prédictions dignes de Mme Irma et sa boule, même s’il est incontestable qu’une évolution est en route. Se pose surtout la question de combien d’acteurs du milieu sauront résister, s’adapter, voire tirer bénéfice de cette « nouvelle économie ».

Le point sur la question

Si le dossier des liseuses est en train de s’enflammer, la raison en est l’annonce officielle hier de la tablette d’Apple. Nous passerons rapidement sur ses caractéristiques technologiques pour se focaliser sur celles qui laissent supposer que l’iPad (c’est son petit nom) risque bien de mettre le feu aux poudres de ce marché en plein essor.

iBooks 1Tout d’abord, il y a son écran d’environ 10 pouces (soit grosso modo la taille de celui du nouveau Kindle d’Amazon) couleur (contrairement à nombre de ses compétiteurs) et surtout multitouch afin d’offrir un meilleur confort à l’utilisateur. Entre parenthèses, on pourrait presque sous-titrer « ou comment tourner les pages d’un livre virtuel de la même façon qu’avec un vrai ». Ajoutez à cela une batterie avec une autonomie de 10h et vous obtenez de quoi largement rivaliser avec la concurrence (et ce, sans même parler de tout ce que l’iPad sait faire par ailleurs : musique, film, toutes les applications de l’appStore…).

Mais quand en plus, Steve Jobs lui-même annonce le développement d’un nouvel outil, baptisé iBooks, comment douter que cela risque bien de révolutionner les pratiques de l’utilisateur ? L’iBookStore, telle que présenté, se décompose en deux parties : d’un côté, le bibliothèque de l’utilisateur, à partir de laquelle il peut consulter les ouvrages en sa possession (un peu à la manière des chansons sur l’iPod actuellement) et de l’autre, une gigantesque librairie en ligne, à partir de laquelle on peut acheter et télécharger ses livres. Un tout-en-un qui a toutes les chances de s’imposer comme iTunes l’a fait. D’autant que cette fois, Apple a choisi d’utiliser un format ouvert : l’ePub. Vous pouvez voir à quoi tout cela ressemble dans la vidéo de présentation officielle (la partie sur les livres commence à 3 min 58).

Quoi qu’il en soit, l’iPad ne deviendra numéro des liseuses que si l’offre de livres et les prix sont suffisamment attractifs. Et pour cela, il faut nécessairement obtenir l’accord des éditeurs. Les discussions sont allées bon train à ce niveau-là, et au moins cinq des plus gros éditeurs américains semblent intéresser : Penguin, Hachette, Harper Collins, Simon and Schuster et MacMillan. Une décision lourde de conséquences quand on sait que le modèle d’Apple n’est pas forcément plus avantageux que celui d’Amazon pour les éditeurs. Amazon, en effet, reverse 50% du prix du grand format papier à l’éditeur pour la vente d’un eBook ; ce qui le conduit à vendre souvent à perte vu le prix plancher de 9,99$ des eBooks sur Amazon. À l’opposé, Apple proposerait de vendre les eBooks entre 12,99 et 14,99$ dont 70% iraient à l’éditeur. Tout compte fait, le scénario Amazon rapporte 15$ (en supposant que le grand format coûte 30$) alors que celui d’Apple 10,50$. Néanmoins, devant le succès probable de l’iPad, les éditeurs américains semblent décider à prendre le risque !

Du coté des éditeurs français, la révolution numérique avance plutôt en trainant les pieds. Heureusement, le salut viendra peut-être des petites maisons d’édition. En tout cas, on ne peut que se féliciter de la sortie cette semaine d’une application pour iPhone développée par Au Diable Vauvert. S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une application pour acheter et lire des eBooks, elle permet néanmoins d’accéder depuis sont iPhone à tout un contenu interactif (actualités, dédicaces, auteurs, catalogue…). Un catalogue à partir duquel, on pourra consulter les premiers chapitres d’une œuvre, voire la lire totalement en ligne (en streaming). Enfin, on pourra commander directement le livre (physique) au Diable, voire trouver le libraire le plus proche pour se le procurer (géolocalisation). Nous vous invitons à découvrir tout cela dans la vidéo ci-dessous.

Tournons-nous à présent du côté d’Amazon, qui annonçait fin décembre des ventes faramineuses d’eBooks et de lecteurs Kindle ? Talonné par Apple, le géant de la distribution a proposé, il y a quelques jours, une offre assez particulière à certains de ses clients boulimiques de lecture. Ils pouvaient acheter le Kindle, et au cas où l’appareil ne leur convenait pas, se le faire rembourser tout en le conservant, ainsi que la connexion. Un joli cadeau !

Mais cela risque de ne pas être suffisant, de même que de proposer un meilleur pourcentage sur le prix de vente des lires aux éditeurs ou la possibilité de développer des applications pour le Kindle. Et comment lutter contre la fièvre acheteuse dès lors que l’on parle de produits arborant une pomme ? Tout cela, Amazon l’a bien compris, et même s’il ne renie pas son propre lecteur, on peut légitimement supposer que l’application Kindle pour iPhone sera transférée sur l’iPad. Et voilà comment Amazon pourra proposer sa librairie virtuelle aisément.

Pour terminer cet article sur le marché du livre virtuel, on ne pouvait pas ne pas évoquer Google et ses démêlés avec la justice. Devant les procès qui se multiplient, le géant californien avait dans un premier temps revu son règlement afin de satisfaire les éditeurs. Puis, proposé aux éditeurs le souhaitant de retirer leurs titres numérisés de Google Books (on parle d’opt-out) et ce avant le 28 janvier. Ces mesures ont assez fortement secoué le milieu éditorial international, chacun prenant position (nous nous étions, notamment, fait l’écho d’Ursula Le Guin ; Usurla qui persiste puisqu’elle a récolté 300 signatures de confrères écrivains s’opposant au règlement).

Quoi qu’il en soit, la Société des auteurs britanniques semble partie pour donner son accord, tandis que les éditeurs français s’y opposent. Le SNE (Syndicat National de l’Édition), suivi par Albin Michel, Editis, Les Éditions de Minuit, et Gallimard, vient d’ailleurs d’envoyer un courrier au juge Denny Chin afin de motiver ce refus du nouveau règlement. Rendez-vous le 18 février prochain.

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