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Le phénomène Harry Potter, vu de l’intérieur

Par ThinkBecca, le mercredi 16 novembre 2011 à 15:00:52

Potter De 1997 à 2007, pendant une décennie, les livres se sont vendus par millions.
De 2001 à 2011, durant une décennie également, les films ont eu des millions de téléspectateurs.
Harry Potter, la saga écrite par la désormais très riche et très célèbre J. K. Rowling a émerveillé des millions d'enfants, d'adolescents et d'adultes. Une page se tourne, dorénavant. Cheryl Klein, qui a travaillé chez Scholastic au moment de la sortie des deux derniers tomes, évoque avec nostalgie cette époque... peut-être révolue, peut-être pas !

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Cheryl Klein, Senior Editor chez Scholastic, répond à nos questions au sujet de son travail sur Harry Potter, et sur ce qui a fait de cette série un phénomène.

L’été 2011 a marqué la fin de la saga cinématographique Harry Potter, avec Harry Potter et les Reliques de la Mort : Partie 2. Pour ceux qui ont adoré la saga, cela a apporté un mélange d’émotions confus : bonheur et triomphe de voir ce voyage arriver à son terme, mais aussi l’inévitable tristesse qui en découle. Beaucoup d’entre nous ont passé la dernière décennie à attendre quelque chose de Harry, que ce soit la sortie d’un nouveau tome, d’un nouveau film ou d’une adaptation en jeu vidéo, ou même un voyage au Wizarding World of Harry Potter à Orlando. Qu’est-ce qui nous maintient en vie, sans cette attente de Harry Potter ?
Mais l’été 2011 a aussi été marqué par l’annonce de Pottermore, un projet web plutôt séduisant, qui promet une expérience de lecture online interactive des romans Harry Potter, et même du nouveau contenu. Les retours des quelques chanceux à avoir eu accès à la bêta du site (le grand public sera admis en octobre) se sont montrés extatiques. Mais Pottermore nous promet autre chose : l’assurance que les romans et les personnages que nous avons tant aimés survivrons, et surtout, que le moment est venu d’un retour aux sources. Comme l’écrit Dan Kois dans son article du New York Times, « Bientôt, les fans esseulés que nous sommes n’auront plus que ces livres écornés, leur tranche abimée par des matinées passées dans le métro, des après-midi à la plage, tous alignés sur une étagère de bibliothèque. » Il y a quelque chose de merveilleux dans cette idée.
Car malgré tout ce que les films Harry Potter et autres dérivés ont apporté à notre façon de vivre ces histories, ils nous ont aussi éloigné des livres. Mais que ce soit sous la forme d’un e-book ou d’un livre de poche, nous pouvons maintenant retourner à cet endroit, dans notre salon, notre fauteuil préféré ou notre imagination, cet endroit où nous avons rencontré pour la première fois Le Survivant, The Boy Who Lived, et que nous en sommes tombés amoureux.
Pour nous aider à faire le point sur tout ça, nous avons contacté Cheryl Klein, Senior Editor chez Arthur A. Levine Books, un label de Scholastic, qui a eu l’honneur d’être éditrice à la fois pour le Prince de Sang Mêlé et les Reliques de la Mort. En plus de son travail sur les romans, Klein a édité un certain nombre de titres chez Scholastic, comme Absolutely Maybe de Leisa Yee, la trilogie The Book of Time de Guillaume Prevost, et Marcelo in the Real World de Francisco X. Stork. Dans son propre roman, Second Sight : An Editor’s Talks on Writing, Revising and Publishing Books for Children and Young Adults, Klein partage avec nous le point de vue qu’elle s’est forgé lors des années passées à travailler sur de la fiction jeunesse, et son opinion sur le phénomène Harry Potter. Cheryl a été assez sympa pour prendre du temps sur son emploi du temps chargé pour discuter avec nous.

The Rusty Key : Quand avez-vous lu Harry Potter pour la première fois, et quelle a été votre première impression ?
Cheryl Klein : J’ai lu Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban avant ma dernière année de fac, en septembre 1999, et j’ai ador2 dès les premières pages – la magie très réaliste, la facilité avec laquelle Ms. Rowling intégrait le fil rouge de son histoire, l’histoire du livre, les mondes magique et réel, ce Harry tout à fait charmant et la merveilleuse école de Poudlard… et enfin les rebondissements à la fin de ce tome-ci me surprennent toujours par leur intelligence. Dès que je l’ai eu fini, j’ai acheté le tome 1, qui venait de sortir en poche, et j’ai lu la Chambre des Secrets durant les vacances d’hiver. Puis j’ai patiemment attendu que la Coupe de Feu sorte durant l’été suivant.
TRK : Comme décririez-vous votre expérience en tant qu’éditrice du Prince de Sang Mêlé et des Reliques de la Mort ? Pouvez-vous en particulier nous parler de votre rôle en tant qu’éditrice garante de la cohérence entre les tomes ?
CK : Tout ça était vraiment excitant ! En général, les éditeurs doivent faire attention au bon fonctionnement de tous les rouages de fiction présents dans le roman – la manière dont les personnages se développent émotionnellement, comment les lecteurs y réagissent, si certains mots sont en majuscule ou en italique, afin que le « film » mental du roman se déroule sans accrocs dans l’esprit du lecteur. Mon boss, Arthur Levine, qui a acheté les droits de la série, a toujours été son véritable éditeur, celui qui travaillait directement avec J. K. Rowling. Mais sur ces deux derniers romans, avec l’assistance d’un super trio de relecteurs et correcteurs, j’ai pris en charge beaucoup de ces éléments d’édition – que les sorts faisaient bien ce qu’ils étaient censés faire à l’identique des tomes précédents ; que les détails sur les personnages ne changeaient pas aléatoirement ; que les baguettes et autres objets magiques étaient toujours là où on les avait laissés précédemment (très important dans les Reliques de la Mort, évidemment). Ça permettait à Arthur de se concentrer sur le côté émotionnel pour les lecteurs et les personnages, et comme je suis plus quelqu’un qui travaille dans le détail et qu’il se base plus sur les émotions, c’est une répartition qui a plutôt bien fonctionné pour nous en tant qu’équipe éditoriale.
TRK: Au moment où vous travailliez sur le Prince de Sang Mêlé, Harry Potter était déjà un phénomène mondial. Lorsque vous et l’équipe éditoriale travailliez sur ces derniers tomes, ressentiez-vous la pression issue des attentes des lecteurs ? Comment ça se passait chez Scholastic ?
CK : On a vraiment senti cette pression, oui… En général, dans l’édition jeunesse, on a l’impression d’avoir énormément de chance si nos romans se vendent à 100 000 exemplaires ; avec les Reliques de la Mort, notre première impression valait à elle seule 120 fois ça ! Alors on était très conscient du fait que les lecteurs trouveraient la moindre de nos erreurs et nous le feraient savoir (certains plus poliment que d’autres), et ils l’ont fait.
Mais on a tous adoré cette série, ces personnages, et les merveilles que Mme Rowling a imaginées, alors on voulait aussi faire de notre mieux pour tout cela – honorer les romans en faisant le meilleur travail possible. On était toujours très conscient de nos dates limites, mais on gardait notre bonne humeur, et on se sentait tous heureux et unis par le fait de faire partie de cette « Team Harry ».
TRK : Ça faisait quoi de se promener en sachant ce qui se passait dans les livres avant tout le monde ?
CK : En général, quand les gens me demandaient de révéler un secret, je disais “Vous n’avez pas envie que je vous le dise, vous voulez que J. K. Rowling vous le raconte. » Et j’en suis absolument convaincue – même si j’avais pu et voulu dire « Oh, en fait *bidule* est le Prince de Sang Mêlé », ça aurait été une grande déception comparé au plaisir ressenti en le découvrant au cours de la lecture du roman. De plus, ceux qui me posaient des questions étaient le plus souvent des étrangers ; mes amis et ma famille ne demandaient pas, car ils savaient bien que je ne pouvais rien dire !
Ceci dit, mon amie Melissa Anelli a écrit un livre fantastique intitulé “Harry, histoire du phénomène Harry Potter” et elle me cite en disant quelque chose que je dois avouer avoir utilisé pour la titiller de temps en temps : “Je sais quelque chose que tu ne sais pas !”.
TRK : Dans votre nouveau livre, « Second Sight on the business and practice of writing for children », vous expliquez pourquoi Harry Potter a rencontré un tel succès. Vous pouvez nous donner un aperçu de ces idées ? A quoi se résume notre attrait pour Harry Potter ?
CK : Ce n’est pas exactement ce que je dis dans Second Sight, mais :
  1. Harry est vraiment un protagoniste sympathique et attirant, et il nous offre une excellente paire d’yeux pour observer…
  2. Une monde fantastique génial qui ne fait que se développer avec plus de profondeur et de détails, où…
  3. On rencontre d’autres personnages à adorer (ou à aimer détester), ainsi que…
  4. Un méchant dont le but (tuer Harry) génère des enjeux immenses, et….
  5. Les rebondissements et revirements de l’intrigue sont bien pensés, surprenants, agréables, toujours dit…
  6. D’une manière très visuelle et par une voix narrative amicale.
TKR : selon vous, quelle a été l’impact majeur produit par Harry Potter ?
CK : cela a forcé les lecteurs adultes à lire de la littérature jeunesse et « jeune adulte » sérieusement – ou tout du moins comme un marché qui peut rapporter beaucoup d’argent.
TKR : En tant qu’éditeur du monde « après Potter », qu’attendez-vous du futur ?
CK : D’autres personnages aussi bien développés que je puisse aimer, surtout s’ils interagissent avec une intrigue où quelque chose d’important est en jeu.
TRK : Y a-t-il un personnage de la série auquel vous vous identifiez davantage ?
CK : Oh bon sang, Hermione ! Nous sommes toutes les deux des premières de la classe, tirées à quatre épingles, dans le genre “je dois me souvenir de tout et tout réussir”. On partage également le signe astrologique Vierge : son anniversaire, le 19 septembre, est trois jours avant le mien.
TRK : A quoi ressemblerait votre patronus, et pourquoi ?
CK : Mon patronus est un cygne (comme celui de Cho Chang). Je le sais parce que je suis convaincue que mon patronus serait le même que mon daemon, dans l’univers de la Boussole d’Or de Philip Pullman ; et Philip Pullman a dit un jour que si on voulait connaître son daemon, il fallait réunir deux amis et leur demander de choisir pour nous. Mes amis ont choisi un cygne – je suppose que c’est parce que je suis féroce lorsqu’il s’agit de défendre ceux que j’aime ; gracieux dans certains contextes, extrêmement maladroite dans d’autres ; et j’ai un cou plutôt long.
TRK : Pour finir, dans quelle maison le Choixpeau vous mettrait-il, et pourquoi ?
CK : j’ai eu la chance de faire partie de la bêta de Pottermore, alors je peux répondre en toute confiance à cette question : Serdaigle ! Et ça me va très bien, parce que j’aime la connaissance et le fait de penser.

Pour en savoir plus sur Cheryl Klein, les livres qu’elle a édités, ou son livre Second Sight, visitez son site.


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