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Sam Sykes répond à Fantastical Imaginations

Par Alice, le lundi 22 juillet 2013 à 15:30:51

Tome 3Il y a quelques semaines, Sam Sykes s'est entretenu, à sa manière, avec le site Fantastical Imaginations.
Alors que l'auteur fera son grand retour en langue anglaise l'année prochaine et que la conclusion de sa première trilogie vient de paraître par chez nous au Fleuve Noir, nous avons décidé de vous proposer cette petite traduction, à l'occasion de cet entretien tout à fait dans le ton habituel de Sam Sykes.
Il revient notamment sur son parcours, évoque ses camarades du petit monde de l'imaginaire et mentionne aussi ce qui nous attend à l'avenir. Une interview garantie en tout cas 100% sans spoilers !

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L'entretien

Commençons par quelques questions marrantes : à votre naissance, étiez-vous déjà le gars fringuant et sympathique que vous êtes aujourd'hui ? Ou cela est-il venu au fur et à mesure ?
Eh bien, je suis né avec une mâchoire de super héros, donc automatiquement je suis stylé. La sympathie est quelque chose que j'ai appris en comprenant tout d'abord que quand vous les frappez à coups de pierre, les gens vous rejettent souvent. Mon acharnement à ne pas être frappé ainsi est ce qui a fait de moi cette personne pleine d'entrain et de bonhomie.
Bonne décision. Maintenant, imaginez ceci, une pièce sombre, plein de trucs aiguisés, vous et une autre personne. Qui serait l'autre personne ?
Ce serait Joe Abercrombie. Les objets aiguisés sont des couteaux. La pièce est sombre parce qu'elle est éclairée par une seule bougie. Nous sommes en train de dîner. Il est dans la cuisine, faisant son fameux poulet à la Joe. J'ignore l'arrogance de donner son nom à un plat de volaille, déterminé à voir ça jusqu'à la fin. Nous dégustons un dîner délicieux en discutant de fantasy et de nos peurs les plus primaires.
Et il se trouve que notre peur la plus primaire est d'être poignardés par des couteaux, ce qui rend cette deuxième partie étrange.
Mark Lawrence a mentionné brièvement dans son interview quelque chose à propos d'un vol de pâtisserie, de ratons-laveurs et de tequila. Pouvez-vous nous éclairer un peu à propos de cet évènement plutôt douteux ?
Mark a toujours eu une épine dans le pied quand il s'agit de parler de moi car, quand je l'ai rencontré la première fois, je pensais que c'était un raton-laveur. Je veux dire, on ne peut pas m'en vouloir, non ? En personne, il fait en fait 1 mètre 50 de haut et est couvert d'une épaisse fourrure marron avec un masque sur les yeux et une queue annelée touffue. Il s'avère qu'en fait, il n'est pas un raton-laveur mais un tanuki, ce qui expliquerait ses énormes boules.
Quoi qu'il en soit, nous nous sommes soûlés à la tequila. Mark était inquiet à propos d'une critique qui disait que son écriture manquait de tact (il avait mal compris et pensait qu'ils disaient qu'en réalité il n'avait pas de testicules, ce que n'importe quel tanuki aurait pris pour une insulte). Donc, il me dit: Allez mec, on va aller éclater ce fils de pute. Donc on a sauté dans sa voiture (qui est en fait un chariot tiré par un saint-bernard) et on a roulé jusqu'à la maison du chroniqueur. Il s'avère que c'était une pâtisserie et Mark était en colère car aucun de nous deux ne savaient ce qu'était une pâtisserie.
OÙ EST MOHER ? criait Mark, saisissant le gars derrière le comptoir par le cou pour le gifler. OÙ EST CE CONNARD QUI A DIT QUE J'AVAIS PAS DE COUILLES ?
NON ! NON, MONSIEUR ! criait le gérant de la pâtisserie (ce qui s'appelle un patisserateur). JE NE PARLE PAS D'ANGLAIS ! POURQUOI !?
Bref, dans le bazar qui s'ensuivit, nous pensions que tout irait mieux si nous maquillions ça comme un vol ayant mal tourné. Vous auriez dû voir les photos que nous avons prises.
Une question effrayante à présent : dans laquelle des têtes de vos collègues auteurs voudriez-vous passer une semaine, et pourquoi ?
Hum. C'est une bonne question. Je pense que j'aimerais visiter la tête de Brandon Sanderson, juste pour voir comment ses développeurs l'ont programmé. Je pense que l'opération pour cmd/BESTSELLER.exe est probablement coincée entre SOUVENIRSARTIFICIELS.doc et PROTOCOL_EMOTIONNEL.exe.
Pouvez-vous me dire des choses croustillantes à propos du temps passé avec d'autres auteurs aux conventions ? Je ne le dirais à personne, promis.
Vraiment, tout ce que nous faisons c'est de parler des gens que nous haïssons. Et même alors, ce n'est pas très bon. Je hais ce mec! dit quelqu'un. Puis, quelqu'un d'autre dit: En fait, il est plutôt cool. Puis le premier répond: Oh. D'accord, très bien. Mais il est toujours aussi laid.
Il me semble qu'on s'amuse beaucoup dans ces conventions. Pouvons-nous parler un peu de votre écriture maintenant ? Imaginons que quelques personnes n'aient lu aucun de vos livres. Que pouvez-vous nous dire sur eux, sur la trilogie de La Porte des Éons et pourquoi la lire ?
La Porte des Éons est… bon, je suppose que c'est une histoire de fantasy telle que je l'envisage. Officiellement, cette trilogie concerne six personnes émotionnellement fragilisées considérées comme la lie de la société, se mettant elles-mêmes en danger et se battant constamment contre leur propre dégoût de soi pour tenter d'arrêter de se battre assez longtemps pour refermer les portes de l'enfer.
Sur un plan plus profond ? Je pense que c'est l'histoire de personnes dans des situations qu'elles n'apprécient pas. Lenk est un homme qui vit dans la peur constante que ses amis ne soient pas fiables et la seule chose en quoi il peut réellement avoir confiance n'est autre un morceau de métal. Kataria est une femme qui veut croire que son père avait tort quand il lui racontait que l'humanité était une maladie devant être éliminée. Denaos est un voyou qui vit dans l'espoir de pouvoir expier ses péchés tout en sachant pertinemment que c'est impossible. Asper est une prêtresse qui se demande pourquoi elle souffre au nom de dieux qui n'écoutent pas. Dreadaeleon est un magicien qui ne peut pas comprendre pourquoi les gens ne sont pas impressionnés par son savoir. Et Gariath est un guerrier fier et brutal qui veut désespérément mourir mais ne peut se résoudre à le faire lui-même.
Sur un plan plus léger, il est question de combats, de magie, de démons, de poitrine d'anguilles, de singes qui parlent, de lézards humanoïdes, de guerrières effrayantes et violettes qui montent des hyènes aveugles, de pasteurs à tête de poisson qui pensent que tuer des gens est plus clément que de les laisser vivre, d'urine embrasée, de blagues triviales, sans compter une bonne scène de sexe.
Si tout ceci sonne bien à vos oreilles, alors ces livres sont pour vous.
Maintenant que la trilogie est finie, quel est votre prochain projet ?
En fait, j'ai une autre trilogie en cours qui devrait débuter en 2014. Ça va vraiment être bon.
Que pouvez-vous nous dire sur cette prochaine trilogie ? Cette nouvelle trilogie prendra place dans le monde de Lenk ou dans un nouveau monde ?
La trilogie suivante mettra en avant la ville de Cier'Djaal, la plaque tournante de tous les échanges de ce monde à cause de ses araignées filant la soie de la taille d'un cheval. Pendant des années, la ville fut une utopie où les riches écrasaient les pauvres sous leurs talons et où tout est bien rangé et ordonné par une guilde de voleurs et d'assassins qui dirigeait la ville d'une main de fer.
Mais maintenant, quelques fous révolutionnaires veulent en finir avec ces meurtres et ces inégalités en faisant revenir un dieu fou. Pendant ce temps, deux armées fanatiques commencent à se disputer Cier'Djaal et ses fabuleuses araignées, prétendant la protéger. Dans les veines de pierre de la ville, les tensions raciales montent tandis que les shicts, les tulwars et les vulgores voient le monde des hommes s'effondrer et cherchent à se lever et à prendre leur part.
Et au milieu de ce chaos, six salauds entrent dans la ville.
Donc ouais, on peut probablement dire que tout cela est situé dans le même univers que La Porte des Éons.
Ça semble vraiment intéressant et définitivement quelque chose à lire. Une question plus personnelle : comment avez-vous atterri dans le monde de la fantasy ? Quel est votre premier souvenir d'un livre ou d'un film de fantasy ?
Je pense que c'était grâce à la version animée du Hobbit. Quand j'étais enfant, mon père allait à des matchs de baseball avec mes sœurs. Je haïssais le sport, je voulais toujours rester à la maison et ma mère me louait un film. Bref, un jour, elle m'a acheté The Hobbit et j'ai été époustouflé. Je pensais que les elfes et les dragons n'existaient que par les mots jusqu'à ce moment-là. Et comme les mots, ils ne signifiaient qu'une chose. La pensée que les elfes aient un système politique et que les dragons puissent être polis resta dans mon esprit durant toute ma septième année. Ma mère m'achetait toujours tous les livres que je souhaitais, donc j'obtins une version du Hobbit. Puis Rougemuraille. Les Lancedragon, Les Royaumes oubliés, mais aussi le Le Trône de fer. Chaque roman me démontrait tout ce que l'on pouvait faire de différent en fantasy. Au moment où j'ai commencé à écrire, à quatorze ans, j'avais encore dans l'esprit l'idée d'un mot, d'un sens précis. Je racontais les histoires de quelqu'un d'autre. Ce ne fut pas avant mes dix-sept ans, quand je me suis mis à écrire sérieusement, que je me suis rendu compte que c'était à mon tour de dire quelque chose de différent.
Avez-vous toujours eu cet amour pour les monstres ?
J'ai toujours été passionné par la mythologie grecque. J'étais étonné par l'idée de créatures défiant toute explication et je voulais comprendre. Qu'est-ce qu'un Kraken ? Qu'est-ce que ça mange ? Où vit-il maintenant, s'il existe toujours ? Comment chasse un griffon ? La chair humaine est-elle réellement goûteuse ou est-ce juste une source de nourriture facile ?
Plus je vieillissais (et par conséquence, j'ai un jour découvert Donjons et Dragons), plus je m'intéressais aux montres et à leur écologie. Je voulais savoir comment ils interagissaient avec les gens et ce qu'ils faisaient. Je voulais voir ce qu'il y avait de fantastique à propos d'eux. Je voulais créer des mondes où les choses étaient réellement différentes. Maintenant que je suis nettement plus âgé, je m'intéresse aux montres que nous trouvons ici, sur Terre. Quasiment toutes les créatures que j'ai créées dans La Porte des Éons est basée sur une créature qui peut être trouvée dans la nature et ses pouvoirs sont basés sur ce que je crois être le cycle de leur évolution.
Une réponse très intéressante. Retournons aux questions marrantes pour finir cette interview : quelle est la réaction habituelle des gens quand vous dites que vous écrivez de la science-fiction ?
Honnêtement, la plupart des gens ont tendance à dire oh et en restent là. Juste comme je leur dis oh quand ils me racontent qu'ils sont comptables ou un truc pourri dans le genre. Personne ne s'intéresse réellement à ce que font les autres gens pour vivre. C'est simplement un moyen de relier l'introduction embarrassante au moment embarrassant du lendemain matin quand vos yeux se rencontrent et que vous pensez: Merde, j'ai perdu tellement de temps avec vous et maintenant tout ce que je vois dans vos yeux est un homme qui a vu disparaître toutes ses émotions dans un trou noir.
Quelle est la critique la plus drôle que vous ayez jamais lue ?
Mon utilisation des lettres capitales en énerve certains. Mais genre, vraiment. Ils sont allés jusqu'à écrire quelques énormes tirades en déclarant que je ne devrais pas être lu à cause de ça et de la scène de pipi dans Le Livre des abysses et ont juré de ne plus jamais me lire. Je pense que c'est dans Fantasy Book Critic ou quelque chose comme ça ? Vous pouvez probablement toujours le trouver en ligne.
Pour la dernière question, je vous donne le micro. Libre à vous d'exprimer vos sentiments sur tout ce que vous voulez. La scène est à vous.
La façon la plus facile pour que je cesse de vous écouter est sans doute de dire: C'EST PLUTÔT LE LIVRE DES IMBÉCILES.
Merci de cette interview très fun, Sam. Je me suis éclaté à faire ça. Et je vous souhaite plein de bonnes choses avec votre nouvelle trilogie.
Merci à vous.

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