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La Brigade Chimérique aux Utopiales de Nantes

Par Gillossen, le mardi 16 novembre 2010 à 10:45:32

GessSamedi matin, Elbakin.net avait la chance d'être invité pour la conférence de presse organisée par L'Atalante aux couleurs de La Brigade Chimérique, dont le dernier volume est paru il y a quelques semaines.
Évidemment, en grands fans, sur le site, nous ne pouvions nous permettre de rater ça ! Et c'est donc John Doe qui s'est retrouvé sur place, et pas seulement pour profiter du buffet, au contraire. Et voici justement pour vous la retranscription de ses notes !
Bonne lecture et merci encore au camarade John !

Le compte-rendu proprement dit

La Brigade

D’où est venue l’idée de la Brigade Chimérique ?
Serge Lehman (co-scénariste) La BD est venue d’une interrogation. Pourquoi, dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale, n’a-t-on plus vu de super-héros européens, pourquoi ont-ils disparus de notre mémoire collective, alors que d’autres types de héros, notamment dans le genre policier (Maigret, Nestor Burma,…) sont eux toujours présents dans l’imaginaire contemporain.
Nous nous sommes alors dit qu’il y avait matière à raconter une histoire, et ainsi est née la Brigade Chimérique ; des super-héros qui vont vivre leur chute.
Une fois cette idée posée, il nous restait encore beaucoup de travail, notamment trouver un moyen d’aborder ces grandes figures de manière plausible, sans tomber dans le ridicule.
Donc, pourquoi n’y a-t-il plus de super-héros ?
Depuis Hitler, la catégorie du super-héros, du surhomme, est maudite. Pour l’Europe continentale défaite par le nazisme, le surhomme est devenu une figure emblématique du Mal, à la différence des États-Unis qui ont vaincu les Nazis et ont donc une perception différente des choses. D’ailleurs, si, d’une manière générale, les Adversaires sont des surhommes dans la littérature de l’époque (l’Ombre Jaune chez Bob Morane par exemple), les héros européens comme Blake et Mortimer, qui font une apparition à la fin du sixième tome, n’appartiennent pas à cette catégorie.
La fin du 6ème tome (attention spoiler !) associe donc fort logiquement la tragédie d’Auschwitz et le départ des derniers héros européens vers les États-Unis.

Dans la série on retrouve trois types de personnages :les personnages historiques (Pierre et Marie Curie,…), les personnages inventés pour l’occasion (la Brigade, Jean Séverac,…), les personnages de fiction ayant existé (le Nyctalope, Nous Autres,…).
Nous avons d’ailleurs intégré beaucoup de noms d’auteurs de science-fiction ayant réellement existé dans le club de l’Hyper monde (Régis Messac, Jean Ray, Jacques Spitz,…), en nous inspirant d’un fait historique, puisque la première collection de livres de science-fiction fut créée par Régis Messac, qui est d’ailleurs mort à Auschwitz.

Saviez vous comment la série allait se terminer quand vous êtes lancés dans ce projet ?
Oui, tout à fait, même s’il nous manquait alors le cheminement pour y arriver, la conclusion s’imposait d’elle-même.

Dédicace !Gess (dessinateur) : En général, en science-fiction, on évite les noms trop « français » qui ont pour effet de « tuer » l’imaginaire : il est difficile de faire rêver en écrivant « à travers le hublot, Jean-Paul contemplait l’espace… » ! Ici, le défi que nous nous sommes imposés était de faire fonctionner l’histoire avec un nom très français (Jean Séverac), pour ancrer la série dans le réel.
Spoiler : D’ailleurs, à titre d’anecdote, les armoiries qui figure sur la bague de Jean Séverac contiennent les figures mythiques qui composent la Brigade, à la manière des armoiries du Moyen Age (Sève pour Matricia la Femme Fleur, Rac fait Crâne à l’envers, ce qui renvoie au Docteur Sérum le squelette, le Baron Brun fondateur de la dynastie se nommait Brun, ce qui renvoie de manière évidente à l’Ours…)

Que pouvez vous nous dire de l’Encyclopédie de la Brigade Chimérique, illustrée par Gess d’ailleurs ?
Fabrice Colin (co-scénariste de la BD) Elle a permis de mettre en valeur l’important travail qui a été fait en amont. On peut d’ailleurs dire qu’il ne s’agit pas de steampunk mais de radiumpunk ! Romain l’Huissier (chef de projet et co-auteur de l’Encyclopédie) Nous avons préparé le plan d’ensemble et les développements ont été soumis à l’approbation des auteurs de la BD. D’une certaine manière, il s’agit presque d’une co-écriture.
Nous avons notamment pu mettre en valeur les différences entre les super-héros américains et les surhommes européens. L’idée n’était pas de transposer le modèle américain mais de s’appuyer sur du concret au travers des mythes et décors européens.
Dans l’Encyclopédie, il nous a été possible de revenir et de développer ce qui n’était qu’esquissé dans la BD et d’ancrer par l’utilisation de clichés de l’époque (les années 20/30) l’œuvre dans l’Histoire et dans la temporalité.
Nous avons d’ailleurs eu des retours très positifs des joueurs de JDR qui ont notamment vanté la qualité des illustrations.
Une suite ou des spin off sont elles envisagées ?
Serge Lehman Le tome 6 met d’une manière évidente un point final à la narration de groupe. Il fallait montrer la chute des héros, mais cela ouvre par contre une porte sur tout ce qui précède. Il y a des choses à raconter sous la forme d’un flash-back, mais cela dépendra des opportunités éditoriales qui se présenteront.
C’était un choix de « terminer » l’univers, alors que, dans les comics américains, les personnages peuvent revenir ? : Oui, tout à fait
il fallait désigner la blessure profonde que représente l’échec final des surhommes européens.
S’y ajoute le défi que représente la création d’un super-héros français, en raison du rapport à la Nation. A cette égard, la scène où Séverac s’enroule dans le drapeau français fut à la fois extrêmement difficile à écrire et dans le même temps libératrice, il s’agissait là de trouver un équivalent à ce que peut ressentir un américain en voyant Captain America réaliser un exploit.
Et ceci sans vouloir faire de propagande nationaliste !
Mais nous espérons pouvoir amorcer un mouvement de reconquête de la figure du super héros européen, qui sait ?


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