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Eclipse : un entretien avec Mathieu Saintout

Par Gillossen, le mardi 22 janvier 2013 à 17:30:00

Un Hiver de SangAlors que le label Eclipse annonçait officiellement son retour pas plus tard que ce matin, découvrez dès maintenant un entretien inédit avec Mathieu Saintout, déjà à l'origine de l'aventure Eclipse et toujours aux commandes du label chez Panini Books.
Il répond à toutes nos questions concernant cette résurrection attendue, le planning de 2013, les différentes collections, la place de la fantasy, le soutien d'un groupe comme Panini, etc, etc...
En espérant que vous apprécierez cette initiative de notre part, bonne lecture !

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L'interview

Pour commencer, comment expliquer l’arrivée d’Eclipse chez Panini ? Vous avez disparu du paysage plutôt brutalement !
Eh bien Bibliothèque Interdite et son label Eclipse ont connu une année 2011 très difficile, notamment avec de gros problèmes de mise en place liés à plusieurs facteurs. Cela a asséché les fonds de la société, la mettant en difficulté. Au début de l’année 2012, nous avons recherché d’éventuels partenaires pour nous soutenir, et c’est à ce moment-là que les éditions Panini pour lesquelles nous avions déjà travaillé, nous ont contactés. Ils recherchaient à se développer dans l’édition de romans et nous ont proposé de reprendre le catalogue Eclipse.
Comment s’est donc effectuée cette transition chez Panini ?
Tout en douceur. Panini a fait un gros travail en amont, notamment sur le plan juridique, puis il a fallu préparer le planning 2013, planifier les premières sorties, réorganiser les équipes… Bref, nous avons fait un gros travail, notamment d’editing sur les anciennes traductions.
On parle de 70 titres rien que pour cette année 2013… Dans un marché difficile, comment comptez-vous trouver votre place ?
Le marché est certes difficile, mais nous bénéficions d’une équipe commerciale hyper motivée et de l’enthousiasme débordant des libraires pour Eclipse ! De plus, nous avons pris le parti de séparer les genres en créant deux collections bien distinctes. Eclipse bien sûr, pour la fantasy, la science-fiction, l’horreur, les zombies mais aussi les adaptations de jeux vidéo et de comics ; Et Crimson, notre nouvelle collection bit-lit. Ceci nous permet donc de mieux cibler notre communication en évitant de mélanger les messages et les genres. Nous avons aussi la chance d’appartenir à un groupe solide et connu qui a déjà fait ses preuves dans le domaine de l’édition en France et à travers le monde, ce qui rassurant quant à la pérennité des collections.
Peut-on faire le point sur les titres réédités ? Les libraires ne sont-ils pas surpris de les voir revenir si vite ?
Les librairies ont suivi l’histoire et comprennent très bien le passage du catalogue Eclipse aux éditions Panini. La majorité des titres sont commercialisés comme des nouveautés, vu les soucis auxquels nous avons fait face sur les mises en place en 2011. Nous rééditons donc une grosse partie du catalogue Eclipse, à l’exception de quelques (rares) ouvrages qui sont partis chez d’autres éditeurs ou bien que nous avons décidé de ne pas reprendre.
Quelle serait selon vous la définition de la collection Eclipse, son pedigree ?
Notre objectif est et à toujours été de vouloir surprendre les lecteurs. Quand nous avons signé La Triste Histoire des Frères Grossbart, je savais que ce roman ferait partie de mes coups de cœur, car il représente à lui seul l’esprit Eclipse : un beau livre, superbement écrit (et traduit aussi) avec des idées fraîches et un traitement original. Certes nous avons aussi des titres plus classiques, comme la série du Death Dealer de Frank Frazetta, mais là, c’est le personnage qui méritait d’être édité… tout le monde connaît le Death Dealer, et les illustrations de Frazetta ont bercé toute notre enfance.
Quelle place occupera le genre qui nous intéresse en priorité, la fantasy ?
La fantasy est l’une des priorités de Panini, même si nous savons que nous ne sommes pas seuls sur ce marché. Nous recherchons avant tout des ouvrages de jeunes auteurs, mais aussi des séries courtes, ce qui nous permettrait de bien les travailler auprès des libraires. Ce que nous voulons éviter à tout prix, c’est publier des histoires éculées et déjà maintes fois lus par les lecteurs. Ce n’est pas toujours possible, mais on essaie !
De façon plus générale, comment vont s’articuler vos collections, au nombre de trois ?
Eclipse va rester la collection principale en publiant de la fantasy, SF, urban fantasy, de l’horreur, des jeux vidéo, des adaptations de comics et du zombie (où nous avons connu d’excellents succès). Ensuite, nous avons créé la collection Crimson, spécialisée dans la bit-lit. Tous les ouvrages Crimson seront publiés au format poche. Ensuite, avant l’été, nous lancerons Scarlett, notre collection Young Adult dont le catalogue est déjà bien garni.
Panini est un groupe important. La promotion est-elle un élément stratégique majeur ou s’agit-il avant tout de mettre en avant les bons titres ?
La promotion est essentielle si nous voulons que nos ouvrages aient la visibilité nécessaire pour que le public les connaissent et, pourquoi pas, les lisent ! Mais notre objectif majeur est d’installer une véritable relation de confiance avec nos lecteurs. Un peu comme l’ont brillamment réussi les éditions Soleil en BD. Si on arrive à installer un « esprit » Eclipse dans lequel les lecteurs se reconnaissent, on peut espérer qu’ils nous suivent longtemps !
Pouvez-vous donc nous parler de votre programme 2013 ? De vos éventuels coups de cœur ?
Il y a plusieurs titres dont j’attends avec impatience la sortie. Pour commencer, nous venons d’acquérir Osama de Lavie Tidhar qui a récemment obtenu le World Fantasy Award 2012. C’est un ouvrage fantastique, magnifiquement bien écrit, et qui peut soutenir la comparaison avec Le Maître du Haut Château (mais je ne suis pas impartial). Je suis sûr que les lecteurs apprécieront toute la complexité du récit et découvriront par la même un nouvel auteur à la plume incroyable.
Ensuite, nous avons enfin la possibilité de publier Harmony de Project Itho, un auteur japonais étonnant dont le récit m’a complètement scotché ! Le roman a d’ailleurs reçu au Japon le Seiun Award, l’équivalent du Hugo, et a aussi reçu une mention honorable lors des Hugo 2011.
Who Fears Death de Nnedi Okorafor (World Fantasy Award 2011) est aussi un ouvrage surprenant, mélange d’urban fantasy africaine et de récit de vie dans une région saharienne post-apocalyptique. C’est un récit sublime qui nous plonge dans un monde terrible. Je n’ai pas pu le lâcher avant la fin du récit, et j’espère que les lecteurs ressentiront la même chose que moi : cette impression d’avoir lu un ouvrage unique en son genre. Nnedi Okorafor est aussi une auteure inconnue du grand public, et j’espère réellement pouvoir l’inviter pour discuter de son roman avec notre lectorat.
Nous aurons aussi le plaisir de rééditer D’Obsidienne et de Sang de Aliette de Bodard, notre auteure française publiée d’abord en anglais par Angry Robot. Là, il ne s’agit que de chauvinisme primaire, elle doit être connue en France ! De plus, un roman de fantasy Aztèque, superbement bien traduit, plongera les amateurs dans un monde que nous connaissons bien peu. Cette série est l’une de mes préférées en fantasy depuis un bout de temps.
Les amateurs de l’humour noir de Jesse Bullington découvert dans La Triste Histoire des Frères Grossbart pourront se régaler avec son nouveau roman Enterprise of Death, où l’on suit les péripéties d’une esclave mauresque nécromancienne dans une Europe de la Renaissance… tout est dit ! La série de Johannes Cabal avait aussi reçu un très bon accueil, nous allons donc continuer la série. Bon, il reste plein d’autres ouvrages que j’adore, mais ceux-là sont vraiment la crème de la crème je trouve.
Et, puisqu’on l’imagine bien avancé, nous dire quelques mots de celui de 2014 ? Eclipse compte-t-elle miser sur des auteurs de renoms ou des nouveaux venus ?
Les jeunes auteurs (pas forcément par l’âge, mais par l’expérience) restent l’un des axes que nous aimons explorer. Certains d’entre eux ont des idées neuves sur l’écriture, la fantasy, ou simplement sur la manière de mener une histoire, et je pense qu’il est du devoir de tout bon éditeur de livrer aux lecteurs français ce genre d’ouvrage. Nous aurons donc de nouveaux auteurs et de nouvelles séries.
Vous aviez publié Druide, d’Oliver Peru. D’autres romans d’auteurs français sont-ils envisageables ?
Nous souhaitons en effet publier des auteurs français. L’incroyable succès de Druide nous conforte dans cette idée.
À terme, quelle place aimeriez-vous occuper dans le paysage des littératures de l’Imaginaire français ? Visez-vous celle de leader ?
La place de leader est chèrement défendue par ceux qui y sont ou qui s’en approchent ! Mais il est indéniable que les éditions Panini qui occupent la place de leader sur le marché des comics et une place importante dans le secteur du manga, ont une certaine ambition. Un top 5 serait déjà bien, non ?
Quel est votre plus grand défi à court terme, pour cette année ?
J’avoue que le fait de retravailler des titres déjà parus est un sacré défi. C’est bien sûr exaltant car cela nous permet de retravailler certaines traductions, mais on se demande toujours quand un titre n’a pas marché si c’est parce qu’il s’agit d’un mauvais bouquin ou si c’est pour d’autres raisons. Il y a donc un gros travail, tant éditorial que commercial. Je pense par exemple à La Folie des Anges de Kate Griffin et la série de Matthew Swift dont le premier tome n’a pas été commercialisé alors que le roman est incroyable. Avec une équipe marketing et commerciale de choc telle que celle que nous avons, je sais maintenant que nous pourrons enfin donner à ce roman toutes ses chances. A celui-ci… et tous les autres !

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