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Ce que le Trône de Fer doit à J.R.R. Tolkien
Par Alice, le 6 août 2014 à 15:00
Créateurs de mondes
Le héros central de Tolkien est un homme ordinaire – un humble hobbit d’un ancien peuple connu pour aimer « la paix et le calme et la terre bien cultivée ». Martin s’intéresse aux royaux, cible d’autres têtes couronnées des Sept Royaumes ainsi que les membres de leurs familles. Et quand un roi est décapité, malheur sur la terre.
Certes, Le Trône de fer possède un ton différent de l’œuvre de Tolkien. Au nom des rois Elfes, des seigneurs Nains, et des Hommes mortels, le Hobbit guilleret Frodon Sacquet de Tolkien prend sur lui de garder le fardeau, « l’anneau maître, l’anneau unique pour les gouverner tous » du Grand Sauron, le Seigneur des ténèbres qui gouvernerait tout en Terre du Mordor. Frodon est même capable de résister partiellement au pouvoir de l’Anneau de bien des façons impossibles aux hommes. Le ton de Tolkien dans les romans Bilbon le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux peut même être considéré comme romantique : les jeunes filles elfes tombent amoureuses d’hommes humains et abandonnent leur don d’immortalité.
La fantasy plus sombre et plus granuleuse de Martin clame la terre médiévale couverte de toujours plus de sang, d’infanticide et d’inceste. Les grandes maisons dynastiques sont affaiblies et des combats mesquins pour le trône ébranlent le besoin d’une défense unifiée contre l’ennemi qui menace derrière le Mur. Il met l’accent sur les pires aspects de ses personnages, il leur donne même les choix éthiques les plus humainement impossibles à faire et les tue par caprice. Dans le monde de Martin, la cruauté gagne.
Mais les bases du Seigneur des Anneaux et du Trône de fer sont les mêmes. Comme le Sauron de Tolkien, disposé à massacrer, peu importe combien de temps il lui faudra pour regagner le pouvoir de l’anneau, la série fantasy de Martin fonctionne grâce à des motivations primitives : tuer quelqu’un pour obtenir quelque chose. Et, comme Martin l’a dit : Quand vous jouez au jeu des trônes, vous gagnez ou vous mourrez. Il n’y a pas de demi-mesure.
Dans chaque série, l’intrigue contient une bombe à retardement. Tolkien a dit que l’Anneau unique est un simple mécanisme qui fait fonctionner l’horloge vite
. L’Hiver arrive
est la phrase qui lance l’action dans l’univers de Martin – la promesse de ce qui sera un long gel s’installant sur toute la terre.
Les deux auteurs écrivent des scènes qui ressemblent aux histoires des pièces de Shakespeare, alternant des jeux d’épées avec des dialogues complexes, des fausses accusations de trahisons et des décapitations. Les épisodes du Trône de fer de HBO ont des chorégraphies de combats spectaculaires, allant des combats à l’épée enflammée en passant par des craquages de têtes et des énucléations. Le Gandalf de Tolkien, le dernier magicien à apparaître dans la Terre du Milieu, utilise le feu et un bâton dans les batailles supernaturelles. Il était, Tolkien écrit, l’ennemi de Sauron, opposant au feu qui dévore et désole le feu qui soulage la détresse et attise l’espoir défaillant
. Gandalf souffle des ronds de fumée fantasques et créé des feux d’artifice à couper le souffle qu’il allume dans la Comté. En revanche, les détournements de Martin sont classés X (bordels, parties à trois, inceste et des litres de vin rouge aigre).
Le Seigneur des Anneaux et Le Trône de fer sont des cycles épiques : ils permettent de s’évader à travers les dragons et les loups, les séductions et les duels. Le bon et le mal sont plus clairement définis dans la vision de Tolkien, façonnée par l’enclavement entre les deux guerres mondiales du XXème siècle. La vue blasée de Martin est sûrement mieux adaptée à cette époque de chevauchement et d’emboîtement des conflits. Et ses romans de fantasy évoquent également des tensions plus ordinaires et plus familières, dans un âge où la politique de bureau et les relations personnelles peuvent être vicieuses, au point d’inciter à la vengeance.
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