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La Boussole d’Or : Chris Weitz se confie

Par Palinka, le dimanche 9 décembre 2007 à 19:31:37

Chris WeitzChris Weitz, scénariste et réalisateur nomminé aux Oscars, est connu pour son travail sur des comédies romantiques telles que Pour Un Garçon, ou En Bonne Compagnie. Néanmoins, il a accepté la dure tâche non seulement de réaliser, mais également d'écrire le film d'aventure fantastique des studios New Line, La Boussole d'Or.
Il est le premier à admettre qu'il n'avait pas beaucoup d'expérience en ce qui concerne les effets spéciaux et les images de synthèse, et qu'il était donc très inquiet en acceptant un tel film. Cependant, il a également avoué être un grand fan de la trilogie de Philip Pullman, « À la Croisée des Mondes », et qu'il ne pouvait pas laisser passer la chance de faire partie du projet.
ComingSoon.net a rencontré Weitz à Londres, où il a parlé du processus de réalisation qui a représenté pour lui un défi, mais aussi de ses projets à venir.

Questions et réponses avec Chris Weitz

ComingSoon.net : C'est un très grand projet pour vous. Pourquoi vous sentiez-vous si passioné ? Et en fait vous êtes parti à un moment donné, et vous êtes revenu, n'est-ce pas ?

Chris Weitz : Oui en effet. Eh bien, j'étais très passionné par le projet parce que j'adore les livres. Pour commencer, j'ai lu les livres pour le plaisir, pas dans l'optique d'en faire un film. Et ils ont rapidement fait partie de mes livres préférés. Et Philip est comme un héros littéraire pour moi. Je pense qu'ils font partie des plus grandes oeuvres de la fin du siècle dernier. Et donc c'est pour cela que je l'ai fait. La raison de ma brève démission, c'est parce que c'était évident. C'était comme avoir un peu l'impression d'approcher quelque chose de dangereux. Je me suis rendu en Nouvelle Zélande pour jeter un coup d'œil aux équipements de Peter Jackson là-bas. Et j'ai rencontré tous ses accessoiristes et les gens des effets spéciaux, et j'ai fait un peu de motion capture. Et j'en ai appris assez pour me rendre compte du peu de choses que je savais sur le sujet, et que pour les trois années suivantes, j'allais être plongé là-dedans, ce monde qui ne m'était absolument pas familier. Et à l'époque j'étais célibataire, et j'ai pensé « Bon, je vais juste ne plus avoir de vie pendant trois ans, et à la fin je serai comme recraché à l'autre extrémité ». Et Dieu sait ce qui se serait passé jusque là. Donc j'ai fait machine arrière. Mais l'occasion s'est présentée à nouveau un peu plus tard, et je n'ai pas pu la refuser.

CS : Parmi tout ce que vous avez appris grâce à ce processus, qu'est-ce qui vous a le plus surpris ?

Weitz : Je pense que ce qui m'a le plus surpris, c'est que les réalisateurs qui, comme moi, sont habitués à diriger des acteurs qui marchent, parlent et s'assoient sur leur fesses, peuvent devenir très méprisants à l'égard des effets spéciaux visuels. Ils pensent que ce ne sont que tout un tas d'ordinateurs, et des choses qui explosent, et des robots géants, et ce genre de choses. Mais en réalité, il y a énormément d'arts et d'artifices apportés à ces détails. Les animateurs sont comme des acteurs et toute l'attention portée à l'esthétique de cet aspect de la réalisation est extraordinnaire et impressionante.

CS : Le générique de fin est une chanson de Kate Bush. Comment l'avez-vous convaincue de se joindre au projet ?

Weitz : Non, j'ai juste eu de la chance parce que c'est une amie de Philip Pullman, et elle est fan des livres. À de nombreuses reprises en faisant ce film j'ai eu énormément de chance parce que les gens aimaient les livres. Nicole et Daniel voulaient faire le film à cause de Philip, pas de moi. (Rires) Moi, j'ai juste fait partie du voyage.

CS : C'est triste.

Weitz : Non, on va dire qu'au moins, je ne les ai pas fait fuir. Et donc, les livres ont exercé une fascination sur beaucoup de gens et ont amené de nombreuses personnes talentueuses, et sont à l'origine du casting extraordinaire que nous avons pu réunir.

CS : Pouvez-vous nous parler de la fin du film ? Quelle est cette histoire à propos de la fin que vous avez tournée mais que vous n'avez pas utilisée ensuite ? Elle figurera dans le prochain film, ou est-elle totalement éliminée ?

Weitz : J'ai l'intention de l'utiliser dans le prochain film; parce que je voulais la protéger, vraiment. Nous avons tourné les trois derniers chapitres du livre, qui sont durs et sombres et dont la fin est assez ambigüe. Il est devenu évident que les personnes du public ne connaissant pas les livres seraient à la fois désorientés, et un peu scandalisés à la fin de ce film. Et pour préserver la nature de ces trois derniers chapitres, j'ai pensé qu'ils iraient très bien au début de deuxième film, mais je vais avoir beaucoup de pression pour enjoliver un peu pour la fin du premier. Donc d'une certaine manière, décider de laisser la fin plus ou moins en suspens c'était un peu comme un moyen de protéger l'esprit du livre. Et de toute façon, à mon avis, Pullman dirait qu'il ne raconte qu'une histoire tout du long, l'histoire de Lyra. Cela n'avait pas particulièrement d'importance, où se termine un film et où l'autre commence, cela déçoit les fans parce qu'ils veulent en voir le plus possible. Ils veulent penser en terme de un film par livre, mais j'ai parlé de cela à Pullman, et je ne pense pas qu'il se soit senti très inquiet.

CS : C'est un énorme pari, dans le cas où le film ne marcherait pas, vous avez le bonus DVD le plus cher qui ait jamais été réalisé.

Weitz : Eh bien ce n'est pas comme si nous allions perdre moins d'argent si les gens ne vont pas voir le film. Donc oui, c'est un pari, mais le projet entier a été un énorme pari du côté de New Line : c'est le film le plus cher qu'ils aient jamais fait, parce que tout est devenu tellement plus cher entre le tournage du « Seigneur des Anneaux » et celui-ci, que j'ai pensé que c'était la fin qui offrait le meilleur cadre financier à partir duquel tourner les deux prochains.

CS : Vous avez coupé le film avec la fin qui est dans le livre ...

Weitz : Exact.

CS : Et vous avez visionné cela et après rélexion vous avez re-coupé.

Weitz : Oui, oui. Vous devez garder à l'esprit que le public idéal pour ce film doit être bien plus important que le nombre de personnes qui connaissent les livres, et les membres du public qui n'avaient pas lu le livre étaient souvent confus par la fin : « Lyra est allée au Paradis ? ». Je pense que la différence de support a aussi de l'importance. Une fin romanesque pour un roman peut être adorable, mélancolique, et belle. Et la dernière phrase du premier livre et absolument magnifique. Mais il n'y a pas de dernière phrase à proprement parler dans le film. C'est une dernière image et ce que vous montrez peut être soit très flou et avant-gardiste, ou alors cela peut être une personne qui disparait dans le néant ou alors vous montrez où elle va, vous pouvez rendre cette image relativement explicite et parfaitement achevée. C'était une décision difficile à prendre, mais je m'y tiendrai.

CS : Êtes-vous libre de proposer un budget ?

Weitz : Est-ce que je suis libre ? Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne connais pas le budget final du film. Je l'ai su à un certain moment, lorsqu'il fallait le réduire mais au final, vous devez prendre en compte, vous savez, que les gars des effets spéciaux viennent de Los Angeles pour travailler vingt-quatre heures par jour, etc. Je pense qu'environ deux cent milions de dollars, ce serait une estimation assez juste.

CS : Laissons de côté votre casquette de réalisateur un instant – à quel point l'adaptation représentait-elle un défi, et à quel point l'exposition a-t-elle été difficile ?

Weitz : Bonnes questions, les deux. Oui, c'est un énorme défi. C'est un plus grand défi d'adapter quelque chose que l'on apprécie que quelque chose que l'on n'apprécie pas. Et c'est aussi un plus grand défi d'adapter un bon livre qu'un mauvais parce que dans un bon livre, vous voulez garder autant d'éléments que possible. Dans un mauvais livre, vous savez exactement ce que vous voulez jeter. (rires) Donc en tant que fan aussi, il y a des scènes magnifiques dans le livre, qui ne font pas nécessairement avancer l'intrigue d'un point de vue cinématographique, et décider lesquelles devraient être supprimées et quel genre d'allusions et de compromis je devrais utiliser est très difficile. Et en terme d'exposition, il y a énormément d'incroyables sortes de complexité avec des règles très compliquées et je déteste l'écriture d'exposition et la clé est d'essayer d'être aussi élégant que possible dans l'expression des règles de ce monde. Et oui, nous avions un prologue, mais nous avons essayé de le rendre aussi court que possible en explicant le minimum d'éléments à un public qui n'a pas lu les livres.

CS : À quel point cela vous a-t-il aidé d'être à la fois scénariste et réalisateur ?

Weitz : C'est une question qui demande reflexion. Je pense qu'il y a des concessions parce qu'il y a des disputes que le réalisateur doit gagner parce le scénariste écrit des choses qui sont impossibles à tourner. Il y a des milliers d'Indiens qui viennent d'une colline et les effets spéciaux équivalents existent. On peut vouloir commencer le film avec la création de l'univers et vous êtes constamment en train d'équilibrer la forme visuelle que j'aimerais avoir avec ce qui est à mon avis la meilleure utilisation de vos ressources. Donc par exemple, une scène avec mille personnes, chacune d'entre elles avec un dæmon, vous savez, ce serait incroyablement cher, donc vous devez être prudent lorsque vous faites ce genre de choses.

CS : Êtiez-vous présent lorsque Pullman a vu le film ?

Weitz : Non, je n'étais pas là quand Philip a vu le film. Cela aurait probablement été mauvais pour mon coeur. (Rires)

CS : Vous avez dû être très anxieux d'entendre ce qu'il en a pensé.


Weitz : Oui, et il l'aime beaucoup – ou du moins, c'est ce qu'il m'a dit. (Rires) Vous savez, c'est un homme très bon. La raison pour laquelle je dis « c'est ce qu'il m'a dit », c'est que le voisin d'à côté c'est ce genre de gars et je suis sûr que vous trouveriez quelque chose de gentil à me dire.

CS : Combien de temps vous êtes-vous engagé dans l'histoire – si cela continue avec vous.

Weitz : Eh bien nous découvrirons rapidement si c'est une affaire florissante. Tout dépend des résultats du premier. Même si nous sommes assez confiants.

CS : À ce moment-là, refuseriez-vous de faire les deux suivants en même temps ?

Weitz : Je pense que ce serait la meilleure façon de le faire. Il n'y a aucune raison d'arrêter entre les deux productions, il faut le faire en un seul ...

CS : Et je suis également sûr que vous voulez commencer à tourner avant que Dakota ne grandisse trop.

Weitz : Oui. En fait, je pense que c'est plutôt bien que Dakota grandisse un peu entre le premier et le deuxième film parce qu'il y a un genre d'histoire d'amour qui est introduite et je pense que cela ne serait pas un mal qu'elle devienne un peu plus mature entre temps. Mais oui, je pense que les évènements du deuxième et du troisième livre se passent dans une seule continuité.

CS : Comment avez-vous trouvé Dakota ?

Weitz : Eh bien, il y a litérallement eu un appel dans de nombreuses villes pour un casting. Je savais que nous voulions une Anglaise et qu'elle serait probablement inconnue. Et elle a émergé du millier de cassettes que nous avons reçu. Elle était juste très forte.

CS : On nous a dit que vous aviez essayé d'édulcorer les références à l'Église catholique romane, pourriez-vous nous en parler ?

Weitz : Oui, eh bien j'ai toujours plus ou moins su que j'étais coincé entre le marteau et l'enclume. Entre des fans, inquiets du fait que les livres ne soient édulcorés, et les religieux inquiets du fait que les livres ne soient un genre d'affiche de promotion de l'athéisme, ce qu'ils ne sont pas à mon avis. Philip est athée mais je ne pense pas que « À la Croisée des Mondes » soient une attaque agressive envers l'Église catholique ou la religion.

CS : Et qu'en est-il de C.S. Lewis et « Les Chroniques de Narnia » ?

Weitz : Il n'aime pas C.S. Lewis. (Rires) Mais, il en a déjà parlé. Je n'étais pas un grand fan de « Narnia », parce que même lorsque j'étais enfant, j'avais l'impression que l'on me vendait quelque chose. Je trouvais qu'il se passait quelque chose de bizarre, qu'il y avait quelque chose de suspect. C'est exactement la raison pour laquelle je ne voulais pas que ce film soit un genre de film à « message caché ». J'ai en effet retiré le mot « Église » comme méchants parce que même si dans le monde alternatif de Pullman ils utilisent le mot « Église » pour définir le Magisterium, pour moi, dans le résumé d'un film ou son message, cela offenserait inutilement les personnes croyantes qui pourraient aller voir le film. Et je pense que le film, tout comme les livres, ont toujours pour sujet les abus de la religion ou de Dieu dans le but d'obtenir un pouvoir politique, mais pour moi, ce qui s'en rapproche le plus c'est la théocratie en Iran, pas toutes les églises qui existent de nos jours. C'est mon impression sur ce sujet.

CS : Votre frère travaille sur « Cirque du Freak », quel sera votre rôle là-dedans ? Et pensez-vous qu'il ait appris quelque chose en regardant votre travail sur « La Boussole d'Or » ?

Weitz : (Rires) Il me pose beaucoup de questions sur les effets spéciaux, il me demande ce que c'est. (Rires) Oui, je pense que mon rôle là-dedans va être d'essayer de l'aider autant que possible dans l'apprentissage rapide d'être un réalisateur étranger aux effets spéciaux qui débarque dans ce monde et essayer de le faire bénéficier de ma douloureuse expérience dans l'apprentissage de tout cela.

CS : C'est lui qui écrit, ou c'est vous ?

Weitz : Oui, s'il me laisse faire. Non, il a écrit le script, donc je ne suis pas co-auteur. Je pense que ma meilleure fonction sera en tant que conseiller pour les effets spéciaux. Je veux dire, à tous les niveaux des effets spéciaux. J'imagine que je fais maintenant partie de la vingtaine de personnes à avoir traversé ce gnere de processus dingue et à avoir appris de personnes vraiment expertes dans le domaine des effets spéciaux comme Mike Fink, qui est vraiment un superviseur des effets spéciaux très talentueux et expérimenté.

CS : Avez-vous apprécié l'expérience, ou regrettez-vous ces jours où ...

Weitz : C'est beaucoup plus simple juste de tourner une scène avec des acteurs dans une pièce, tellement plus facile. Mais l'expérience d'être capable de manipuler les images autant que vous pouvez avec des outils digitaux est vraiment un sentiment merveilleux.

CS : Avez-vous toujours les droits du livre de Michael Moorcock ?

Weitz : Oui, je les ai toujours. Nous avons toujours les droits des « Chroniques d'Elric ». Je pense que maintenant j'en sais assez pour savoir comment le faire. Je suis très impatient de le faire, parce que Michael a été très patient avec nous et nous allons le faire pour lui.

CS : Quand pensez-vous pouvoir le placer dans votre emploi du temps ?

Weitz : Eh bien, je pense que nous allons commencer à chercher un réalisateur dès que je serai rentré à L.A.

Article originel.


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