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His Dark Materials, bilan de la saison 3

Par Zakath, le lundi 26 décembre 2022 à 07:25:55

HDMAprès une première tentative d’adaptation en 2007 au cinéma qui n’était pas allée plus loin qu’un film là où trois étaient prévus, c’est peu de dire que l’on attendait des efforts conjoints de la BBC et HBO qu’ils rendent enfin justice à l’œuvre de Philip Pullman.
Les deux premières saisons bénéficiaient d’un casting solide dans l’ensemble, prenaient des initiatives intéressantes notamment dans la première saison en introduisant Will parallèlement à Lyra puis en suivant Mrs Coulter durant la deuxième saison. Elles décevaient cependant aussi régulièrement à cause d’une réalisation sans saveur qui n’arrivait que trop rarement à traduire efficacement à l’écran des passages importants du livre et d’un rythme trop tranquille, plombé par des scènes d’intrigues au sein du Magisterium qui sentaient trop le remplissage pour ne pas user la patience des téléspectateurs.

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Analyse

Diviser en deux saisons Le miroir d’Ambre, ultime tome très épais de la trilogie, a été une piste un temps évoquée avant que l’on s’en tienne à une dernière saison de huit épisodes.
Décision raisonnable et payante car elle remédie en grande partie au problème de rythme précédemment évoqué : moins de délayage, au contraire on synthétise en supprimant certaines longueurs du roman comme la rencontre entre Will et le père Semyon avant que le premier ne fasse la connaissance de Iorek, en réduisant les nombreuses scènes entre Mary et les Mulefas ou en n’ayant que deux Gallivespiens au lieu de trois (pas de chevalier Tyalis, Salmakia suffit pour faire le job). Le frère Gomez a davantage d’interactions avec les autres personnages avant de se lancer sur la piste du « Serpent », ce qui rend sa sous-intrigue un peu moins annexe et répétitive (pour une conclusion similaire cela dit).

Aux rangs des améliorations, Dafne Keen et Amir Wilson ont une meilleure alchimie que durant la saison 2, l’interprète de Will se montre d’ailleurs moins monolithique et plus souriant que précédemment mais également que son homologue de papier. Ruth Wilson dans le rôle de Mrs Coulter a droit au meilleur développement du lot et en profite largement. Les scènes où l’émotion est demandée, lors des diverses séparations notamment, sont à la hauteur des attentes et il y a des moments où l’on parvient enfin à percevoir la dimension épique du troisième tome, comme lors de l’apparition de la place forte de l’Autorité dans les nuages au début de la bataille finale.

C’est néanmoins aussi là que l’on retombe dans les limites de la série.
Ces moments sont trop brefs et nous rappellent les contraintes budgétaires d’une adaptation qui ne peut rivaliser avec Les Anneaux de Pouvoir ou même House of the Dragon sur ce plan. Les créatures qui apparaissent à l’écran, notamment les Mulefas (sans squelettes en losange mais bien dotés de roulettes), les harpies et les quelques Daemons toujours trop discrets sont réussies mais les décors sont souvent trop ternes. Par exemple, la forteresse de Lord Asriel et de ses armées, qui paraissait si impressionnante dans le livre, se résume à un tas de ferraille et un campement de fortune qui manquent singulièrement de grandiose et de charme. Le manque de moyens et le pragmatisme ne peuvent pas toujours excuser certains choix esthétiques. En effet, si la forme angélique de Metatron est très bien faite et si l’on comprend que pour son affrontement avec Asriel et Mrs Coulter il doive cependant prendre forme humaine, pourquoi lui avoir choisi un look de biker gominé tout de cuir vêtu ? D’autant que tous les autres Anges que l’on voit qui adoptent une apparence humaine ont un look beaucoup plus zen. Enfin, si le tempo est beaucoup plus soutenu cette saison-ci, le dernier épisode souffre un peu du même problème que les derniers chapitres du livre : une fois la grosse bataille finale passée, il faut prendre du temps pour boucler les autres intrigues lancées, de manière moins spectaculaire et en donnant beaucoup d’explications. Heureusement, les dernières scènes entre Lyra et Will sont suffisamment poignantes pour que l’on reste sur une dernière impression positive.

Prise dans son intégralité, À la Croisée des Mondes version télévision aura été une expérience frustrante, ne manquant pas d’atouts mais bien de souffle pour être à la hauteur de l’univers des livres.
Cependant, malgré ses défauts, cette dernière saison aura su redresser la barre et être plus convaincante que les deux premières lors des passages attendus de pied ferme. On conclut dont sur une bonne note tout en se disant qu’il y avait de la marge pour faire mieux.


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