Sarah

Tome 3 du cycle : Une Histoire de l'Ile d'Errance
ISBN : 978-234402279-5
Catégorie : Bd
Auteur/Autrice : Grimaldi (Proposer une Biographie)
Dessin : Maike Plenzke (Proposer une Biographie)

Sur l’île d’Errance, où Humains et Créatures vivent séparés depuis toujours, Sarah est la fille du roi des hommes. On la dit sans cœur. Elle estime mettre de côté ses sentiments personnels pour aider son père et administrer le royaume de la façon la plus juste et la plus impartiale qui soit. Son destin bascule le jour où elle apprend que Bran, son frère ainé et héritier du trône, est mort dans un accident de chasse au cœur de la Forêt Interdite. Mais bien que son autre frère refuse de devenir le prochain roi et qu’elle possède toutes les qualités requises pour diriger, Sarah fait face aux poids des traditions : jamais une femme n’a hérité du trône. Sera-t-elle la première à faire mentir l’Histoire ?

Critique

Par Erkekjetter, le 30/10/2018

Pour ce troisième et dernier récit concernant l’île d’Errance, nous nous plaçons cette fois du côté des hommes, peu de temps après le départ de Bran pour sa partie de chasse. Nous suivons les pas de Sarah, sa sœur, une jeune femme au caractère bien trempé qui a choisi de se consacrer au royaume en assistant son père. Lui-même apparaît comme un homme juste, qui cherche à maintenir la paix fragile permise par la trêve avec les Créatures. On découvre également Devin, le second fils du roi, qui ne s’intéresse guère aux choses du pouvoir et refuse tout simplement d’hériter de la couronne. Et si Sarah a bien toutes les compétences pour prendre les rênes du pouvoir, nulle femme ne s’est jamais assise sur le trône. Elle pourrait toutefois assurer la succession, si tant est qu’on la marie.
Les deux récits précédents nous rapprochaient des Créatures et orientaient vers elles notre attachement : vu les faits contés, il était en effet difficile de choisir le camp des hommes… Sarah se présente toutefois différemment des humains jusqu’à présent mis en scène. En partie parce qu’elle cause avec un rouge-gorge qui la suit un peu partout, mais aussi parce qu’elle paraît plus concernée par le monde qui l’entoure que son frère aîné (et ses amis) que seul le pouvoir sur les autres enivrait. Du reste, pas de changement majeur par rapport aux tomes précédents : le scénario complète le tableau mis en place et permet d’explorer une facette que l’on n’avait pas encore abordée, et le dessin est toujours aussi bon et agréable à regarder. Les teintes des planches sont globalement plus sombres, comme pour souligner la noirceur du monde des hommes – comme on l’a vu, ce n’est pas la bienveillance qui les étouffe – par rapport à l’enclave nettement plus lumineuse des Créatures. Il faut dire que l’on évolue aussi beaucoup en intérieur, entre les murs du château.
L’histoire de Sarah permet de mettre en lumière le monde côté humains, et de nuancer un propos globalement dur à leur égard : il semblerait que tous ne soient pas taillés dans le même bois, malgré les nombreux mauvais exemples mis en scène jusqu’à maintenant. On conserve une forme narrative qui rappelle contes et légendes, avec une fin en demi-teinte, comme pour les tomes précédents – une fin qui n’est pas tout à fait une fin, diront probablement certains lecteurs. Il n’empêche. L’île d’Errance est une jolie création, peuplée de personnages à même de capter l’affection et l’intérêt du lecteur. Sans mièvrerie crasse, avec une pointe d’amer ou de tragique, les trois volets de cette Histoire de l’île d’Errance sont portés par des protagonistes forts et composent une fresque très plaisante, tant au niveau du scénario que du dessin. Le style de Maike Plenzke, véritable régal pour les yeux, fait partie de ces découvertes que l’on aimerait plus fréquentes.

7.5/10

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