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Retour sur la sélection 2012 du prix Elbakin.net

Par L'équipe du site, le lundi 25 juin 2012 à 22:00:00

JuryIl n’est pas dans nos habitudes de revenir dans le détail sur le pourquoi du comment de la présence de tel ou tel titre en lice pour notre prix littéraire.
Après tout, avec trois éditions seulement, dont la troisième en cours, il serait de toute manière difficile de parler d’habitude !
Mais peut-être est-il possible de répondre à quelques interrogations...

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Pourtant, comme toute sélection, elle fait des heureux et des déçus. Comme toute sélection, elle est commentée, même si notre prix est encore jeune et que les sites internet doivent encore composer avec un déficit d’image, voire de crédit. Mais en 2010 comme en 2011, nous avons eu notre lot de regrets quant à la présence ou l’absence de certains romans, parfois même entre membres des jurys, à l’heure d’établir notre sélection finale. Il ne faudrait pas croire que tout coule de source et que nous ne débattons pas âprement à l’occasion.

Nous ne prétendons pas détenir la science infuse et nous n’aurons jamais cette prétention, mais ce sont nos choix, des choix que nous assumons, que nous revendiquons. Des choix qui s’imposent aussi à nous car ils correspondent à notre vision du genre. Aujourd’hui, les frontières n’ont jamais été aussi troubles, aussi poreuses. Un phénomène qui se retrouve d’ailleurs jusque dans les collections des éditeurs. Un Jonathan Strange & M. Norell n’a pas franchement été publié par un éditeur spécialisé du genre, The City & The City se retrouve en policier au Fleuve Noir…
Certains penseront peut-être que ces lisières troubles nous arrangent bien, mais toujours est-il que ce point de vue correspond tout à fait aux positions qui sont les nôtres sur Elbakin.net. Par ricochet, ce constat nous pousse à la curiosité, l’ouverture, la découverte… Une attitude qui peut évidemment entraîner des déceptions, mais également de belles surprises ! Un parti pris qui n’entraîne pas les mêmes réactions chez tout le monde. Quoi de plus logique ? Mais nous aurions peut-être pu préciser tout cela et nous voulions à l'occasion de ces nominations revenir en quelques lignes sur notre vision. Pas tellement pour nous justifier – encore une fois, c’est notre sélection, à chacun de la considérer comme telle, nous ne demandons à personne de l’adopter – mais peut-être pour « désamorcer » certaines réactions de surprise.

Un roman comme le Cornes de Joe Hill illustre bien par exemple la perméabilité des genres. Bien sûr, c’est un roman noir. Mais nous avons considéré qu’il disposait aussi d’une dimension fantasy urbaine, que d’autres catalogueront plutôt en fantastique. Pas de problème. Nous avons trop de bons livres – ce qui est là, l’essentiel, non ? – à lire pour nous lancer dans d’interminables querelles de clochers.
Il en va de même avec la présence de La Traque de Gabriel Katz en sélection Jeunesse, un roman qui n’est pas spontanément présenté comme un roman jeunesse malgré son éditeur, Scrinéo. La « preuve », aucune trace d’une mention « Jeunesse » en couverture. Est-ce que cela devrait l’éliminer pour autant d'office ? Après tout, La Geste d’Alban ne compte pas non plus de mention Jeunesse placardée en toutes lettres en couverture et cela ne semble choquer personne. On en revient en réalité à la question de la définition même d’un roman Jeunesse, une question loin d’être tranchée et dont on discute par exemple sur notre forum encore aujourd’hui. Qu’est-ce qu’un roman Jeunesse ? A titre personnel, je me garderai bien d’émettre un jugement précis. Et je ne crois pas que notre jury jeunesse, composé aussi bien de parents, de documentalistes ou d’universitaires, estime pouvoir en donner une définition irréfutable et définitive.

En tout cas, rappelons que par roman Jeunesse, nous englobons aussi ce que les éditeurs classent désormais sous l’étiquette Young Adult, une précision qui pourrait avoir son importance aux yeux de certains. D’où un grand écart à l’heure de faire nos choix, certes, mais un grand écart dont nous sommes fiers, car il illustre justement la vitalité et la diversité de la fantasy !
Cependant, pas besoin de songer aux parutions Young Adult pour expliquer notre propos : après tout, quid de la violence psychologique ? Certains passages d’A la croisée des mondes, une œuvre pourtant classée par tous en Jeunesse, ne sont-ils pas bien plus sombres, bien plus noirs, bien plus effrayants que la mention d’un « geyser de sang » dans une scène de combat d’un roman d’aventure ? Ne parlons pas de Hunger Games et autres romans de la vague dystopie qui balaie les parutions Jeunesse depuis deux ans. Et pour prendre une comparaison avec les interdictions du cinéma, tout le monde ne réagit pas avec la même maturité devant les mêmes situations, peu importe l’âge des personnes concernées. Bref, on pourrait continuer longtemps à développer notre propos et multiplier les cas de figure. Une chose est sûre, un roman Jeunesse n’est pas, pour nous, un « petit » roman qui ne démérite pas mais qui n’a pas sa place « chez les grands ».

Notre but dans le cadre de cet article n’est pas de vous convaincre, vous ou encore moins les gens « qui savent ». Après tout, on devrait même sans doute les envier de faire preuve d’autant de certitudes. On aimerait bien pouvoir afficher une telle assurance. Non, notre but était de vous apporter quelques précisions, quant à notre définition de la fantasy et de ses catégorisations, souvent bien trop étriquées à notre goût. En espérant que votre propre vision soit en accord avec la nôtre, car c’est une certaine fantasy en perpétuelle évolution que nous voulons vous faire partager.
Mais si ce n’est pas le cas… il n’y a pas mort d’homme, seulement de très bons livres !


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