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Bilan 2024, l’année fantasy des maisons d’édition

Par Gillossen, le 31 mars 2025 à 07:30

Argyll éditions - Xavier Dollo et Simon Pinel

Argyll

Alors que 2024 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou même la situation globale en Imaginaire ?
Une année moyenne, il faut bien l’admettre. Le marché, à mon sens, continue de se tendre ou d’aller vers d’autres portes qui ne sont pas celles de l’édition traditionnelle. Il faut donc en tirer quelques conclusions et s’adapter également à de nouveaux modes de consommation du livre. Une chose à noter, tout de même essentielle à mon avis : les paniers moyens en librairie baissent, la faute à un contexte économique compliqué.
De notre côté, c’est donc notre collection principale qui a souffert de 2024, avec certains titres qui ont su tirer leur épingle du jeu quand d’autres n’ont malheureusement pas trouvé leur public.
Pourtant, 2024 aura été cruciale pour nous avec un lancement qui rattrape – un peu – le reste : la collection RéciFs, la première collection d’imaginaire de récits courts consacrée entièrement aux plumes féminines. Le Bracelet de Jade de Mu Ming, L’agneau égorgera le lion de Margaret Killjoy, et Foodistan de Ketty Steward, autant de titres qui ont suscité l’engouement, avec une épiphanie aux Utopiales où la collection a été razziée dans l’espace librairie. En librairie, d’ailleurs, c’est du pareil au même, la collection plaît beaucoup aux libraires qui lui ont fait une véritable fête.
2024 s’est donc achevée sur une très bonne note qui, on l’espère, va lancer 2025 en feu d’artifice ! On avance en confiance, avec de nombreux beaux arguments à proposer tout au long de l’année.
Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ? On songe à l'usage de l'IA dans l'édition, ou aux coûts de production en hausse, aux difficultés rencontrées par beaucoup de maisons indépendantes…
Concernant l’utilisation de l’IA dans l’édition, je ne suis pas pour. Voilà, c’est tout.
Je retiendrai sinon l’abandon par nos gouvernements successifs du soutien à la culture, on l’a bien vu avec le cri d’alarme des Utopiales. Je retiendrai aussi, donc, la chute progressive et douloureuse d’un éditeur essentiel à notre petit écosystème de l’imaginaire, Les Moutons Électriques. Très dur de voir disparaître ainsi un éditeur historique.
Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2025 ?
Importante. On débute l’année avec Anouck Faure, autrice qui avait publié chez nous – avec succès – La Cité diaphane, une dark fantasy d’ailleurs reprise ce mois-ci en poche chez Pocket, dans le label « les étoiles montantes » (Merci donc à Charlotte Volper qui a adoré ce récit, tout comme nous !). La beauté d’Aatea nous a coupé le souffle et on dirait que l’accueil des libraires et des premiers lecteurices nous donnent raison. C’est un grand récit de voyage, maritime, au cœur de la Nuée, un étrange phénomène géographique sur plusieurs dimensions où le héros va vivre de nombreuses aventures, au travers d’une quête qui ressemble fort à une quête d’identité. « Un chef-d’œuvre » nous a dit l’excellent youtubeur Memo’art d’Adrien tandis que l’autrice Siècle Vaëlban confie à son sujet : « Je ne pense pas pouvoir, un jour, me remettre de cette lecture ni de ce personnage qui a volé mon cœur. ». Que dire plus ? Lisez Aatea ! Et allez rencontrer l’autrice dans les nombreux festivals auxquels elle est invitée cette année, Sirennes à Rennes (dont elle est la marraine) ou encore Les Intergalactiques à Lyon, et Trolls & Légendes à Mons.
Ensuite, dans la nouvelle collection RéciFs, en février, nous publions le deuxième volet des aventures de Danielle Caine, qui s’apparentent à la fantasy urbaine, une fantasy urbaine très anar ! Cette fois-ci, dans Les Morts possèderont la terre, Margaret Killjoy plonge Danielle Caine et ses camarades dans une aventure tout aussi excitante et étrange que la première, pour notre plus grand plaisir. Les amateurices de Scooby-Doo et de Buffy contre les vampires devraient être comblés. On me murmure dans l’oreillette qu’en plus il y a un dinosaure sur la couverture – il paraît que ça compte ! Traduction Mathieu Prioux, comme pour le premier opus.
Notre autre joyau de fantasy du premier semestre est incontestablement La Lance de Peretur de Nicola Griffith, traduit par Marie Koullen. Dans ce court roman intense et merveilleux, Nicola Griffith, autrice trop peu connue sous nos latitudes, nous embarque dans une fantasy mythique qui revisite la quête du Graal à travers l’histoire d’une jeune héroïne, Peretur, élevée seule par sa mère, dans des conditions d’isolement. Mais notre jeune héroïne, vêtue de sa lance et d’une vieille armure, va très vite partir dans le but de rejoindre Caer Leon et la cour d’un certain roi Artos. Réécriture queer, LGBT du mythe de Perceval, Griffith propose un récit d’une rare puissance littéraire. Nul besoin de dix tomes, la facilité de l’autrice à rendre son texte dense tant au niveau des idées que du style impressionne d’emblée et l’intensité donnée à son histoire la rend tout simplement époustouflante et inoubliable. Non, vous n’oublierez pas Nicola Griffith de sitôt et, à notre avis, vous en redemanderez rapidement ! Pour cette édition, nous avons également demandé à Fabienne Pomel, universitaire rennaise spécialiste des médiévalismes et des questions de genre, de lire le roman et de nous écrire une postface, ce qu’elle a accepté avec joie après avoir dévoré La Lance de Peretur ! La sortie est prévue pour le mois de mars.
Enfin, nous proposerons dans le courant de l’année un sacré récit de transformation, dans la lignée de The Substance ou de Titane, Chlorine, de l’autrice américaine Jade Song, traduit là encore par Marie Koullen. Un roman qu’on ne peut que lire en retenant sans souffle, un roman radical qui a su saisir l’air temps dans lequel nous vivons. Tout simplement époustouflant, et un coup de cœur général chez Argyll. Il sortira à l’occasion d’un mois de mai labellisé « body horror » en compagnie d’un RéciFs qui a lui aussi été un coup de cœur pour toute l’équipe, Re:Start, signé Katia Lanero Zamora. Croyez-moi, vous n’êtes pas prêts pour ces deux textes.
Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?
Continuer de défendre les littératures qu’on aime avec la même conviction. Installer RéciFs dans la durée et trouver un équilibre entre nos deux collections. Puis fêter nos 5 ans en 2026 !

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.

  1. Le Bélial' - Olivier Girard
  2. Aux forges de Vulcain - David Meulemans
  3. Denoël Lunes d'Encre - Pascal Godbillon
  4. Les éditions Critic - Florence Bury et Eric Marcelin
  5. Les nouvelles éditions Actusf - Jérôme Vincent
  6. Le Livre de Poche - Paul-Etienne Garde
  7. Albin Michel Imaginaire - Gilles Dumay
  8. Argyll éditions - Xavier Dollo et Simon Pinel
  9. L'Atalante - Mireille Rivalland
  10. Outrefleuve - Julie Cartier
  11. Les éditions Scrineo - Jean-Paul Arif
  12. Les éditions du Rouergue - Olivier Pillé
  13. Les éditions Pygmalion - Florence Lottin
  14. L'école des loisirs - Loïc Théret
  15. Les éditions Bragelonne - Claire Renault Deslandes
  16. J'ai Lu - Quentin Monstier
  17. L'Homme Sans Nom - Dimitri Pawlowski
  18. Ynnis éditions - Cedric Littardi
  19. Le Rayon imaginaire - Brigitte Leblanc
  20. Les éditions Callidor - Thierry Fraysse
  21. Mnémos - Frédéric Weil
  22. Folio SF et Fantasy - Pascal Godbillon

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