Nous sommes le 24 septembre 1914, dans le Nottinghamshire, à Gedling, plus précisément à Phoenix Farm.
Le jeune John Ronald Tolkien et son frère Hilary rendent visite à leur tante Jane Neave. Tandis que son cadet s'est déjà engagé dans l'armée, John a décidé de terminer ses études à Oxford d'abord. Au cours de ses études sur l'anglo-saxon, il rencontre un nom dans le Livre d'Exeter : éarendel. Et en ce jour, il compose la première version du "Voyage d'Earendel l'Etoile du Soir" dont il existe 5 versions. Voici la traduction de la première strophe, telle qu'elle figure dans le Livre des Contes perdus, tome 2.

Éarendel sprang up from the Ocean’s cup
In the gloom of the mid-world’s rim;
From the door of Night as a ray of light
Leapt over the twilight brim,
And launching his bark like a silver spark
From the golden-fading sand;
Down the sunlit breath of Day’s fiery Death
He sped from Westerland.

Éarendel jaillit hors de la coupe de l'Océan
Dans la pénombre de la bordure du monde du milieu
De la porte de la nuit comme un rai de lumière
Bondit au dessus du bord crépusculaire,
Et lançant sa barque comme une étincelle d'argent
Du sable doré-pâlissant
Au bas du souffle ensoleillé de l'Agonie enflammée du Jour
Il fila depuis les Terres de l'Ouest.

Ce poème racontant comment une étoile monte dans le ciel, c'est le point de départ que Tolkien va creuser, approfondir, étayer et construire son Légendaire, à coups de brouillons et de réécritures. Pour donner une image, c'est la graine qui a produit une forêt immense, avec tant de racines et de branches que son origine, cette petite graine, se retrouve quelque part au milieu de tout.
Quitte à parler de ce qui s'est passé il y a un siècle, outre les destructions sans nombre dans notre monde, ayons une pensée pour cet autre autre monde qui venait de naître et s'épanouit encore de nos jours.

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