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Un entretien avec Elvire de Cock !
Par Gillossen, le samedi 3 mai 2008 à 09:20:37
Il aura fallu le temps, mais cette fois, nous y sommes !
La dessinatrice de Tir Nan Og, bande dessinée scénarisée par Fabrice Colin, répond enfin à nos questions ! Preuve de notre curiosité et de notre volonté de l'interviewer, nous lui courions après depuis la sortie du premier album, de quoi vous donner une idée plus précise de notre attente.
Au passage, n'hésitez pas à aller faire un petit tour sur le blog d'Elvire ! Après avoir lu notre entretien de la première à la dernière ligne, bien entendu !
Questions et réponses avec l'auteur
- Comment vous êtes-vous retrouvée sur ce projet en collaboration avec Fabrice Colin, l’un des grands noms de la fantasy française ?
-
La rencontre s’est passée via la maison d’édition, les Humanoïdes Associés. J’étais passée à Angoulême en, euh, 2004 je crois. Mon book sous le bras et pas de projet en poche, je cherchais surtout un avis/une prise de température juste après ma sortie de St-Luc établissement belge, ndG). Les Humanos ont bien aimé ce que je faisais. Fabrice avait envoyé des choses de son côté et il se trouve que mes envies graphique (du 19ème et des gosses) rejoignaient certaines de ses envies d’histoire. Voilà comment a commencé la collaboration !
- Comment avez-vous procédé pour donner vie à ce New York de début de siècle ? On imagine beaucoup de recherches !
-
Effectivement, il y a eu du visionnage de films à gogo et de l’achat compulsif de bouquins. Le New York de 1900 est un NY très hybride, en plein changement et en construction permanente. Ce n’est ni celui des baraques de Gangs of New York, ni celui des buildings que tout le monde connaît. A cette époque, les seules constructions célèbres étaient la Statue de la Liberté et le Pont de Brooklyn. Du coup, j’ai vraiment dû me documenter pour essayer d’appréhender le visage global de la ville et la skyline de l’époque. Il y a eu pas mal de documentation à chercher sur les transports aussi, les petits métiers, tous ces petits détails qui rendent l’univers plus vrai.
- Parmi vos influences, lesquelles se retrouvent le plus dans votre trait, selon vous ?
-
Raaah la question difficile !! J’avoue que je ne sais plus trop. Sans rouler des mécaniques, je pense m’être détachée de mes influences, euh… je crois. Mon trait est devenu plus indépendant, sans pour autant être complètement original (il faudra encore beaucoup de temps pour ça !). Il évolue à présent en se nourrissant d’une soupe d’influences baignant mon cerveau, mais la source de tout ça s’est un peu perdue dans le mixer. C’est peut-être aussi parce que j’essaye de m’inspirer beaucoup plus d’autres disciplines artistiques que la bd elle-même, que se gaver d’architecture, de photographie et de peinture mets parfois un plus grand coup de pied dans la fourmilière de ce qu’on croit acquis en dessin…
- J’ai vraiment beaucoup apprécié votre mise en couleurs. Avez-vous recours à une méthode particulière ? Le sujet influe-t-il sur celle-ci ?
-
Je réalise une mise en couleur à l’ordi/tablette graphique avec le plus grand programme du monde, j’ai nommé Photoshop, plus grande invention humaine après la roue. Ou presque. Mais je reste une aficionados des rendus traditionnels, donc ma mise en couleur va dans ce sens. Pas d’encrage, parfois un lavis sur la planche à certains endroits pour intensifier les matières. Puis scannage, mise en couleur et ensuite éventuelles retouches sur certains endroits à l’aide de textures aquarellées via le programme lui-même. Si le sujet influe sur la méthode ? Bien sûr ! Dans Tir Nan Og (et en bd en général), la mise en couleur est un outil comme un autre pour venir soutenir la narration et l’ambiance. Je dois respecter une certaine clarté et profondeur, attirer l’œil où je veux qu’il aille, etc… Donc je reste assez sobre, notamment dans l’emploi des textures. Le but principal n’est pas forcément de faire « joli » (même si on fait tout pour ! ^^). Sur une illu par contre, je me lâcherai plus, quitte à perdre certaines infos graphiques, parce qu’on recherche quelque chose de plus esthétique et qu’on a pas forcément d’histoire à soutenir.
- Pouvez-nous nous décrire l’une de vos journées-type devant votre table à dessin ?
-
Une journée idéale alors ! ;-) Plus sérieusement, j’ai fini par comprendre que je n’étais pas un oiseau de nuit et que le travail matinal et de l’aprem’ me permettait d’avancer plus vite et mieux. Le soir (en dehors des périodes de rush), c’est détente. Bref, j’essaye de respecter les heures de bureau dans la mesure du possible. Mais parfois, quand c’est un peu trop dur ou que l’inspiration se fait capricieuse, rien de tel qu’une longue balade pour décompresser. J’habite à Paris depuis quelques mois à peine et tout est à découvrir. Et pour une fanatique de la ville comme moi, c’est assez jouissif et super inspirant !
- Comment fonctionne votre duo avec Fabrice ?
-
De manière assez classique. Concertation/échange d’idées en début d’album sur la globalité du tome (combien de pages mérite cette séquence par exemple), puis Fabrice repart de son côté, pond le découpage et m’envoie tout ça pour le story-board. De nouveau échange s’il y a lieu (mais comme on se comprend assez bien et vite, il y a pas trop d’allers-retours), puis réalisation des planches.
- En tant que « débutante », quel est votre sentiment sur vos premiers contacts avec vos fans lors des dédicaces ?
-
Je me suis faite très vite à la pratique de la dédicace et c’est quelque chose que je fais avec plaisir. Vu le côté autiste du boulot d’un auteur de bd, je dois avouer que j’aime beaucoup la dédicace parce que c’est le seul moment où on se rend compte qu’on fait un boulot concret. Je suis un peu un St-Thomas, même avec un album imprimé sur les rayons d’une librairie, je me rends pas forcément compte du fait « qu’on le lise ». C’est parfois dur à gérer le fait que sa passion est son métier. On ne réalise pas que le boulot produit n’est pas uniquement pour soi. Alors la dédicace, le dialogue avec les gens remet l’église au milieu du village et je peux me dire que oui, j’ai produit un truc que les gens apprécient (ou pas – mais ceux-là ne viennent pas forcément aux dédicaces ! ;-))
- Vous tenez à jour régulièrement un blog. Est-ce un outil important pour vous ? Et plus généralement, internet ?
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J’ai finalement opté pour le blog, parce qu’on peut plus facilement le mettre à jour qu’un site perso et que c’est plus convivial. C’est aussi un moyen facile pour communiquer sur son actualité (les dédicaces par exemple). Bref, c’est un outil orienté professionnel mais qui reste extrêmement ludique.
Si c’est important un blog, internet ? Définitivement. Quoique le mot exact, ça serait plutôt incontournable. Qu’on en récolte des fruits ou pas, on doit en avoir un. - Pour en revenir à Tir Nan Og, une question assez légère, mais quel est le personnage que vous préférez mettre en scène ? Et pourquoi ?
-
Rumpleznick !!! Parce qu’il est classe et méchant !! Plus sérieusement, j’aime bien tous les dessiner, mais pour des raisons différentes, qui font au final que je m’ennuie jamais !
Mais la vérité vraie de vraie c’est que mon personnage préféré c’est… New York. C’est vraiment la ville et ses ambiances que je m’éclate définitivement le plus à mettre en scène ! - Autre question légère… Zorro ou Ichigo ? Il faut choisir !
-
Zoro sans hésiter ! En dehors de mes élans de midinette, Oda, c’est un peu le roi du shonen quoi !! Deux raisons de choisir le premier ! (et puis Bleach, c’est toujours aussi joli graphiquement mais alors qu’est-ce que le scénar se ramollit ces derniers temps)
- De quelle façon pensez-vous avoir évolué avec le deuxième album ? Votre méthode de travail a-t-elle changé ?
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Je pense avoir évolué au niveau des couleurs, avec une palette plus étendue (alors que j’étais beaucoup en camaïeu sur le premier). D’ailleurs je passe à présent plus de temps sur mes couleurs que sur le dessin en lui-même. Côté trait, mes influences manga disparaissent peu à peu. Les adultes deviennent plus « réalistes » et les expressions plus variées et moins grimaçantes. En tout cas, c’est ça que j’ai essayé de corriger. Pour le reste de l’évolution, je laisse les lecteurs juger !! :-)
- Avez-vous déjà d’autres projets BDs en vue ?
-
Pour le moment, rien de concret, mais il y a des envies qui commencent à s’imposer et qui veulent plus me lâcher.
- Histoire enfin de faire profiter nos lecteurs de vos conseils, y-a-t-il dernièrement un roman qui vous ait marqué, qu’il appartienne ou pas au genre fantasy ?
-
Le dernier que j’ai beaucoup aimé, c’est Rashomon de Akutagawa. Quatre courtes nouvelles, tantôt burlesques, tantôt étranges, tantôt assez angoissantes. Hyper visuel, avec une galerie de personnages qui réussissent à prendre vie avec une rapidité fulgurante.
- Parmi vos autres passions, j’ai noté la photographie. Que vous apporte cette discipline ?
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J’aime ça parce que je suis forcée de regarder autour de moi avec un autre œil que celui qui enregistre les images pour les redessiner ensuite. Changer son regard, ça donne souvent un coup de pouce pour évoluer dans son dessin.
Il y a aussi tout l’aspect cadrage qui aiguise aussi le sens de la composition.
Et puis je trouve que la photo, c’est plus rigoureux. On est obligé de faire avec ce qu’on a devant l’objectif alors que lorsque je dessine, je peux remodeler les choses un peu comme ça m’arrange.
Et enfin, c’est le prétexte à de longues balades sans but, où l’on découvre tout plein de choses qu’on aurait pas vu en temps normal parce qu’on est plus attentif que d’habitude ! - Et pour conclure, comment se dessine votre actualité du moment, ou des mois à venir ?
-
Tome 3 de Tir Nan Og, nouveau book d’illustrations pour tenter ma chance dans le domaine de la couverture de fantasy et d’autres petites choses ici et là que je garde pour moi encore un peu…
Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.
Auteur
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