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Un entretien avec Barbara Bessat-Lelarge

Par Gillossen, le mardi 19 octobre 2010 à 15:09:10

BarbaraLe label Jeunesse de Bragelonne, Castelmore, vient de faire son débarquement en librairies en ce mois d'octobre, et pour l'occasion, nous avons eu l'opportunité de nous entretenir avec Barbara Bessat-Lelarge, la directrice éditoriale de Castelmore.
Avec un petit décalage dans le temps du fait du déménagement qui agite en ce moment Bragelonne, voici finalement ses réponses, à découvrir dès maintenant. Nous en profitons pour la remercier une fois encore pour sa disponibilité malgré les circonstances !
Et à vous le forum pour en discuter.

L'entretien

Pourriez-vous en quelques mots présenter votre parcours à nos lecteurs ?
Après ma maîtrise de littérature anglaise, j’ai choisi de devenir libraire, d’abord en librairie anglophone puis en librairie traditionnelle. J’ai tout de suite été attirée par les livres pour la jeunesse, la bande dessinée ainsi que la SF et la fantasy. J’ai eu la charge de ces différents rayons pendant une dizaine d’années et la littérature pour ados a souvent été au centre de mes intérêts.
Castelmore, encore un nom tiré de l'œuvre d'Alexandre Dumas. Mais pourquoi celui-ci en particulier ?
Plus qu’un personnage, j’avais envie d’un lieu où installer la bibliothèque pour présenter les romans Castelmore. Le château de d’Artagnan m’a paru tout à fait approprié pour poser mon balluchon et commencer à bâtir ce label : tout autour s’étendent de nouveaux territoires à explorer.
En quoi vos activités précédentes vous aident-elles au quotidien à gérer cette nouvelle aventure ?
Je lis les manuscrits en anglais et je relis les traductions, donc mes études me servent tous les jours. Mon expérience de libraire me permet de déterminer si les romans correspondent à la ligne éditoriale de Castelmore et à quels types de lecteurs ils correspondent. Elle m’est aussi fort utile pour présenter le livre en réunion commerciale, écrire les textes pour les 4e de couverture...
Comment est née l'envie d'une collection Jeunesse chez Bragelonne ? On sait que le marché est très porteur mais déjà bien occupé.
En tant que libraire, je regrettais de ne pas pouvoir proposer plus de variétés aux ados dans les romans fantastiques : on trouve sur les étagères du rayon jeunes adultes beaucoup de récits réalistes. Pour trouver de la littérature de l’imaginaire, il fallait soit avoir moins de douze ans et suivre des héros âgés d’une dizaine d’années, soit passer dans les rayons de littérature générale ou de science-fiction et fantasy qui mettent en scène des héros adultes. Quand j’ai commencé à en parler à l’équipe de Bragelonne il y a deux ans, ils se sont montrés très curieux et intéressés par mes observations. Alors j’ai monté le projet Castelmore, pour lequel ils m’ont donné carte blanche. Le label Castelmore était une envie de ma part de proposer de la variété en matière d’imaginaire, et Bragelonne m’a aidée à la concrétiser.
D'ailleurs, quelle est votre vision du marché français actuel dans ce domaine ?
Il s’y passe beaucoup de bonnes choses ! La littérature jeunesse est très dynamique en France, et la littérature pour ados et jeunes adultes commence à occuper le devant de la scène. Je ne peux que m’en réjouir !
Ce qui est intéressant, c’est que cette littérature touche aussi des lecteurs au-delà de la tranche d’âge pour laquelle elle est initialement publiée. Beaucoup d’adultes achètent les romans pour ados, que ce soit en fantastique ou même en récits réalistes. C’est en jeunesse qu’on tente des choses, qu’on dépasse les limites des genres et qu’on les réinvente. Cette littérature est décomplexée, on raconte des histoires d’amour dans un quotidien où l’imaginaire fait une incursion, que ce soit avec de la magie, des créatures fantastiques comme des vampires, des loups-garous ou des fées. Les adultes aussi aiment qu’on leur raconte des histoires, sans qu’ils aient eu besoin d’être des spécialistes des mythes vampiriques depuis sa source dans la mythologie mondiale et à travers toutes ses adaptations à travers les siècles. Le lecteur adolescent découvre des univers, des créatures, des mythes ; l’adulte n’a pas forcément découvert tout cela pendant son adolescence, et les romans pour jeunes adultes offrent souvent un bon moyen de découvrir de nouveaux plaisirs de lecture.
C’est très important pour moi, lorsque je lis un texte, de bien être dans le bon état d’esprit pour apprécier un roman comme si je découvrais le mythe ou les créatures qui y sont mis en scène. Je veux retrouver le plaisir que j’avais à cet âge de voir de nouveaux horizons s’ouvrir devant moi, et la joie de savoir que si j’ai aimé un roman sur les vampires, je peux aussi en trouver d’autres dans la même veine et continuer à cerner le thème et les problématiques qui en découlent : le bien, le mal, l’équilibre entre les deux, l’immortalité, l’amour, l’amitié, la justice…
Quelle est votre ligne éditoriale précise ?
Deux critères : du fantastique et un héros adolescent auquel le lecteur, ado lui aussi, pourra s’identifier facilement. Si un manuscrit répond à ces deux critères, il est susceptible d’être publié chez Castelmore.
Comment faire la balance entre vos coups de cœur et les impératifs du marché lorsque vous devez décider de retenir un titre ou pas ?
Je lis beaucoup de manuscrits. Et la bonne nouvelle, c’est que la qualité est au rendez-vous.
Alors si je suis captivée par l’intrigue, que j’ai envie de savoir ce qui va arriver aux personnages et que leur histoire me trotte encore dans la tête quelques jours après avoir fini ma lecture, c’est un coup de cœur. Après, il faut remplir quelques tableurs pour savoir si, financièrement, le projet est viable, en fonction des frais que la publication d’un livre implique.
Castelmore vient tout juste d’arriver sur le marché, alors pour le moment, nous prenons nos marques. L’objectif est de durer, avec une production choisie et soignée. Mais publier un livre reste un pari : je ne peux que croiser les doigts pour que les lecteurs apprécient autant pour les romans Castelmore que moi.
Est ce que certains titres publiés chez Bragelonne ou Milady pourront avoir droit à une nouvelle vie chez Castelmore ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Castelmore est un label à part entière, et les titres que nous publions sont inédits en France. Chez Castelmore, je publie des séries pour ados d’auteurs dont des titres pour adultes ont été ou sont publiés chez Bragelonne ou Milady, comme Fiona McIntosh, Richelle Mead ou Kelley Armstrong, par exemple.
Comptez-vous à l'avenir publier des auteurs non anglophones, voire des auteurs français ?
Oui, bien sûr. La littérature jeunesse est très dynamique en France et il y a beaucoup d’auteurs, confirmés ou débutants, qui écrivent des textes intéressants. Nous avons quelques projets en cours de ce côté-là. Je me tiens au courant également de ce qui se passe en Espagne, en Italie, en Allemagne…
Si le succès est au rendez-vous, comptez-vous augmenter le nombre de parutions mensuelles de la collection ?
Nous publions deux à trois titres par mois dès 2011. Nous avons décidé, dans la mesure du possible, de publier les tomes des séries de façon rapprochée, à l’image de Vampire Academy, dont le tome 1 sort en octobre, le tome 2 en novembre, et le tome 3 en janvier, pour ne pas trop faire attendre les lecteurs. Alors en plus des deux tomes mensuels prévus initialement, nous en avons glissé un troisième sur quelques mois de l’année.
Travailler sur un texte demande du temps, du soin, beaucoup de travail, et je préfère privilégier la qualité à la quantité. Si jamais la production devait augmenter, cela impliquerait d’embaucher plus de monde pour continuer à faire du bon travail et pour le moment… c’est trop tôt !
Alors croisons les doigts pour que le succès soit au rendez-vous, et vous pourrez me poser de nouveau la question dans un an.
Parmi vos premières sorties, avez-vous un « chouchou » ?
Ah ! Quelle question terrible !
Les livres qui sortent en octobre et novembre sont tous différents, que ce soit au niveau de l’ambiance, de l’univers, des personnages… Je vais vous parler du Roi Démon, le premier tome de la série des Sept Royaumes de Cinda Williams Chima, qui sort en novembre. C’est le premier titre de fantasy à paraître chez Castelmore.
Un jeune voleur repenti, Han, obtient par un heureux hasard une amulette de magicien très puissante. Lui-même porte des bracelets magiques qui ont grandi avec lui et qu’il ne peut pas enlever, mais dont il ignore les pouvoirs. Il croise le chemin de la princesse Raisa, qui fuit le mariage que veut lui imposer sa mère la reine. Leur rencontre va réveiller des forces ancestrales qui avaient failli faire basculer les Sept Royaumes dans le chaos à l’époque où vivait le Roi démon, un magicien maléfique… Il s’agit là d’une grande épopée dans un royaume imaginaire, avec une princesse rebelle, un héros aux pouvoirs mystérieux et une menace qu’ils vont devoir affronter ensemble. J’ai beaucoup aimé l’ambiance, le mystère de l’intrigue qui s’épaissit au fur et mesure que l’action s’accélère, les réponses que la fin de ce premier tome apporte et les questions que ces mêmes réponses soulèvent ! C’est le genre de roman qu’on n’arrive pas à fermer tant qu’on n’a pas fini de le lire, et le 2e tome promet d’être riche en rebondissements.
Et dans un an, comment voyez-vous la collection ? Avez-vous le temps de vous projeter déjà « aussi loin » à quelques jours du lancement ?
Je travaille en ce moment sur les livres qui paraîtront au mois de mars, et certains textes prévus pour l’automne 2011 sont déjà en cours de traduction. Je ne sais pas ce qui aura changé ou évolué chez Castelmore, mais ce que j’espère, c’est que les lecteurs seront impatients de savoir ce qu’on leur a préparé comme programme pour la 2e année d’existence du label.

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