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Imaginales 2015 : Jean-Claude Dunyach nous présente Trolls et Licornes

Par Izareyael, le mercredi 20 mai 2015 à 19:45:11

Trolls & LicornesOn sent que le festival approche... Les Imaginales se dérouleront cette année du 28 au 31 mai, toujours à Epinal comme depuis quatorze ans maintenant ! Et comme depuis 2009, le festival des mondes imaginaires propose un recueil de nouvelles d'auteurs francophones, confirmés ou débutants, autour de deux figures de l'imaginaire : voici donc Trolls & Licornes, présentée spécialement pour vous par le directeur de l'anthologie Jean-Claude Dunyach. Merci à lui !
L'anthologie, publiée chez Mnémos, sera disponible en avant-première pendant les Imaginales puis au mois de juin dans les librairies.

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Trolls & Licornes, l'anthologie des Imaginales 2015

Vous dirigez cette année l’anthologie des Imaginales, Trolls & Licornes. Pourriez-vous nous présenter brièvement son sommaire ?
J’ai choisi dix textes : huit nouvelles, un poème et une variation inspirée de Molière… Des histoires variées, qui oscillent entre l’humour et le drame, et qui nous entraînent entre les mondes où s’affrontent les Dieux, dans les bas-fonds parisiens hantés par des créatures magiques, dans les forêts où des êtres dissemblables peuvent apprendre à voyager ensemble… Sans oublier un certain festival vosgien dont les visiteurs ne sont pas toujours ce que l’on croit !
Avec Jeanne A. Debats, Pierre Bordage, Sylvie Miller & Philippe Ward, Olivier Paquet, Estelle Faye, Silène Edgar, Adrien Tomas, Sophie Jomain, Raphael Albert et Lionel Davoust. Ça fait envie, non ?
Les Imaginales sont un festival clairement orienté fantasy, or vous êtes surtout connu pour vos écrits de SF. Est-ce l’annonce d’une nouvelle incursion prochaine dans notre genre préféré à tous ?
En fait, j’écris de la fantasy depuis très longtemps et, de façon générale, je me fiche totalement des étiquettes… Je suis un auteur d’imaginaire, point. Mon premier roman – Le Jeu des Sabliers, disponible chez Folio – était de la science-fantasy, le genre d’étiquettes qui ne veut pas dire grand-chose (c’est une quête avec des personnages qui sont les incarnations de cartes de tarot, dans un univers de space opera). Ensuite, il y a eu La Guerre des Cercles au Fleuve Noir, de la pure fantasy noire que je ne désespère pas de finir un jour – j’ai pas mal avancé –, et bien sûr L’Instinct du Troll, qui est sorti il y a un mois chez L’Atalante et qui est de la fantasy humoristique (j’ai déjà des idées pour la suite). Et j’écris un space opera bizarre en ce moment, en plus de quelques nouvelles sur des sujets variés… Donc je me sens parfaitement à ma place aux Imaginales – et les magnifiques couvertures de Francescano qui illustrent mes livres sont parfaitement dans l’esprit, elles aussi.
Comme toutes les années, l’anthologie met en contact de façon inattendue deux figures typiques de la fantasy. Comment le choix s’est-il fait pour 2015, de même que celui des auteurs participants ?
C’est moi qui ai suggéré le thème de cette année, c’est le privilège de l’anthologiste. Je voulais jouer sur un contraste fort entre deux figures symboliques extrêmes : la pureté et la boue. Ce qu’illustre fort bien la couverture, d’ailleurs. Pour les auteurs participants, par contre, je suis parti d’une liste suggérée par l’éditeur et le festival. Presque tout le monde a répondu présent, ce qui fait que tout s’est passé très simplement. C’est vraiment très agréable de bosser avec des pros, je dois dire.
L’anthologie de cette année affiche une approche plutôt humoristique, ce qui ne s’était jamais fait auparavant pour ces recueils. Pourquoi ce choix et a-t-il été difficile à mettre en œuvre pour cette série qui ne l’avait jamais connu ?
Dans l’appel à textes envoyé aux auteurs, je disais J’aimerais – mais ce n’est pas vraiment une obligation – des textes plus gais que désespérants, l’époque ayant bien besoin de tendresse, d’humour et de licornes. De trolls aussi, soyons juste. Le résultat a été plutôt contrasté. Il y a des textes humoristiques, certes, mais ils ne sont pas majoritaires, contrairement à ce que tu as l’air de penser. Par contre, ce qui m’a surpris, c’est que les auteurs ont fait l’effort d’associer trolls et licornes dans chaque texte, parfois sous la forme d’un clin d’œil, parfois de façon nettement plus… intime.
Donc cette anthologie ressemble aux précédentes : elle est variée, chatoyante. Nous n’avons pas rompu avec la tradition.
Vous avez une expérience d’écriture à quatre mains pour Étoiles mourantes avec Ayerdhal, ainsi que de conseil aux auteurs débutants, en plus de cette direction d’anthologie (qui n’était pas non plus votre premier essai dans ce domaine). Cet aspect collectif de l’écriture, souvent considérée comme une activité solitaire, vous intéresse-t-il particulièrement ?
Cet aspect collectif, comme tu dis, m’intéresse depuis mes premiers pas dans l’écriture, au début des années 80 (oui, je suis un auteur du millénaire dernier). Je le trouve absolument nécessaire, il est totalement intégré à ma démarche d’écrivain. C’est pour ça que j’ai été anthologiste et éditeur à plusieurs reprises, et que je bosse maintenant dans le numérique où il y a beaucoup à faire.
Depuis près de quarante ans, maintenant, j’apprends à écrire. Je m’interroge sur mes façons de faire, sur les techniques dont j’ai besoin et que je suis loin de toujours maîtriser, sur la façon dont ce que j’essaie de faire passer sera perçu par le lecteur. Donc, j’analyse les feedbacks que je reçois, je teste des tas d’approches, j’anime des ateliers d’écriture parce que j’y apprends autant que les autres participants. Je suis membre du collectif Cocyclics depuis des années – j’adore leur état d’esprit et leur façon de bosser… Tout cela m’enrichit. C’est beaucoup de travail – je ne compte plus le nombre de manuscrits de copains que j’ai lus avec un stylo rouge à la main –, mais c’est absolument nécessaire.
Par contre, quand j’écris, je suis effectivement en solitaire. Je dirais même plus, je suis enfermé au plus profond de moi-même, là où ça n’est pas confortable, là où ça me fait peur.
Pourriez-vous nous décrire un peu plus précisément en quoi a consisté votre travail d’anthologiste pour ce recueil ?
D’abord définir le thème et les contours de l’anthologie, avec Mnémos et le festival des Imaginales. Ensuite, contacter les auteurs (et parfois les relancer) suffisamment à l’avance. Ensuite – c’est là qu’est le vrai travail – relire chaque texte avec un stylo rouge (en fait en mode suivi de modifications de Word) et faire des allers et retours avec les auteurs jusqu’à ce que chaque texte nous satisfasse. Ça peut être très rapide, ou au contraire demander plusieurs passages, des discussions serrées, etc. Mais c’est le cœur même du boulot d’anthologiste. Je me suis efforcé de pousser chaque texte dans ses retranchements, quand c’était possible.
Ensuite, il reste à écrire le quatrième de couverture, l’argumentaire de vente, la présentation pour le site du festival. Et écrire la préface, bien sûr. Et choisir l’ordre des textes.
Pour finir, on vérifie les épreuves, on corrige les dernières coquilles et zou !, ça part chez l’imprimeur.
Avez-vous parlé de ce travail avec certains de vos prédécesseurs (par exemple Lionel Davoust, qui nous avait lui-même parlé de son expérience en 2013) ou avez-vous préféré une approche plus personnelle ou originale, étant donné le ton inédit de l’anthologie 2015 ?
Je connais bien Lionel (avec qui je co-anime la masterclass de cette année), Sylvie Miller, Stéphanie Nicot… qui furent mes prédécesseurs. J’ai parlé du boulot avec eux, bien sûr – ils avaient des tas de choses à m’apprendre. Après, chacun agit suivant sa sensibilité. Mais, encore une fois, le ton de l’anthologie 2015 n’est pas si inédit que ça. C’est le talent des auteurs qui lui donne sa coloration particulière, pas l’anthologiste. Ce sont eux qui ont écrit les histoires qui la composent.
Pour conclure cette présentation, pouvez-vous nous parler de vos projets d’écriture en cours ou à venir, en dehors de cette anthologie ?
J’ai plusieurs fers au feu… Comme j’ai passé près de 3 ans à régler divers soucis de santé – qui sont heureusement derrière moi – j’ai pris énormément de retard dans mes projets. Du coup, je travaille sur trois romans à la fois : un space opera militariste et tordu basé sur la novella Trois hourras pour Lady Evangeline, publiée dans Bifrost, dont j’ai écrit la moitié ; La Guerre des Cercles, qui devait comporter 3 tomes au format Fleuve Noir et dont seul le premier est paru – mon personnage est tellement dans les ennuis jusqu’au cou qu’il lui faudra toute sa ruse et sa cruauté pour s’en sortir ; la suite de L’instinct du Troll, qui sera une aventure séparée, mais avec les mêmes personnages. Et quelques nouvelles, dont certaines sont situées dans l’univers de l’anthologie Rêver 2074, bâtie autour de l’industrie du luxe. Ça devrait m’occuper pour quelque temps.
S’y ajoute la réédition chez Mnémos en octobre d’Étoiles Mortes, au même format qu’Étoiles Mourantes et toujours illustré par Francescano – notre mariage est solide. Je vais le retravailler un peu pour l’occasion.
En attendant, j’ai un beau masque de Troll en latex que j’enfilerai (le masque, pas le Troll) pour le festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo et pour les Imaginales, afin de dédicacer mon dernier bébé paru à l’Atalante, L’Instinct du Troll.

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