Paul of Perth

Paul of Perth, Champion des Terres du Nord, Duc du Dragonshire : dans une Europe dévorée par le Cercle, quelques deux cent années après le Grand Basculement, Paul of Perth chemine sur la banquise, depuis son Ecosse natale vers une cité de Londres dévastée, placée sous loi martiale, et envahie par des plantes mutantes, à la rencontre de la reine Catherine.
Mais qui est véritablement ce taciturne Duc du Dragonshire, avec ses colliers d'oreilles, de phalanges, et des bras de nouveaux-nés, badigeonnés de dessiccatif, qui pendent à des crochets au revers de sa cape ? Les vers noirâtres, innombrables, qui le dévorent de l'intérieur, défigurant son âme, semblent avoir rongé jusqu'à la trame de son humanité, lui qui sauve un chien de la banquise, quand il peut noyer son ennui et sa douleur dans des fleuves de sang humain ? Est-il le fils du Chaos, ou l'ultime espoir d'une Angleterre aveuglée par le Mal ?
La confrérie de l'Arbre et ses zélotes semblent croire que le Cercle peut reculer, l'épidémie être enrayée, mais Paul écrit à sa mère, restée en arrière, dans l'espace et dans le temps : "je suis le fils des dragons et notre monde se meurt". Il accomplira son destin de Champion, trouvant sa rédemption au fond du Graal de chair, sous le masque trompeur du Politique. Paul a disparu, depuis les événements du bicentenaire, mais si le Cercle gagne encore, je crois qu'il chemine toujours, spectre vengeur à l'équerre du présent, dans sa forêt de cendres, pleurant comme Alexandre le Grand face à l'immensité finie de son empire, et rêvant à un monde où il ne serait pas contraint de faire le mal pour servir le bien.
Puisse-t-il, un jour, revoir les hautes terres du Dragonshire, et jouer, comme jadis, à chasser les démons avec des épées de bois?.

Thomas Day, Une forêt de cendres, in Sympathies for the Devil, Le Bélial', 2000, pp. 13-51).