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Sous la lune brisée

ISBN : 978-235408971-9
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Anne-Claire Doly

Au cœur de la tourmente insurrectionnelle.
Sous les fragments jumeaux de la lune brisée, la République des Neuf Cités tente de survivre sur un continent convalescent, menacée par la corruption grandissante du pouvoir et une guerre aux frontières qui ébranlent le régime des Gardiens.
Des usines métallurgiques où la gronde est plus forte chaque jour aux montagnes ocres où se massent les réfugiés, chacun devra faire face à ses choix, ses secrets et ses désirs pour échapper au chaos, et tenter de dessiner un autre avenir.
Pour son premier roman, Anne-Claire Doly nous plonge dans les dernières heures d’une cité-État gangrénée par la violence et les faux-semblants. Sous la lune brisée est une fresque ample et ambitieuse, un roman bouleversant qui vous emportera par son souffle épique de la première à la dernière page.

Critique

Par Luigi Brosse, le 30/01/2023

Sous la lune brisée, premier roman d’Anne-Claire Doly, est un joli pavé de 560 pages. Une telle longueur est-elle un pari risqué pour une première œuvre ? C’est ce que nous allons voir.
Le résumé pose correctement le décor. La fin du monde a eu lieu, détruisant la lune au passage (mais on n’en saura malheureusement pas plus), et le système corrompu qui lui a succédé est sur le point d’exploser. Post-apo + renversement sociétal : l’ambiance est on ne peut plus sombre. Et si vous pensez en entendant « fresque ample » ou « souffle épique » qu’il y aura un parterre de héros un peu plus lumineux pour contrebalancer tout cela, n’y comptez pas.
Nos protagonistes sont au nombre de trois et, la plupart du temps, ils se font malmener par l’Histoire. Et ce même si chacun à sa manière essaie de prendre en main sa destinée. On assiste donc à trois lignes d’intrigue assez intimistes, qui gravitent et s’entrecroisent autour de la chute des Neuf Cités qui sert de fil rouge principal. Il n’y a pas grand-chose à reprocher au récit, qui se raconte au travers des yeux de nos trois personnages en alternance. C’est maitrisé et plutôt bien construit même si on pourrait arguer d’un certain manque d’originalité car cela emprunte un peu trop à l’Antiquité ou aux problématiques du monde actuel.
De même les personnages sont bien campés, divers et profondément humains. Il n’y a aucune complaisance sur les difficultés qu’ils doivent affronter : un ouvrier dont la mère est une prostituée, un homosexuel servant dans l’armée et une femme éduquée et autonome, évoluant au sein d’une société élitiste et patriarcale. Cela permet de rendre visible des thématiques comme le rejet de l’altérité ou le racisme en fantasy et c’est louable. Il est néanmoins dommage que le roman se cantonne trop à l’exposition approfondie et ne parvienne pas plus à pousser à la réflexion sur ces sujets.
Cela est sans doute une conséquence de l’un des principaux défauts du livre, selon moi. Anne-Claire Doly nous noie sous les détails, que ce soient les vicissitudes mentionnées ci-dessus, les sentiments, les gestes ou le fonctionnement du système politique. Rien ne nous est épargné, il n’y a aucune zone de flou et aucun espace pour que le lecteur puisse user de son imaginaire pour combler les trous volontairement laissés lors de l’écriture. On reste donc sur le seuil du monde sans pouvoir le peupler de nos propres éléments. De même, il est difficile de s’assimiler aux personnages car sans zones d’ombre, on ne peut les remplir de nos propres expériences. Et cela limite enfin une possible réflexion personnelle sur les thématiques dont on parlait auparavant. À quoi bon, puisque tout est déjà décrit.
Ce défaut de (trop de) fond est malheureusement lié à un défaut de forme. L’auteur a choisi une langue très littéraire. Ce n’est pas rédhibitoire en soit, au contraire. Mais combiné au point noir précédent, cela donne des passages particulièrement éprouvants à lire. Notamment, car l’auteure affectionne les longues phrases, les longs paragraphes et les longs chapitres (9 chapitres au total avec une moyenne de plus de 50 pages, souvent racontés par un seul personnage). C’est long. Et a fortiori, cela introduit une certaine lenteur, physique puisqu’il faut le temps de tout lire, qui est préjudiciable à la dynamique de l’intrigue. Et parallèlement, la surabondance de passages trop ornés fait disparaître certains échanges qui sont vraiment magnifiques. En particulier, le duo Ariane / Tahar traverse des moments particulièrement émouvants et bien écrits.
Que conclure ? Bien souvent, les premiers romans souffrent d’un manque de maîtrise, que ce soit au niveau des personnages, du scénario ou de l’écriture. Ici rien de ces écueils ordinaires et on ne peut qu’apprécier les efforts faits lors de la conception de l’univers, des choix des thèmes, abordés sans fard et des nuances des protagonistes. Mais il y a aussi un vrai souci de longueurs, qui aurait dû émerger à la relecture à tout le moins. En élaguant du superflu, le roman n’aurait rien perdu de son âme, mais aurait au contraire gagné en rythme et en intensité. Enfin, cela aurait aussi permis au livre de redevenir un échange auquel le lecteur doit pouvoir contribuer.

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