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Sauvage

Titre VO: Feral

ISBN : 978-201721452-6
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Mickelson, Joan

Nommé au prix Elbakin.net 2024 du meilleur roman de fantasy traduit

Elle est renarde, peut-être humaine tout à la fois ; il est humain, peut-être renard, autrefois. 
Au cœur des forêts sombres des Catskills et dans l’hiver new-yorkais, leurs récits en écho racontent deux vies traversées de pulsions contraires, aimantées l’une vers l’autre : deux âmes jumelles et magiques qui se cherchent en tâtonnant dans l’obscurité. 
Un premier roman somptueux dédié aux figures mi-humaines mi-animales venues de la nuit des temps.

Critique

Par Gillossen, le 28/09/2023

Il y a des romans qui vous touchent en quelques phrases bien tournées. Pas nécessairement car elles se montrent “impressionnantes” sur la forme, mais de par leur justesse, leur pouvoir d’évocation. C’est exactement ce qui s’est produit pour moi avec Sauvage, que j’ai entamé par la partie “Lui”.
Joan Mickelson, une nouvelle venue américaine qui a déjà vécu en France, et qui voit ce Feral être publié d’abord dans notre belle contrée, possède justement ce genre de talent.  Elle sait nous entraîner directement au plus près de ses personnages, de leur vie, de leurs doutes et de leurs certitudes, aussi bien dans les rues animées de Manhattan que sous les arbres centenaires des Catskills. Ces deux histoires se retrouvent finalement dans un final à la portée à la fois terrible et pleine de grâce. Mickelson nous oblige à regarder droit dans les yeux ce que nous avons fait, souvent pour le pire, sans chercher pour autant à nous accabler. J’entends par “nous”, l’humanité, que ses deux protagonistes principaux contemplent avec un mélange de fascination et de répulsion, mais aussi, de temps à autre, avec une certaine tendresse. 
C’est un roman à la croisée des genres, à l’orée de la fantasy ou du fantastique. En cela, il m’a évoqué à de nombreuses reprises le type de textes que l’on retrouvait dans la magnifique et oubliée collection Interstices de Calmann-Lévy. Sauvage n’aurait pas dépareillé au côté d’un Sean Stewart, Christopher Moore ou un Jeff VanderMeer, dans un registre toutefois bien différent pour ce dernier. Le roman allie l’élégance de la plume à la force du propos. Quant à question de la lisière des genres littéraires, j’y reviens, il n’y a qu’à voir le personnage de Tabert Lunatic, un présentateur de talkshow qui m’a paru évoquer un simili Tucker Carlson, lors de scènes qui prennent peu à peu une tournure digne d’un basculement vers le fantastique façon Twin Peaks. Et ce, même si le personnage lui-même, à l’image de quelques seconds rôles, pourrait sans doute disposer d’un peu plus d’épaisseur. C’est bien le seul petit regret que l’on note, et encore, le roman en aurait-il eu vraiment besoin pour nous narrer cette histoire avec toute la poésie vibrante qui est déjà sienne ? Ce n’est pas certain. 
Chacun de leur côté, nos deux narrateurs traversent une nouvelle étape de leur existence au long cours, avec son lot de rencontres et de déchirements, tout en acceptant leur nature profonde, que ce soit en luttant ou en la considérant avec une vraie fausse distance, qui ne fait que cacher une émotion à fleur de peau, ou disons dans le cas présent, de poil. La présentation tête-bêche n’a rien d’un artifice pour attirer la curiosité, elle apporte quelque chose de concret, de terre-à-terre, à un récit souvent évanescent. 
Il y a des romans… mais que dire de plus pour achever de vous convaincre ? Je n’ai pas envie d’en rajouter dans le dithyrambe tristement surjoué. Je n’attendais pas ce livre. Et pourtant, il m’a trouvé.
Qu’il en soit de même pour vous est un vœu sincère. 

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