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Rocaille

ISBN : 978-249070003-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Sidre, Pauline

Gésill ne dort plus depuis qu’il est mort.
Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l’ancien roi Gésill n’a plus goût à rien.Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s’est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancêtres de Gésill, pourrait y remédier.
Aussi, lorsque les Funestrelles, accompagnés du défunt, se mettent en quête de trouver un jeune homme qu’on dit leur dernier descendant, ils sont loin d’imaginer que leur découverte ébranlera toutes leurs certitudes. Sur la Rocaille comme sur eux-mêmes.

Critique

Par Nephtys, le 19/01/2021

Revenir d’entre les morts et réclamer une couronne qui nous appartenait déjà de notre vivant, tout un programme !
Rocaille nous présente donc Gésill et….et non en fait ne nous le présente pas, pas vraiment. Assez rapidement, le lecteur prend connaissance de l’état physique du personnage : si certaines contraintes  se révèlent d’elles-même, d’autres arrivent plus tard mais toutes restent liées à sa nouvelle situation assez particulière. Soit.Pourtant, si la notion de mort-vivant est présente, bien décrite, cela ne semble jamais aller au delà de son concept. Premier problème donc : on en reste aux détails glauques qui n’apportent pas grand chose et meublent les pages pour bien nous faire comprendre “zombie”, mais de loin.
Les ambitions du monarque - mis en retraite prématurée pour cause de décès impromptu- ne lui appartiennent pas vraiment, d’autres les lui insufflent. Gésill est une coquille vide, mais vide dans le mauvais sens du terme. Un manque de fluidité dans ses états d’âme , ses possibles introspections et son caractère de son vivant empêche de lui donner un caractère quelconque. Le personnage subit, et nous avec.
Il ne parvient également pas à convaincre en roi naïf qui ignore finalement tout de son royaume. Comme pour le côté mort-vivant, quelques traits de caractères sont donnés, mais jamais creusés ou réellement définis. On se rapproche dangereusement du simple personnage fonction qui n’existe que pour être roi et que pour être mort-vivant.Difficile donc de s’attacher à la quête du pauvre Gésill, ou plutôt à la quête que d’autres personnages lui mettent sur les épaules parce que… parce que.D’autres problèmes parsèment le roman : son rythme tout d’abord avec des flash-backs ça et là sur le parcours douloureux d’un jeune Magistre. Il y avait quelque chose d’intéressant au départ, mais finalement les intentions floues de tout un chacun dans l’intrigue principale, ainsi que le flou de l’univers également donnent à ces chapitres un côté plus remplissage qu’autre chose.
Le Magistre, parlons-en. A ses côtés, notre roi se sent soudain “vivant”, il y avait là quelque chose à creuser sauf que non, encore une fois le roman ne creuse pas. Vite, on donne une amourette au Magistre pour le détourner de tout ça, amourette qui elle-même ne sera pas traitée au mieux jusqu’à faire bondir dans certaines descriptions (utiliser ses pouvoirs pour changer/modifier l’apparence de sa maîtresse alors qu’elle n’aime pas ça du tout, même si c’est temporaire et ce pendant l’acte, sérieusement? On frôle le malsain).
Les autres personnages dans tout cela? Ils se résument à peu de choses sans évolution réelle. Par exemple, l’un est gentil et simplet, l’autre est gros et pédant. Les femmes fortes sont fortes parce qu’on dit qu’elles sont fortes, au final elles se retrouvent reléguées aux histoires d’amour ou bien à faire tapisserie en arrière-plan. Sans oublier certaines descriptions qui font froncer les sourcils avec un côté maladroit qui pourrait presque donner aux personnages des intentions qui ne sont pas les leurs (un côté “femmes allumeuses” caricatural notamment pour ces dames).
Mais Rocaille est également un roman qui fournille d’idées, peut-être un peu trop. Aucune de ces idées n’est mauvaise, au contraire. Juste que ça part dans tous les sens sans que rien ne prenne la peine d’être véritablement posé, expliqué, creusé. On enchaîne ainsi les maladresses chaque fois qu’une nouvelle proposition intervient. Des informations nous parviennent parfois beaucoup trop tard pour poser le contexte et donnent plutôt l’impression d’arriver comme un cheveu (voir la perruque entière) sur la soupe. Encore une fois, dommage car ces idées sont pourtant très bonnes mais utilisées de cette manière on reste dans un glauque grand guignolesque et maladroit. Le meilleure exemple de cela est la nature des Funestrelles. Le suspens a voulu durer longtemps au point d’arriver en retard, va-t-on dire.
Pour autant, l’écriture de Pauline Sidre est fluide, musicale dans ses dialogues et punchy mais pas assez au service de l’histoire et des personnages malheureusement.Rocaille n’est pas un livre illisible, loin de là. Nous avons là un premier roman qui se cherche encore et propose bien des idées mais s’égare beaucoup. Il appartient désormais aux lecteurs de le juger avec plus ou moins de sympathie selon les affinités qu’ils peuvent avoir avec l’écriture et certaines des intentions derrière.
De mon côté, je salue encore une fois le style mais l’accumulation de (petits) défauts forme finalement une trop grande montagne à mon goût.

6.0/10



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