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Le Triomphant

ISBN : 978-271120107-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Milian, Clément

La France ravagée. Une armée en déroute. À travers une forêt rongée par les flammes, cinq hommes chassent un des leurs. Ils l’ont nommé la Bête. Elle ne dort jamais. Elle tue femmes et enfants. Rien ne l’arrête, ni les blessures ni le feu. Elle veut détruire le monde. Eux n’ont qu’une pensée : la tuer, à tout prix. Ils pensent que le salut de leur âme, souillée par des années de violence, en dépend.

Critique

Par Augure, le 05/06/2019

L’intrigue du Triomphant pourrait se résumer à une chasse à l’homme, pendant la guerre de Cent Ans. Pourtant, réduire ainsi ce livre serait lui enlever toute sa poésie. Le roman s’ouvre sur trois chapitres qui posent le contexte d’un monde exsangue par les conflits successifs. On ne découvre les personnages qu’au terme de cette mise en place. Les chapitres en question sont très courts. Ils font bien souvent une à deux pages. Cette manière de fractionner le texte lui donne une impression de respiration rapide qui induit un rythme de lecture intéressant. On avance, par à-coup, en suivant la traque forcenée de ces soldats pour tuer la Bête.
Leur ennemi n’a pas de nom. Il se qualifie par ses actes. Il est une sorte de berserker mue par une insatiable envie de sang. Il massacre tout, individus ou animaux, qui croisent sa route. Il est la folie de la guerre nichée dans le cœur des hommes. Les poursuivants le traquent comme si l’éliminer pouvait arrêter la démence qui frappe leur monde.L’écrivain nous donne à lire les atermoiements de tous les protagonistes et la remise en cause de leur foi. (La question du rapport à dieu et à la foi catholique est très présente dans ce roman.) Si l’auteur creuse leur psyché, il s’attarde particulièrement sur deux d’entre eux, Aloys, un de ces poursuivants, et Diane. Cette dernière n’appartient pas au groupe de guerriers, elle est la victime collatérale de la folie meurtrière de la Bête. Elle est un personnage satellite à l’intrigue principale. Elle en définit presque sa bordure, tant la quasi-totalité de ses actes se passe en parallèle des évènements centraux du récit. Elle suit malgré elle le sillon ensanglanté tracé par le monstre.
Ce roman de 268 pages se lit très facilement, on est aidé par ce découpage qui se déguste une bouchée après l’autre. L’auteur varie leur saveur sans jamais nous lasser. Paradoxalement, ce chapitrage fonctionne aussi bien qu’un « page turner » qui repose sur le principe de surprises et de révélations constantes. Le style favorise aussi la lecture. La langue est belle, elle nous plonge dans ce monde au bord de l’apocalypse et dans l’esprit des personnages.
Le Triomphant s’adresse à ceux qui cherchent un roman dont la poésie prévaut sur une trame directe et sans fioritures. Son intrigue ne s’inscrit pas dans les codes de la fantasy pure et dure. Seule la Bête paraît sortir tout droit d’un bestiaire du genre. Il est une figure du mal absolu, comme on en trouve parfois dans certaines œuvres. Est-ce que ce livre peut se classer dans le rayon des romans historiques, alors ? La réponse est oui. Même si la trame reste à fleur de personnage, la guerre de Cent Ans sert de cadre contextuel. Surtout sa folie des conflits permanents qui ensanglantent le pays. Les principaux protagonistes veulent à tout prix fuir cet enfer. Le Triomphant pourrait donc se résumer à un roman noir se déroulant pendant la guerre de Cent Ans, mais ce serait omettre son récit âpre, lourd de considérations métaphysiques. Il est avant tout un livre porté par un style grandiose qui plonge dans l’horreur des hommes, une œuvre allégorique où se mêlent des questions sur la foi, la guerre et la folie.

7.5/10

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