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Le Monde de la fin
Titre VO: Olam Hasof
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Touché Galfa, Ofir
Ben Mendelssohn gagne sa vie en imaginant des fins pour les auteurs en mal d’inspiration. C’est donc en connaisseur qu’il apprécie d’ordinaire les ultimes rebondissements et les finales inattendus. Mais, déformation professionnelle ou irréparable chagrin, il ne se résigne pas au décès absurde et prématuré de Marianne, sa femme. Persuadé qu’un autre dénouement est possible, il est prêt à tout pour la retrouver, même si cela signifie rejoindre l’au-delà. Une balle dans la tête plus tard, Ben se retrouve dans l’autre monde, où il découvre des villes étranges dans lesquelles les défunts de tous les temps vivent une seconde existence, et des forêts peuplées d’arbres de vie gardés par des hommes qui n’ont jamais vécu sur Terre. Mais aucune trace de Marianne. Il engage alors un détective privé, sans savoir que sa quête aura d’irréversibles conséquences dans le monde des vivants.
Critique
Par Gillossen, le 19/01/2015
Avec Le monde de la fin, on tient le premier ouvrage de la récente collection Exofictions des éditions d’Actes Sud à pouvoir entrer dans la catégorie fantasy, genre d’ailleurs ouvertement mentionné en quatrième de couverture.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on tient justement un roman atypique à plus d’un titre. Il suffit de jeter un œil à son résumé, loin de dévoiler l’essentiel de l’intrigue au passage, pour le comprendre. L’auteur nous entraîne ici dans une véritable enquête, qui, étrangement, donne lieu à une histoire pleine de vie, même si tout ceci se déroule dans l’au-delà ! A vrai dire, même si l’humour ne manque pas, le roman aborde également son lot de sujets graves. Sans vouloir résumer l’intrigue à cela, il est notamment question de pédophilie, pour n’en citer qu’un.
Mais l’histoire entre Ben et Marianne reste bien sûr au cœur de cette drôle de parabole sur l’existence et ses petits ou grands travers, peuplée de personnages hauts en couleur. On songe par exemple à Mad Hop, l’enquêteur nain que Ben engage pour retrouver sa femme, à l’histoire personnelle plus profonde qu’il n’y paraît. Pour aborder l’au-delà, l’auteur fait preuve d’une certaine inventivité qui contribue elle aussi au charme et à l’énergie qui se dégagent du roman, ne serait-ce que sur la façon de présenter les adresses des défunts ou le concept des Charlatans.
Pour autant, ne cherchez pas une intrigue au déroulement débridé ou bien un ton particulièrement caustique. On l’a déjà mentionné, l’humour est bien présent, certaines saillies sur la vie se révèlent assez sombres, tout est loin d’être rose aussi bien dans la vie que dans la mort, mais l’ensemble n’ambitionne pas de se montrer haletant à tout prix, sans que cela constitue un défaut, précisons-le. En effet, le roman avance quoi qu’il arrive à son rythme et sait rester prenant, aussi bien sur la forme, soignée, que sur le fond.
A la limite, même si le charisme ne fait pas tout dans un récit qui ne tourne pas uniquement autour de son personnage principal, au contraire même, on peut néanmoins noter que Ben incarne un protagoniste plutôt falot, avant tout présent au premier plan pour servir de catalyseur à l’intrigue se développant autour de lui. Toujours à la limite, on peut remarquer également que même si l’auteur approuve cette version, cette traduction est basée sur la version anglaise du roman et non sur la version originale en hébreu. Mais ce constat ne change rien à la portée et la puissance de son final, tout en âpreté et en émotion contenue, comme si malgré les épreuves et la dure réalité des choses, il était possible de trouver la voie de l’apaisement, sans renier son passé.
Le monde de la fin se révèle donc après lecture comme un roman à la fois plaisant et parfois irrévérencieux mais surtout stimulant. Si vous êtes un amateur de fantasy au sens large et non bloqué sur une approche médiéval-fantastique tendance épique – encore qu’il soit bien question d’une quête au bout du compte – n’hésitez pas à tenter votre chance.
Il pourrait bien vous surprendre.
7.5/10
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