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Le Club Aegolius
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Owen Lauren
Traduction : Ertel Emmanuelle
Angleterre, 1892. Après avoir quitté son Yorkshire natal pour
suivre des études à Oxford, James Norbury, un jeune et timide
aspirant poète, décide de s’installer à Londres, où il fait une
rencontre qui va bouleverser sa vie. Une nuit, il disparaît sans
laisser de trace. Ébranlée, sa sœur Charlotte quitte le manoir
familial, bien déterminée à le retrouver.
Dans la ville lugubre qui l’accueille, elle découvre un monde
secret et à la marge, peuplé de personnages et de créatures :
une ancienne funambule devenue justicière ; des gamins des
rues à l’âme ancienne ; le glaçant “Docteur Couteau”, et bien
d’autres encore.
La réponse à la disparition de James semble se trouver
derrière les portes d’une mystérieuse institution : le club Aegolius,
dont les membres incluent les dandys et gentlemen les
plus dangereux d’Angleterre… Accompagnée d’un duo de
chasseurs hors du commun et d’un millionnaire américain,
Charlotte réussira-t-elle à sauver son frère d’un mal dont elle
ne parvient pas elle-même à comprendre les diaboliques mécanismes
et les terribles conséquences ?
Critique
Par Saffron, le 31/12/2021
Littérairement parlant, les histoires de vampires pouvaient jusqu’à présent se diviser en deux catégories : le classique de référence génial (coucou Dracula) et la saga à la qualité que l’on pourrait qualifier de… contestable (oui, c’est toi que je regarde, Twilight). Avec Le Club Aegolius, il existe désormais une classe intermédiaire : le roman vampiresque à la fois étouffant et falot.
Sur le papier, les choses partaient pourtant bien – sinon pour les personnages, du moins pour le lecteur. Lorsque son frère James, parti s’installer à Londres pour s’essayer à une carrière de poète et dramaturge, ne donne plus le moindre signe de vie, Charlotte Norbury, qui n’a jamais posé un pied hors de son Yorkshire natal, décide d’aller le retrouver elle-même, au mépris de toutes les règles de la bienséance victorienne. Mais ça, c’était sans compter sur le club de gentlemen vampires qui se dresse sur son chemin.
Le postulat de départ n’est pas dénué d’intérêt, et la volonté manifeste de l’auteure de déboulonner un à un tous les poncifs qui entourent le mythe du vampire depuis Bram Stoker (lumière du soleil, ail, eau bénite, impossibilité d’entrer où que ce soit sans invitation…) aurait pu être alléchante si elle avait bénéficié d’un peu de finesse. De la multiplication des points de vue à l’utilisation d’extraits du journal du médecin, tout est fait pour rappeler Dracula, avec l’intention fort peu subtile d’en renverser les clichés. Malheureusement, la sauce ne prend jamais vraiment, et si ces vampires-là ont la décence de ne pas briller au soleil, ils brillent en revanche par leur vacuité.
Plus que tout, Le Club Aegolius souffre d’un énorme problème de rythme. Des années entières sont ainsi tassées dans une poignée de pages, tandis que la mission sauvetage, censée ne durer que quelques jours, s’étire sur plusieurs centaines de pages et est plombée par des flashbacks récurrents qui donnent l’impression de n’être là que pour noircir du papier. C’est d’ailleurs le deuxième problème le plus notable du roman : à force de multiplier les personnages et de leur offrir à tous un point de vue narratif et des flashbacks détaillés, le scénario s’enlise et, curieusement, les protagonistes y perdent en profondeur. Leur passé semble bien plus important aux yeux de l’auteure que leur présent, ce qui se traduit au final par des personnages caricaturaux et sans épaisseur. Difficile, dans ce genre de cas, de se soucier véritablement du destin de James, Charlotte et consorts, et encore moins du résultat de la mission.
En revanche, rendons à César ce qui lui appartient : les scènes d’action sont réussies et les descriptions de ce Londres victorien cafardeux, étouffant sous le smog et les conventions, garantissent une véritable plongée dans un 19e siècle qui n’avait rien de folichon. Quel dommage d’avoir peuplé un si beau décor de personnages en deux dimensions…
À la fois léthargique et hyperactif, Le Club Aegolius est un roman qui, comme ses protagonistes, évolue en permanence entre ombre et lumière, entre bonnes idées de départ et exécution décevante. Il serait injuste de dire que la lecture est ennuyeuse, mais une fois le quota de pages atteint pour la journée, rien ne donne vraiment envie de reprendre le livre pour poursuivre l’aventure, juste cinq petites minutes et après j’éteins, promis. Dans l’ensemble, pour un roman présenté par l’éditeur comme « regorgeant de merveilleuses inventions », Le Club Aegolius est aussi poussiéreux que les locaux du club lui-même et les vampires qu’il renferme.
6.0/10
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