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La Plus Grande

Titre VO: La Più Grande

ISBN : 978-221133644-4
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Davide Morosinotto (Proposer une Biographie)
Traduction : Marc Lesage (Proposer une Biographie)

Lauréat du prix Elbakin.net 2024 du meilleur roman de fantasy traduit jeunesse

Canton, 1770. Shi Yu n’a jamais connu ses parents. Âgée de six ans, elle travaille pour l’aubergiste Bai Bai qui ne ménage pas insulte et coups de fouets.
Un jour, à l’auberge, elle rencontre Li Wei, un jeune homme expert en arts martiaux. Yu le convainc de lui apprendre à se battre : la jeune fille a du talent, ça se voit tout de suite. Lorsque, quelques années plus tard, elle est enlevée par les pirates de l’équipage du terrible Dragon d’Or, ce sont ses talents de combattante qui lui sauvent la vie : au lieu de la tuer, Dragon d’Or l’engage dans l’équipage.
C’est le début de l’ascension de Yu dans le monde de la piraterie. À dix-neuf ans, elle devient commandante d’une flotte entière. Son nom terrorise la mer de Chine, sa force semble inexorable… Mais sa renommée extraordinaire lui a créé un ennemi aussi puissant que mystérieux, qui est prêt à tout pour détruire le wushu de l’Air et de l’Eau, le style d’arts martiaux légendaire dont la jeune fille est devenue la dernière disciple.

Critique

Par Aerendhyl, le 06/09/2024

S’attaquer à une figure historique est toujours un exercice délicat – d’autant plus lorsque l’on insère celle-ci dans le cadre d’un récit de l’imaginaire. Comment faire pour ne pas dénaturer le personnage d’origine tout en prenant certaines largesses ? Certains s’y sont essayé, beaucoup d’entre eux ont cassé leur plume face à un tel défi. Qu’en est-il de cette réinterprétation de la vie de Ching Shih ?
Qu’on se le dise tout de suite, ne vous attendez pas à une œuvre fidèle à la vie de cette pirate du XVIIIe-XIXe siècle. Davide Morosinotto profite d’une forme de flou au niveau des sources pour réinterpréter librement la vie de cette « féministe » avant-gardiste au travers de son personnage de Shi Yu.

Parlons-en de cette Shi Yu justement, puisqu’il s’agit de l’héroïne de ce roman mais surtout de l’un de ses gros points forts. S’il fallait donner un cours pour définir ce qu’est un personnage haut en couleur et marquant dans la littérature jeunesse – mais ne craignons pas d’élargir cela à la littérature au sens large – alors Shi Yu serait dans le top 10 et certainement pas dixième. Il est galvanisant de suivre son évolution, sous la forme d’un apprentissage informel, permettant ainsi à l’œuvre de se démarquer de ses consœurs de la littérature de l’imaginaire. Nous la voyons grandir, apprendre, échouer, réessayer et surtout vivre une aventure trépidante tout au long des 600 pages de ce volume.
Shi Yu est un mélange d’émotions dont l’auteur joue avec justesse. On peut la trouver émouvante, et elle se montre agaçante face à certaines situations quelques pages plus tard ; elle peut être à la fois douce et réfléchie comme devenir une boule d’explosivité au chapitre suivant… La plume de l’auteur fait de ce personnage un parfait miroir de ce que peut être l’être humain, le tout écrit avec une forme de justesse qui nous raccroche à elle. Une vraie réussite.
Une réussite qui se poursuit sur l’ensemble de la galerie de personnages. Foisonnante mais sans pour autant partir dans tous les sens, elle offre au lecteur de quoi à s’attacher à la situation de chacun. Davide Morosinotto réalise là une nouvelle fois son envie de décrire toute la complexité de la société avec des personnages qui ne sont ni noirs, ni blancs, des personnages qui ont à cœur d’être là pour les autres comme d’être individualistes.

Attachons-nous maintenant à l’intrigue ; quelque chose d’assez basique : une jeune fille « recueillie » par une bande de pirates qui décide de se venger des assassins de son maître d’armes.
Du vu et du revu, en somme.
Ne vous fiez pas aux apparences. Sous son air très simple, l’intrigue vous happera de la première à la dernière page. Car sous ce faux air prend place tout le développement de son personnage principal. Plus qu’une histoire de vengeance, c’est l’histoire de l’émancipation d’une héroïne qui – par diverses péripéties toutes plus prenantes les unes que les autres – se confrontera à la réalité d’une vie aux bans de la société.
Alors oui, la vengeance restera le fil rouge de ce roman mais le cadre autour vient apporter lui toute sa saveur. Des rebondissements parfois inattendus viennent relever l’intérêt tout au long de la lecture.

La touche de fantasy est assez légère : une forme de maîtrise des éléments de la nature sous la pratique des arts martiaux, l’un de ceux-ci étant au cœur de l’intrigue pour le contrôle de la Chine. Sans vous en dire plus, ne vous attendez pas non plus à un roman de pure fantasy, là n’est pas le propos.

Avec La Plus Grande, l’auteur réussit à construire un grand roman d’aventure et une magnifique réécriture de l’histoire. Prenant le parti de chapitres assez courts dans un texte long, Davide Morosinotto gagne le pari de faire grandir sa galerie de personnages sur un laps de temps très large (toute une vie ou presque !) permettant à chacun de s’identifier à l’une ou l’autre des périodes de l’existence de Shi Yu. L’auteur réussit également, grâce à l’enchaînement rapide des chapitres, à maintenir en haleine le lecteur sur l’ensemble du roman. Il faut le dire, on ne s’ennuie jamais !
Pour conclure, La Plus Grande porte merveilleusement bien son nom. Voilà un roman qui ne souffre d’aucun défaut et fera passer un moment assez magique à tous les lecteurs – peu importe ce qu’ils cherchent !

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