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L'Usine de porcelaine Grazyn
Titre VO: The Bone Mother
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : David Demchuk (Proposer une Biographie)
Traduction : Felicia Mihali (Proposer une Biographie)
Depuis deux cents ans, l’usine de porcelaine Grazyn a bâti sa réputation sur ses magnifiques dés à coudre. On raconte que même la tzarine Anastasia Romanova en avait reçu un dans son trousseau. Les ouvriers proviennent des trois villages avoisinants. Nourris, habillés et éduqués, ils font l’envie de tous à l’époque où la famine programmée par Staline et le cannibalisme font rage dans les environs. Mais quel est le secret de cette usine et pourquoi la famille Grazyn protège-t-elle si scrupuleusement ses employés ?
Situé à la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, ce roman ranime les grandes figures de la mythologie slave à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, depuis Baba Yaga et Rusalka jusqu’au Golem. L’existence des mortels y est intimement liée à celles des sorcières et des vampires, dans un univers où les strigoïs côtoient des sirènes, des fantômes et des voyants.
L’univers de David Demchuk représente le dernier rempart d’un monde en train de disparaître, sous la menace permanente du fascisme et de Nichni Politsiyi, la Police de Nuit, qui hante ses victimes jusqu’au Canada.
Critique
Par Gillossen, le 05/01/2020
L’Usine de porcelaine Grazyn de David Demchuk est un recueil de nouvelles pour le moins étrange.
Déjà, même si ce n’est pas la première fois qu’un tel cas de figure se produit, il faut passer par un éditeur québécois pour se procurer une version française, car personne ne l’a encore publié en France. Et c’est dommage. Et les éditions Hash#ag méritent donc bien un peu de visibilité pour avoir fait le pari d’une publication de cet ordre.
Demchuk lui-même est un auteur de théâtre avant tout, qui se présente d’ailleurs comme attiré par les monstres et tout ce qui ne correspond pas à la “norme”. The Bone Mother, titre original du livre, se voit le plus souvent classé en horreur. L’horreur, un genre qui ne marche pas vraiment chez nous, sous forme ici de nouvelles souvent très courtes, signé d’un auteur méconnu… Bon, on peut comprendre que les propositions ne s’accumulent pas.
C’est dommage, nous l’avons dit un peu plus haut et on va le répéter. L’Usine de porcelaine Grazyn n’est pas un pur bijou de noirceur exempt de défauts. Certains textes s’avèrent inutilement complexes (confus), la conclusion de plusieurs autres tombent à plat et beaucoup de “voix” se ressemblent malgré le nombre très important de narrateurs… Mais l’ensemble possède un pouvoir évocateur, fait preuve d’une utilisation savante des mythes slaves, nous entraîne dans une plongée au plus profond d’esprits tordus aux destins brisés qui nous poussent à dévorer une histoire après l’autre, d’une traite. Ce fut mon cas. Je pensais lire une cinquantaine de pages, ou disons 5-6 textes… Et je me suis laissé emporter au cœur de ma lecture, tandis que les mystères de l’usine se dévoilaient, en partie.
Le père de l’auteur est né en Ukraine et il est évident que cette culture, ces contes, ce folklore, représentent chez Demchuk quelque chose allant au-delà d’un ancrage relevant, disons, d’un simple intérêt littéraire. Ne vous attendez pas non plus à de petites vignettes lorgnant sur le macabre saupoudrées d’une pincée de fantastique ou d’horreur. L’auteur y a ajouté une vraie dimension politique, via le rôle de la guerre, des dérives de la science, sans même évoquer la Nichni Politsiyi (la tristement fameuse police de la nuit).
Petit à petit, on reconstitue le puzzle, passant d’une période à l’autre, du passé au présent (?), on découvre le poids d’un héritage, ou comment il semble bien difficile d’échapper à son destin. C’est en creux que l’usine fonctionne non pas le mieux, mais encore mieux. A travers le regard d’un monstre, c’est là qu’il est parfois plus facile de s’interroger sur ce que représente la notion même d’humanité, ou comment ses failles ne peuvent être occultées. N’oublions pas au passage les photos d’époque (tirées de la première moitié du XXe siècle) d’un photographe roumain, qui ont aussi inspiré l’auteur et ajoutent encore à la couleur toute particulière de cet ouvrage.
A titre personnel, mes histoires préférées ne sont pas forcément les plus terribles ou les plus intégrées au grand “mythe” de l’usine. Je retiendrait ainsi plus particulièrement des textes comme Luisa, Claudiu et son petit don, ou encore Nadiya. En tout cas, après Vita Nostra et d’autres titres puisant à ce creuset au cours de ces deux dernières années, difficile de nier la richesse de ce creuset, dont L’Usine se révèle l’un des plus beaux représentants.
8.5/10
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