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Game of Thrones : série noire

ISBN : 978-235096104-0
Catégorie : Roman connexe
Chercheur : Potte-Bonneville, Mathieu

Dragons et incestes, nains et prostituées, mouvements de troupes et montée de l’Hiver : créée en 2011 par la chaîne HBO à partir des romans de G.R.R. Martin, Game of Thrones décrit un univers d’intrigues et d’incertitudes. Épopée littéraire devenue succès télévisuel sans précédent, la série teinte son univers médiéval et fantastique d’une cruauté et d’un pessimisme neufs, pour raconter la lutte de grandes familles à la conquête du Trône de fer. Elle réserve de nombreuses surprises concernant à la fois les rapports entre réalisme et imaginaire, écrit et télévision, ou guerre et politique. Cet ouvrage collectif réunit critiques, historiens, philosophes, écrivains français et étrangers pour resituer Game of Thrones dans l’histoire de l’heroic fantasy, genre réputé mineur à la conquête d’une audience de masse, pour décrire sa matérialité visuelle et sonore, pour interroger, à travers les raisons qui font de cette série un événement, la manière dont elle éclaire l’état contemporain du monde et celui de la fiction.

Critique

Par Gilthanas, le 28/07/2015

Alors qu’il aura fallu attendre des dizaines d’années pour que l’œuvre de J.R.R. Tolkien ait les honneurs d’études universitaires (de façon conséquente), celle de G.R.R. Martin, bien qu’inachevée à l’heure actuelle, fait déjà l’objet de nombreuses publications. Parmi elles, on trouve l’ouvrage dirigé par Mathieu Potte-Bonneville, philosophe et maître de conférence à l’ENS de Lyon : Game of Thrones, série noire.
Réunissant les textes d’historiens, de spécialistes du cinéma ou de la littérature, l’ouvrage se penche sur la série de HBO à travers neuf textes. La difficulté de ce genre d’ouvrage étant de garder à la fois une cohérence thématique et qualitative, voyons comment s’en sort celui-ci.
La première chose à signaler est qu’il s’agit ici d’un ouvrage “sérieux” : s’il peut bien entendu être lu pour le plaisir, il demandera un effort particulier de concentration, surtout si vous n’êtes pas familier de ce genre de textes. Aussi bien au niveau des références que du texte en lui-même, il est parfois difficile de ne pas décrocher (je pense en particulier à certains passage du texte Un Chant de glace et de flamme de Gilles Grand qui traite de la musicalité de la série). De plus, on s’y perd parfois, entre les auteurs qui font appel aux termes traduits et ceux qui citent le texte original en anglais. Enfin, certaines erreurs (on notera notamment la présence d’une “famille Daenerys”) renforcent l’aspect “brouillon” de l’ouvrage.
Si certaines thèses avancées sont intéressantes et cohérentes, on regrettera aussi, dans certains textes, l’aspect trop subjectif des auteurs. Ainsi, on trouve dans le livre des avis personnels qui n’étayent pas la thèse de l’auteur, et qui ne sont que de simples jugements de valeur (par exemple, la version cinématographique de Peter Jackson qualifiée de “pénible” et ses choix de “sots”, ou encore la série Battlestar Galactica “oubliable”). Cela donne au texte un aspect moralisateur et pédant qui n’aide pas à l’immersion et à la réflexion.
Malgré tout, certains textes restent intéressants et prenants : celui de Yann Boudier interroge sur la place de la fantasy dans les médias d’aujourd’hui, et comment Game of Thrones contribue à renverser ce genre (du moins c’est ce que l’on croit) tout en cherchant à s’en éloigner ; le texte d’Émilie Notéris questionne sur la place dans la société de Westeros (et par extension la nôtre) des marginaux et autres “monstres”, qui se révèlent les moteurs de l’intrigue ; ou encore celui de Guillaume Bourgois, qui étudie la place de l’enfant dans la série. La notion de décapitation reste elle aussi très présente dans les textes (bien que le rapport fait entre la mort de Ned Stark, et celle de James Foley, exécuté par l’État Islamique, me semble exagéré).
Cependant, le déséquilibre entre les textes donne finalement à l’ouvrage un goût d’inachevé : on alterne toujours entre le très intéressant et le presque hors-sujet (le texte de Jack Halberstam Queer Game of Thrones). Il semble manquer à cet ouvrage un fil directeur, une continuité. Si certains textes se font écho de manière efficace, d’autres sont un peu en marge.
Une lecture qui pourra être utile à qui souhaite approfondir son étude de la série de HBO (et par extension des écrits de Martin), mais qui rebutera certainement plus d’un lecteur. Je conseille au futur lecteur de choisir les textes en fonction des thématiques qui l’intéressent, et de laisser les autres de côté (pour peut-être y revenir après selon ses envies).

6.0/10

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