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Fugues

Titre VO: Glimpses

ISBN : 978-207045573-7
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Shiner, Lewis

Ray Shackleford, réparateur de matériel hi-fi, se noie dans l’alcool et la musique pour tenter d’oublier une vie de couple chaotique et les brimades de son père. À la mort de ce dernier, sa vie bascule. Il se découvre un don singulier : il a le pouvoir de se projeter dans l’univers de ses groupes de rock favoris, d’enregistrer des versions inédites de leurs chansons. Poussé par Graham Hudson de Carnival Records, il accepte d’enregistrer l’album mythique et inédit des Doors : Celebration of the Lizard. Mais ces fugues vers le passé sont-elles sans conséquence ? 

Critique

Par Gillossen, le 31/07/2014

L’un des titres du Rock et SF de Folio SF avait attiré notre attention : après tout, on parle là d’un roman couronné par un World Fantasy Award en 1994 ! Et je dois bien admettre pourtant que sa parution initiale était passée totalement inaperçue à mes yeux. Et c’est bien dommage, car une chose est sûre, ce roman de Lewis Shiner illustre parfaitement le mélange évoqué un peu plus haut entre SF (enfin, dans le cas présent, il est surtout question de fantasy !) et musique rock.
Il suffit de lire la quatrième de couverture du roman pour se rendre compte que nous n’aurons pas affaire à un « héros » convenu et au contraire à un univers au départ tristement « banal », malgré le parfum années 80 initial. Ray n’est pas heureux dans sa vie et le décès brutal de son père lui laisse un goût amer. Et ne parlons même pas de sa relation sans passion avec Elizabeth, rongée par la routine…
Mais Fugues, c’est avant tout des références musicales en pagaille et un concept autour du voyage dans le temps assez fendard. L’imagination foisonnante de l’auteur fait très vite mouche et certains passages sont un vrai bonheur de lecture, quand Ray se retrouve à devoir aider ses idoles pour donner vie à leurs albums perdus (ironie du sort : Smile a fini par sortir depuis la parution du roman par exemple). On passe d’une émotion à l’autre, de Jim Morrison rongé par l’alcool à un Jimi Hendrix à fleur de peau. Les légendes prennent vie et la plongée dans les années 60-70 n’a rien d’artificiel, sans mauvais jeu de mots.
On l’a dit plus haut, nous sommes bien en territoire fantasy – même si évidemment il n’est pas question de fantasy épique. Et ce sont bien les relations entre Ray et les autres personnages qui sont au cœur du roman et nous poussent à poursuivre notre lecture. Fugues ne propose pas un simple gimmick. Et le parcours émotionnel de Ray de nous toucher immanquablement, à travers les non-dits, les répliques qui veulent faire mal, les regrets… Toutefois… tout ce qui touche par exemple à son mariage et plus généralement ses rapports avec la gent féminine affiche parfois un côté « soap » qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Et sur le plan de la “magie”, les personnes qui entourent Ray semblent étonnamment compréhensives, voire crédules.
Pourtant, Fugues n’en demeure pas moins un roman qui parle simplement de la vie, à la fois beau et sans prétention, sans détour et parfois aussi grave que plein d’espoir. Et si en plus la grande ou la petite histoire de la musique (rock) vous a toujours passionnée… l’auteur l’exploite ici avec brio mais sans oublier que l’humain reste au cœur de tout.

8.0/10

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