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Bioshock : Rapture

ISBN : 978-235294930-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Shirley, John

C’était la fin de la seconde guerre mondiale.
Le New Deal du président Roosevelt avait redéfini la politique américaine. Les impôts avaient atteint un pic sans précédent. Les bombardements de Hiroshima et Nagasaki avaient créé la peur de l’annihilation totale. La montée d’agences gouvernementales secrètes avait rendu la population méfiante. Le sentiment de liberté des États-Unis s’était étiolé… Et nombreux étaient ceux qui voulaient retrouver cette liberté.
Parmi eux, un grand rêveur, un immigré qui s’était élevé des plus profonds abysses de la pauvreté pour devenir l’un des hommes les plus riches et les plus admirés au monde. Cet homme s’appelait Andrew Ryan, et il avait la conviction que les grands hommes méritaient ce qu’il y avait de mieux. Alors il se mit en quête de l’impossible, une utopie libre de tout gouvernement, de toute censure, de toute restriction morale sur la science, où ce qu’on donnait on le recevait en retour. Il a créé Rapture, la lumineuse cité sous les mers.
Mais l’utopie a été frappée d’une terrible tragédie.
Voici comment tout a commencé… et tout a fini.

Critique

Par Saffron, le 31/03/2016

Les novélisations de jeux vidéo sont à la mode depuis quelques années, souvent avec les qualités littéraires que l’on sait… Cette année, c’est au tour de la saga Bioshock, avec ce roman de John Shirley publié en 2011 dans la langue de Tolkien. Et plutôt que de proposer une version direct-to-Milady, Bragelonne a mis les petits plats dans les grands et s’est fendu d’une édition collector « mois du cuivre », avec des en-têtes de chapitres Art déco pour couronner le tout.
La « mythologie » de Bioshock, joyeux mélange de dystopie, de diesel-punk et d’horreur, est plutôt bien fournie, et le destin de la cité sous-marine de Rapture intrigue forcément. Si vous vous demandez comment la ville a fini dans cet état et d’où sortent ces horribles gamines et leurs protecteurs en scaphandre, c’est dans Bioshock : Rapture que ça se passe. (Pour évacuer d’office les questions qui fâchent, non, je n’y ai moi-même jamais joué. Mais pour avoir vu un ardent gamer s’adonner aux trois épisodes, je ne partais pas exactement de zéro.)
En 1945, horrifié par la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki, le milliardaire Andrew Ryan se persuade qu’un conflit nucléaire mondial guette l’humanité. Il décide alors de faire bâtir Rapture, sorte de dictature de l’individualisme où l’ultra-libéralisme règnerait en maître, où les syndicats ne seraient plus qu’un mauvais souvenir et où les habitants ne seraient contraints par aucune notion d’éthique, de morale ou de religion. 
À partir de là, pas besoin d’avoir mis le nez dans Bioshock pour se douter que les choses ne peuvent que très, très mal tourner. Comme le souligne l’un des personnages principaux du roman, rassemblez 10 000 personnes dans un même endroit et ils y apporteront ce que l’humanité à de meilleur… mais aussi et surtout ce qu’elle a de pire. L’utopie d’Andrew Ryan, symbole d’une curieuse notion de liberté (après tout, il est strictement interdit de quitter Rapture et d’entrer en contact avec la surface), semble vouée à s’auto-détruire dès ses premières années d’existence et se transforme finalement en état policier, à des années-lumière des rêves et des espoirs de son fondateur.
Lorsqu’on passe outre le problème philosophico-existentiel d’une humanité libérée de toute limite et les considérations politiques simplistes et très années 50 d’Andrew Ryan (le communisme et le syndicalisme, c’est mal ; l’individualisme et l’entreprenariat, c’est bien), on retrouve dans le roman les personnages du premier épidose de Bioshock, parmi lesquels le fameux Atlas ou le Dr. Lamb. On apprend également le pourquoi du comment des fameux plasmides (difficile de ne pas avoir le visuel du jeu en tête lorsque l’auteur évoque l’arc électrique…) et des franchement sinistres Petites Sœurs, résultats d’expériences scientifiques qui font passer Josef Mengele pour un bon Samaritain.
Le roman souffre d’un problème de rythme, avec notamment un début trop détaillé (les années de construction de Rapture occupent des pages entières) et une fin trop précipitée. N’espérez pas assister en direct à la chute de la ville : plusieurs mois s’écoulent entre l’épilogue du roman et le début de Bioshock, pour un effet particulièrement frustrant pour le lecteur. Tout ça pour ça, finalement ? Certains personnages pourtant importants sont ainsi oubliés dans un coin. C’est le cas par exemple du Dr. Lamb et de sa secte, du Dr. Tenenbaum, victime d’un cas de conscience non résolu, ou du Dr. Steinman, aux idéaux esthétiques très personnels. Le devenir de ces personnages est certes abordé dans le jeu, mais pour qui ne s’est pas plongé dans les détails de Bioshock, le roman pêche en tant qu’œuvre autonome.
Bioshock : Rapture est donc à réserver aux inconditionnels de la saga. Les néophytes n’y verront sans doute qu’une surenchère dans l’horreur et la déchéance humaine, alors que le désastre était pourtant prévisible dès le départ. Finalement, le destin de Rapture ferait surtout un bon sujet de bac philo : privée de règles et de limites, une civilisation peut-elle espérer prospérer ? Vous avez quatre heures.

6.5/10

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