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Bienvenue à Sturkeyville
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Leman, Bob
Traduction : Serval, Nathalie
Illustration : Maniak, Arnaud
Six histoires autour de la bourgade de Sturkeyville où des créatures rodent et où des hommes tombent.
Critique
Par Nephtys, le 11/04/2020
Écrivain horrifique très peu connu du grand public, Bob Leman s’est illustré par la production de nouvelles outre-Atlantique, dont certaines nous sont parvenues en France via le magasine Fiction. L’auteur n’a aucun roman à son actif, ce qui ne l’empêcha d’acquérir une notoriété par ses nouvelles, l’une d’elle étant adaptée à l’écran dans la série anthologique “Les Nuits de l’étrange” (Night Visions) au début des années 2000. A noté que la nouvelle en question, Window, n’apparaît pas dans Bienvenue à Sturkeyville.
Via ce recueil comportant deux nouvelles inédites dans leur traduction française, les éditions Scylla veillent à remettre Bob Leman à l’honneur pour montrer qu’une autre patte de l’horreur américaine existe entre Lovecraft, Matheson et King, au possible lecteur lambda. On ne peut que les remercier de cette initiative !
Sturkeyville, bourgade américaine comme l’on peut aimer : du genre avec des événements étranges, des tragédies surnaturelles et des physiques particuliers pour ses habitants afin de bien montrer qu’il s’agit là d’un monde à part, d’un microcosme de l’horreur.
Tout semble lourd, empesé, figé dans une époque aujourd’hui révolue. L’Amérique que nous dépeint Bob Leman possède les marques de l’American Dream, du self-made man et en même temps le spectre traumatique de la grande Dépression. Un décalage peut s’opérer avec nos yeux de lecteurs modernes, notamment via la place des femmes dans les différentes nouvelles et le danger qui semble les accompagner.
Une autre époque, qui n’empêche en rien la lecture fluide, plaisante, de ce recueil. Les quelques illustrations de Arnaud S. Maniak rajoutent à l’ambiance dégagée par l’ouvrage et savent capter l’esprit des nouvelles avec une certaine précision.
Sturkeyville se révèle comme un voyage dans le temps dans une dimension parallèle de l’Amérique. Sous le voile de l’horreur, une mélancolie reste présente face aux vies gâchées et aux années perdues par les condamnés de cette ville.
Les six nouvelles sont d’un niveau à peu près égal en terme de qualité, excepté pour l’avant-dernière : Loob. S’il fallait une raison de lire Sturkeyville, ce serait cette nouvelle-là, capable de hanter le lecteur malgré le recueil terminé, refermé.
A la fois rigide et coincé dans son époque, et en même temps très riche dans l’horreur pure distillée, Bienvenue à Sturkeyville est un salut posthume à son auteur et à l’imagination étrange qu’il possédait et partageait via ses textes.
7.5/10
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