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Game of Thrones : le bilan de la saison 6 !
Par Gillossen, le mardi 28 juin 2016 à 14:22:53
Par notre spécialiste séries, Zakath Nath !
La saison 5 de Game of Thrones avait eu son lot de scènes marquantes, à commencer par l’inattendue et intense bataille de Hardhome, mais elle semblait aussi marquer le pas : les showrunners David Benioff et D.B. Weiss avaient encore de la matière venue des livres à couvrir, mais ils attaquaient une partie de l’histoire qui se faisait déjà moins épique et plus laborieuse que ce qui avait précédé, tout en devant commencer à prendre leurs distances du texte original avec plus ou moins d’inspiration. Pour un Tyrion rejoignant Daenerys afin de lui servir de conseiller, ce dont plus d’un lecteur s’était senti frustré à la lecture de A Dance With Dragons, il fallait notamment suivre des scènes à Dorne pour le moins peu engageantes.
Désormais résigné à devoir conclure la série sans l’appui d’un contenu déjà publié (mais avec une bonne base de départ et une idée de l’objectif à atteindre), le duo est désormais plus libre d’aller à son rythme et d’amener les situations comme il l’entend.
À ce stade il est peut-être nécessaire de préciser que la suite du bilan comportera son lot de spoilers.
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Le bilan
La première moitié de la saison sera alors riche en révélations et verra disparaître plusieurs personnages récurrents afin de rebattre un peu les cartes, ce à quoi l’on était peu habitué (la mort de Joffrey dès le deuxième épisode de la saison 4 faisait plutôt figure d’exception). Cela nous réservera des séquences mémorables comme celle désormais fameuse éclairant les origines de l’état d’Hodor, mais d’autres seront amenées avec beaucoup moins de bonheur : le personnage de Doran est définitivement sacrifié, dans tous les sens du terme, et si la fin sordide de Roose Bolton est appropriée, le fait qu’un personnage aussi rusé et pragmatique ne voit pas venir le coup a de quoi laisser dubitatif.
Quant au nouveau participant au jeu des trônes, Euron Greyjoy (Pilou Asbæk), il n’aura eu pour seule fonction que de faire avancer l’intrigue en précipitant Yara et Theon du côté de Meereen. Dommage pour un personnage qui aurait pu succéder à Joffrey et Ramsay dans le rôle du psychopathe de service. Il faudra espérer pour lui qu’il a comme son équivalent de papier un argument plus convaincant que le fait d’être un mâle, un vrai, quand il croisera la route de Daenerys, ou sa carrière d’antagoniste sera de courte durée.
La saison a d’autres défauts. Comme toujours, les intrigues sont plus ou moins prenantes et dynamiques selon les personnages. À Port-Réal, il faudra ainsi se résigner à attendre la fin de la saison pour obtenir une conclusion à l’arc des Moineaux (mais quelle conclusion !), mais les scènes qu’on y passe, loin d’être inutiles, ne font que pousser Cersei dans ses derniers retranchements, justifiant sa décision finale.
Le passage d’Arya à Braavos en revanche est ce qu’il y aura eu de moins convaincant. Il permet quelques belles idées, en particulier le fait de confronter le personnage à son passé à travers une pièce de théâtre retraçant les grands événements des saisons précédentes, mais après un apprentissage lent et répétitif, la conclusion sera bâclée alors qu’il y aurait eu moyen de l’amener de manière plus crédible.
Pour contrebalancer ces problèmes (dont certains s’expliquent par une nécessité d’accélérer quand d’autres ont finalement toujours été présents de façon plus ou moins flagrante dans la série), cette saison, en passant à la vitesse supérieure, évite de s’embourber comme elle menaçait de le faire en saison 5. Des théories parfois datant de plus de dix ans se trouvent confirmées, des personnages font leur grand retour (parfois pour un dernier baroud d’honneur) et des intrigues comme celle de Meereen qui semblaient insolubles arrivent enfin à terme. Avec la fin de la série en ligne de mire, la tendance est à l’élagage et à la simplification. On perd en surprise au niveau des trahisons ou des batailles à l’issue incertaine qui ont fait la notoriété de la série, mais cet aspect prévisible est dû à un déroulement logique des éléments posés et ce que l’on peut perdre en étonnement lié aux divers coups-fourrés, on le rattrape par une mise en image inspirée, particulièrement dans les deux derniers épisodes réalisés par Miguel Sapochnik, déjà derrière Hardome : Battle of the Bastards et les vingt premières minutes de The Winds of Winter s’inscrivent d’entrée dans les sommets de la série qu’il sera dur d’égaler dans les saisons à venir.
En fin de compte, la saison s’articule autour du retour au pouvoir des trois principales maisons, Targaryen, Stark, et Lannister. Toutes au plus bas quand Mother’s Mercy a conclu la saison dernière, on les aura vu vaincre chacune leurs ennemis de façon spectaculaire, mais ces victoires ne sont pas du tout de la même eau : Daenerys réalise un parcours sans faute, par ses propres actions (la conquête des khalasars en un coup de maître), grâce à l’aide de son entourage (Tyrion gagnant par ses négociations le temps nécessaire pour que Meereen ne soit pas encore passée aux mains des Fils de la Harpie à son retour) et un concours de circonstances qui donne l’impression qu’elle est la favorite du destin (l’arrivée opportune des Greyjoy et de leur flotte).
Pour une fois le vent tourne également en faveur des Stark, nous donnant droit tout d’abord à une belle scène de retrouvaille à laquelle on ne croyait plus après autant d’occasions manquées, puis à la chute de la maison Bolton, mais contrairement à Daenerys, Jon a frôlé le désastre et Winterfell est chèrement acquise. Malgré cela et la présence du comploteur en chef Littlefinger dans la place, il s’agit néanmoins d’une véritable victoire qui permet enfin pour le Nord de se tourner entièrement vers la menace au-delà du Mur.
Quant aux Lannister et plus précisément Cersei, il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus qui ressemble plus à une manœuvre d’autodestruction bien conforme au personnage, qui en voulant écraser ses ennemis ne fait que s’en créer d’autres et s’isole chaque fois un peu plus. Sa dernière scène la montre obtenir ce qu’elle a toujours voulu et dont elle a toujours été frustrée mais comme d’autres avant elle, il est fort probable qu’elle découvre que l’exercice du pouvoir est moins satisfaisant que sa conquête. À ce stade, le vrai salut de la famille ne viendra pas de cette prise de pouvoir bien trop précaire mais du Lannister qui a eu la bonne idée de devenir Main de la Reine Daenerys.
Avec cette saison 6, on entre en tout cas dans une différente ère de la série, clairement marquée par une volonté de boucler les différentes sous-intrigues et de se diriger vers le principal affrontement plutôt que de multiplier les fronts. Cela ne s’est pas fait sans heurts mais le résultat est largement positif et le recentrage sur un continent et moins de personnages devraient rendre la suite plus facilement gérable que ne l’ont été les saisons précédentes.
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