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Willow : le bilan de la saison 1
Par Zakath, le mercredi 18 janvier 2023 à 05:55:48
Sorti sur grand écran en 1988, Willow, réalisé par Ron Howard sur une histoire de George Lucas, avait à l’époque rencontré un succès limité mais au fil des rediffusions dans les années qui ont suivi, il s’est taillé une petite réputation de film culte et nombre de gens, ayant grandi dans les années 90 notamment, en gardent un souvenir ému.
Il n’est donc pas si étonnant qu’en période d’exploitation de toutes les franchises possibles, une suite finisse par voir le jour, sous forme de série destinée à alimenter le catalogue de Disney +. Retrouver le héros et ses compagnons pour de nouvelles aventures était séduisant mais on pouvait craindre qu’une fois de plus, on piétine les souvenirs d’enfance d’une bonne partie du public.
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Le bilan
Les deux premiers épisodes sur les huit qui forment la première saison, loin d’être extraordinaires, sont toutefois plutôt rassurants.
On découvre les nouveaux personnages, vingt ans après la fin de l’histoire que l’on connait : Kit et Airk, les enfants de Sorsha et Mad Martigan (porté disparu), Jade, l’amie de Kit qui s’entraine pour faire partie de sa garde, Dove, une fille de cuisine amoureuse d’Airk, Graydon, prince destiné à épouser Kit et Boorman, un aventurier. Après l’enlèvement d’Airk par les monstrueux sbires d’une puissante sorcière. Sorsha charge le reste du groupe de retrouver Willow, seul capable de les aider à retrouver son fils. Les jeunes acteurs sont très lisses mais pas antipathiques, visuellement ce n’est pas très recherché mais on ne perd pas de temps à révéler l’identité d’un personnage important plutôt que d’entretenir inutilement le mystère tout au long de la saison et de plus, la série semblait se placer sur un créneau de fantasy familiale qui paraissait abandonné au profit d’œuvres destinées à un public plus âgé.
Dès l’épisode 3, hélas, la série prend un tournant qui la fait sortir des rails : la direction artistique, qui n’avait rien d’extraordinaire, devient aberrante, avec des personnages tout de jeans vêtus dans un univers qui jusque-là se bornait à être traditionnellement médiéval ; des reprises de chansons rock, au départ cantonnées au générique, ce qui ne faisait déjà pas très Willow, sont intégrées dans les épisodes tandis que la musique instrumentale, entre deux citations de la superbe bande originale de James Horner, est à peine audible alors qu’on a engagé James Newton-Howard pour les quatre premiers épisodes ; les jeunes protagonistes sont plus préoccupés par leurs tourments amoureux que par leur quête… Difficile pour l’instant de dire si ces décisions ont été prises dès le départ par le créateur de la série, Jonathan Kasdan, ou le fruit d’interventions successives des pontes de Lucasfilm et Disney pour tenter de plaire à la partie du public que ces choix paraissent cibler, les adolescents. Le résultat, en tout cas, sort régulièrement de l’univers posé par le film et les premiers épisodes, avec des costumes que l’on pourrait acheter dans la première chaine de magasins de vêtements venue, des sous-intrigues sentimentales téléphonées, et un jeu d’acteurs qui sans être catastrophique est extrêmement stéréotypé.
Et Willow dans tout cela ? Toujours incarné par Warwick Davis, il est régulièrement envoyé à l’arrière-plan de la série qui porte son nom : on a bien pris en compte une évolution de sa personnalité avec les années et les épreuves, on trouve une raison pour qu’il ne résolve pas tous les problèmes par magie mais il ne fait pas un mentor très efficace, devant se contenter souvent de prodiguer instructions et encouragements vides et contraint de laisser aux petits jeunes les occasions de briller. Le personnage de Boorman, incarné par Amar Chadha-Patel, sort du lot bien que sa présence soit évidemment là pour pallier à l’absence de Mad Martigan dans le rôle du guerrier sans grands principes mais doté d’un bon fond. Il apporte la touche d’humour nécessaire mais comme Willow, se retrouve trop souvent remisé pour laisser la vedette à ses cadets.
Pourtant, quand le scénario se concentre sur ce qu’il devrait être, la série n’est pas désagréable : on a une compilation de toutes les étapes d’une quête dans un monde de fantasy épique, que l’on déroule avec aplomb sans chercher l’originalité mais sans complexe : on passe la nuit dans une forteresse maudite, après quoi il faut traverser la forêt enchantée puis se perdre dans les mines et on franchit l’océan magique pour finir dans la cité fantôme, le tout en accomplissant quelques quêtes secondaires nécessaires à rassembler des objets susceptibles de vaincre la grande méchante. Certains décors sont réussis, comme la Cité immémoriale où se joue le dénouement de la saison, spectaculaire bien que la perte d’un membre du groupe ne semble émouvoir qu’une seule personne parmi les survivants.
Cependant, cela reste trop peu pour apprécier la série malgré ses défauts.
Cette première saison est un gâchis alors qu’il y avait matière à développer l’univers entrevu dans le film originel et elle s’ouvre sur une suite éventuelle dont on ne voit pas comment elle pourrait être plus réussie à moins de changements en profondeur qu’il est sans doute trop optimiste d’espérer.
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