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The Watch : le bilan de la saison 1 !
Par Zakath, le samedi 20 février 2021 à 09:39:15
Comment ? Comment a-t-on pu en arriver là ?
Pourquoi Cheery, qui appartient à la race des Nains, est glabre et mesure un bon mètre 90 ? Pourquoi Richard Dormer, l’interprète de Sam Vimes, joue-t-il comme s’il venait d’être nommé capitaine du Black Pearl et non du Guet ?
Qu’est-ce qui a bien pu passer dans la tête des producteurs et des scénaristes de cette série (parmi lesquels Simon Allen, qui avait déjà travaillé sur The Musketeers, relecture libre mais loin d’être déplaisante de l’œuvre d’Alexandre Dumas) ? Qu’avez-vous fait, pauvres fous ?
Ce sont ces questions et bien d’autres encore qu’ont pu soulever les premières photos et les trailers tapageurs de The Watch, série basée sur Les Annales du Disque-Monde de Sir Terry Pratchett, tout du moins sur les romans consacrés au Guet d’Ankh-Morpork.
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Le bilan
Pourtant quand le projet avait été annoncé il y a déjà dix ans, du vivant de l’auteur, il y avait de quoi être enthousiaste : un univers riche et fouillé qui par le biais de l’humour permettait d’aborder divers sujets de société, une bande de bras cassés attachants et qui pour certains d’un livre à l’autre évoluaient de manière intéressante, tout cela dans le cadre d’une ville qui était elle-même un personnage à part entière, sale, dangereuse, peuplée d’habitants venus de tout le Disque-Monde, de Mages, où diverses Guildes exercent leur influence sous l’œil toujours attentif du Patricien, despote éclairé. De plus, l’univers en question n’avait encore été que peu porté à l’écran (quelques téléfilms diffusés par la chaîne SkyOne dans les années 2000), d’où une curiosité renforcée. Et puis patatras : ces images, le désaveu public de Rhianna Pratchett, la fille de l’auteur, il y avait de quoi s’attendre au pire.
C’est donc avec quelque appréhension qu’on se lance finalement dans le visionnage du premier des huit épisodes qui forment la première saison.
À son issu, plusieurs constats : la caractérisation des personnages principaux est aussi à côté de la plaque que les premières impressions le laissaient craindre. Seuls un ou deux traits de personnalité ou de background ont l’air d’avoir été retenus (alcoolisme de Vimes, adoption par des Nains pour Carrot…) et le reste est aux antipodes. Mention spéciale pour Vétérini, de son look à son tempérament, rien ne va (et pourtant, l’idée de confier le rôle à Anna Chancellor était très loin d’être la plus incongrue, sur le papier). Ensuite, c’est d’une grande laideur, que ce soit le décor de l’Université de l’Invisible, le maquillage du Bibliothécaire ou les costumes des gardes de Vétérini et pire, sans la moindre imagination. Contraintes budgétaires ou désir de capter un nouveau public en pensant donner un coup de jeune à l’œuvre d’origine, le mélange d’influences médiévales et victoriennes de la ville s’efface au profit d’un look plus contemporain : les personnages arborent volontiers des dégaines punk, l’éclairage et la technologie ont l’air résolument électriques bien que l’on évoque la magie et le quartier des Ombres est recouvert de tags tracés à la bombe. Loin d’en faire le coupe-gorge des livres, on a surtout l’impression de se balader dans un quartier alternatif où l’on peut flâner et faire du tourisme sans être inquiété.
Pourtant, tout espoir n’est pas perdu : si l’on fait abstraction du cabotinage rapidement pénible de Dormer, les membres du Guet forment une équipe plaisante et qui a une bonne alchimie. De plus, en dépit de ses défauts, l’épisode inaugural pose les bases d’une histoire intrigante avec un antagoniste, Carcer Dun (Sam Adewunmi), ayant apparemment voyagé dans le temps et promettant d’être plus complexe que son alter-ego romanesque. Hélas, d’un épisode à l’autre l’intérêt décroit alors que les héros se lancent dans une banale recherche d’artefacts pour contrôler un dragon, que les tentatives d’humour tombent régulièrement à plat et que les incohérences mettent l’indulgence à l’épreuve (Carrot se considère comme un Nain mais découvre que son père adoptif l’a envoyé loin de la mine car il s’inquiétait de sa grande taille : tous les Nains que l’on verra par la suite seront des armoires à glace. Dans le dernier épisode Wonse devient une véritable girouette sans que l’on comprenne bien pourquoi…).
Force est donc de constater que The Watch est une série ratée : en tant qu’adaptation c’est une aberration.
Les libertés prises sont difficilement compréhensibles (il n’y a pas eu d’adaptation définitive si fidèle que la seule façon d’apporter quelque chose de neuf serait de s’en démarquer totalement, l’œuvre d’origine n’est pas suffisamment obscure pour que les changements passent inaperçus, les idées des scénaristes ne sont pas meilleures que celles de Terry Pratchett, est-il besoin de le préciser…). Si l’on n’a jamais lu les livres ou que l’on parvient à en faire abstraction, le spectacle n’est que très moyen, sans la moindre folie visuelle et sur le fond, beaucoup moins iconoclaste qu’il prétend l’être (Sybille en est un bon exemple puisqu’on met en avant un personnage féminin capable de se battre contre des Assassins chevronnés mais finalement on se retrouve avec une figure bien plus classique que la Sybille d’âge moyen et plantureuse des livres : plus jeune, plus sexy et destinée à ramener sur les rails un protagoniste désormais bien plus âgé qu’elle, rien de bien neuf sous le soleil…).
On échappe tout de même au naufrage total que les bandes annonces laissaient craindre grâce à la tendresse qui malgré tout transparait vis-à-vis des protagonistes. Elle semble sincère au milieu de ce qui pourrait n’être qu’une simple entreprise cynique de démolition d’un des cycles les plus populaires du genre. C’est peu mais c’est déjà plus que ce que l’on pouvait attendre de la série au moment de s’y aventurer. Néanmoins cela reste insuffisant pour souhaiter en voir une nouvelle saison.
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