La série de MTV a-t-elle trouvé son public ?
Retour sur le sixième épisode de la série adaptée de l'oeuvre de Terry Brooks (qui semble d'ailleurs très confiant quant au renouvellement de la série pour une saison 2), toujours en compagnie de notre camarade Zakath Nath !
Bonne lecture.

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Épisode 6 : Pykon

Avec ce sixième épisode, nous entrons donc dans la seconde moitié de la saison et les missions des différents personnages sont désormais tracées et bien entamées : Will et Amberle doivent sauver l’Ellcryst en portant sa graine à Safehold, Allanon veiller sur l’arbre sacré tout en formant Bandon, et Ander et le commandant Tilton étaient partis avec le Gnome Slanter mobiliser des troupes contre les démons qui s’apprêtent à déferler.

Ce dernier groupe bénéficiait d’une sous-intrigue qui pouvait se révéler intéressante puisqu’elle promettait de mettre un peu en avant le conflit entre les Elfes et les Gnomes sur fond d’alliance contre une menace commune, à quoi se mêlait un conflit plus personnel puisque Slanter était prisonnier des geôles d’Arborlon depuis des années pour le meurtre du frère d’Ander. Hélas, cet épisode va totalement expédier cette histoire. Il y aura bien un semblant de trahison, mais vite désamorcée dans les dernières minutes. On n’en a pas forcément fini avec les tensions entre les deux peuples mais en ce qui concerne les principaux personnages mêlés à cet arc, l’antagonisme a l’air déjà derrière eux. De plus, malgré le peu de temps consacré à ce trio, on prend tout de même la peine de remettre en avant l’histoire d’amour passée entre Ander et Tilton, celle-ci déclarant que depuis la mort d’Aine, l’Ander qu’elle aimait n’est plus le même, rongé qu’il est par la colère et l’alcool. L’ennui est que depuis le début de la série, Ander n’est jamais apparu comme un alcoolique empli d’amertume mais comme un soutient raisonnable avec un fond de culpabilité. Difficile donc de croire que Tilton ait pu reporter son affection sur Arion (qui n’est peut-être pas rongé par l’alcool, mais bien par le ressentiment de ne pas être assez apprécié par son père) sous un prétexte pareil.

À Arborlon la situation ne tarde pas à se dégrader, le Changelin ne perdant pas de temps pour saper tous les efforts d’Allanon. Pour se faire il envoie Arion à la recherche d’une mystérieuse épée cachée dans les sous-sols du château, sensée les protéger des légions du Dagda Mor et dont le Druide leur aurait caché l’existence. Il suffit pourtant de feuilleter un livre pour trouver sa piste, et Arion ne tarde donc pas à mettre la main sur l’artefact avec l’aide de Catania et de quelques effets spéciaux particulièrement kitsch. Malgré les grosses facilités présentes dans cette sous-intrigue, la partie à Arborlon est tout de même plus satisfaisante que celle concernant Ander puisque de façon assez inattendue, Allanon tire sa révérence. Cependant, cette sortie a l’air bien trop rapide, laissant des éléments importants en plan comme l’apprentissage à peine entamé et déjà compromis de Bandon, pour qu’on y croit totalement et on aurait peut-être tort de dire déjà adieu au personnage (qui pourrait revenir sous forme fantomatique tel Obi-Wan Kenobi, l’originalité n’étant pas la marque de fabrique de Shannara). Néanmoins, on a du grain à moudre jusqu’à la semaine prochaine.

Le gros morceau de l’épisode reste toutefois la partie centrée sur le groupe d’Amberle et Wil. Une fois encore on remet le triangle amoureux sur le tapis, tout d’abord dès le début de l’épisode avec un rêve érotique d’Amberle impliquant Wil et un tourniquet d’aire de jeux désaffectée, ensuite au travers des regards envieux d’Eretria aux signes de rapprochement entre la princesse elfe et le jeune homme. Pour ne pas faire de jaloux, après Wil laissant tomber sa chemise dans la séquence onirique, on aura également droit à une petite scène de drague dans des bains chauds entre Amberle et Eretria, séquence qui a surtout pour intérêt narratif de dévoiler une marque mystérieuse sur l’épaule de la voleuse (Ivana Baquero a décidément l’air abonnée aux marques mystérieuses sur l’épaule et aux repas piégés offerts par des chauves maigrichons).

La fin de l’épisode précédent avait laissé les héros dans une situation délicate puisque la personne sensée les aiguiller vers Safehold avait été tuée par le Reaper avant de pouvoir les renseigner. Ils ne tardent pourtant pas à se remettre en route, décidant de se rendre à Pykon, une forteresse elfe sur le chemin de Wilderun. Le choix de cette direction pour le moins aléatoire est dû à l’intuition de Wil qu’ils n’en ont pas fini avec le Reaper et qu’il faut d’abord le semer. C’est une fois de plus l’occasion de constater que Crispin, le capitaine de la compagnie, est l’un des personnages les plus inutiles de la série, dont la seule fonction est de mettre en doute les décisions des autres sans jamais proposer une solution viable. Il illustre d’ailleurs bien le problème des Elfes : dans le recap du premier épisode, j’avais mentionné le fait que ces Elfes n’avaient pas l’air d’être grand-chose d’autre que des humains avec des oreilles pointues. Malheureusement, plus la série avance, plus ils ont surtout l’air de ne pas être grand-chose d’autre que des humains pas très doués avec des oreilles pointues. Cephelo, le bandit violeur prêt à laisser tomber tout le monde pour sauver sa peau fait une meilleure recrue, c’est dire.

Difficile en tout cas, devant l’arrivée à Pykon, de ne pas penser à La Communauté de l’Anneau, avec les héros progressant à flanc de montagne sous une tempête de neige avant de trouver refuge dans une forteresse abandonnée… ou presque. S’ils ne sont pas accueillis par des hordes d’Orcs, la réception est presque aussi peu rassurante, Pykon ayant pour seuls habitants un Elfe qu’on devine totalement psychopathe et une fillette quasi-muette qu’il a pris sous son aile. La suite des événements est pour le moins prévisible mais se suit bien, jusque dans les dernières minutes où le Reaper réapparait pour jouer les Balrogs. L’épisode a alors l’avantage de se conclure sur un bon petit suspense : on se doute que le trio principal va survivre. Mais comment ?

Encore une fois, on nous livre un épisode qui se suit sans ennui, mais les nombreuses facilités et l’aspect à peine fouillé de certaines idées rendent l’ensemble assez frustrant.