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Le ComicCon de Montréal vu par Cédric Ferrand

Par Merwin Tonnel, le mardi 27 septembre 2011 à 16:10:12

1Les 17 et 18 septembre derniers se tenait le 4ème ComicCon de Montréal. Ce n'est pas encore San Diego, mais l'évènement était assez important pour attirer les geeks, les fans de science-fiction et de fantasy et les mordus de comics de tout poil de la région. La présence de Stan Lee doit aider.
Au milieu de cette faune hétéroclite : Cédric Ferrand, auteur de Wastburg. Pour l'occasion, ce dernier nous a concocté un compte rendu de l'évènement, avec un soupçon de dérision.
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Le compte rendu de Cédric Ferrand

Avertissement : le chroniqueur n'a jamais regardé Star Trek, n'a pas grandi avec la série télévisée de Batman des années 60, fait des crises d'urticaire au bout de 5 minutes de Doctor Who, n'a jamais compris pourquoi les BD et les figurines devaient rester dans leur emballage d'origine, ne mange pas de manga au petit-déjeuner et a arrêté de jouer à Magic il y a 13 ans. Il se pourrait donc que sa vision du ComicCon soit légèrement biaisée.

Or donc, qu'est-ce qu'un ComicCon ? Initialement, c'est une convention sur l'univers des comics. Mais le concept a depuis longtemps débordé de ce simple objectif pour aborder tout ce qui touche à l'imaginaire. Ça ratisse large. Non, encore plus large que ça.

Débarqués à la convention à 13h, nous avons été accueillis par les cris d'horreur des visiteurs éconduits : tous les billets avaient déjà été vendus. Heureusement, nous avions été prévoyants en achetant nos billets par avance sur Internet. Mais ça ne voulait pas dire que nous étions pour autant sortis de l'auberge : il nous restait à accéder à la convention. Une file d'attente plus longue que les chaînes de Shun, le chevalier de bronze geignard d'Andromède, nous attendait. Elle serpentait sans fin entre différentes salles sans qu'il nous soit possible de deviner le temps d'attente global. Au final, nous avons piétiné pendant 1h45. Le bon point, c'est que de nombreux visiteurs étaient costumés, ce qui donnait à cette épreuve de patience un air de joyeux défilé. Des familles complètes déguisées, des adolescents complexés trouvant soudain le courage de s'habiller comme leur héros, des employés de bureau ayant passé des heures à fabriquer LE costume de leur rêve. Mais c'est également la démonstration flagrante que la frontière est finalement mince entre une jeune femme déguisée en superhéroïne et une stripteaseuse.

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Et bon, au bout de cette attente interminable, nous avons eu accès aux marchands du temple. Car il ne faut pas se leurrer : le ComicCon est un vaste supermarché. Des tétrachiées de comics classés par titre, ancienneté, rareté et vétusté. Des soi-disant incunables de Marvel ou DC, des trucs moches mais authentiques, des petites madeleines de Proust sous plastique. Et des tonnes de figurines fabriquées en Chine. Han Solo avec son pistolet. Han Solo avec Leia. Han Solo à la plage... Un Goldorak de 1m80 de haut pour 3 500 $. D'indispensables peluches Angry Birds. Des DVD de films gores. Un tatoueur qui ferait passer un yakuza pour un petit joueur. Des répliques d'épée qui iraient si bien dans mon salon si seulement j'avais un manoir anglais à décorer. Tellement de cartes Magic qu'il a fallu déraciner une forêt grosse comme Madagascar pour les imprimer. Des t-shirts taille XXXXL avec Sheldon de Big Bang Theory en train de dire "Bazinga!". Des brouettes remplies de dés, mais paradoxalement aucun jeu de rôles (enfin si, une seule et unique boite d'initiation à D&D toute tristounette). Une orgie consumériste. Les geeks sont dans la vie active et ont enfin de quoi se payer les jouets que leurs parents leur refusaient à l'époque. Faites chauffer votre carte de crédit.

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Et au milieu de ce culte du merchandising, des êtres humains. Ou presque. Des vedettes fanées ayant joué dans des séries vintages. Un type qui doit répondre en Klingon à ses admirateurs, parce que c'est ce qu'on attend de lui pour toujours. Un vieux Robin qui sent la naphtaline. Un Boba Fett sous dialyse. Rappelez-vous de cette ambiance déprimante dans le film Galaxy Quest, avec des admirateurs ânonnant les mêmes répliques à de vieux acteurs fourbus qui vivent une gloriole plus étirée que le costume en spandex de l'Homme Élastique. C'est exactement ça. "Je vous ai adoré dans l'épisode 13 de la 7ème saison, celui où vous atterrissez sur la planète Morglaz". Et au milieu de ces morts-vivants de la télé, le Spike de Buffy, qui pour le coup fait baisser la moyenne d'âge de 20 ans.

Et là, désolé, je n'ai aucune anecdote croustillante à partager avec vous car je n'ai pas demandé d'autographe à ces gens. J'ai assez peu de choses à dire à l'acteur qui a incarné Pinhead dans Hellraiser. Et surtout, je refuse de payer 50$ pour avoir la signature de Stan Lee, non mais. Et les dessinateurs étaient tous pris d'assaut par des gens qui allaient vite revendre leur dédicace sur eBay, donc je n'ai pas pu voir le créateur d'Usagi Yojimbo ou cet ancien lutteur de la WWF connu sous le nom poétique de Sergeant Slaughter.

Ah oui, il y avait aussi quelques artefacts comme le vrai Landspeeder de Luke Skywalker, le costume de Darth Vador, la Batmobile des années 60. Pour se faire prendre en photo dans la Dolorean de Retour vers le futur, il en coûtait 20$, qui étaient reversés à la recherche contre le parkinson, une excellente idée pour amasser des fonds.

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Pour résumer, je dirais donc que ça a été un supplice de 1h45 d'attente pour 1h de visite. Il y avait des animations plus ou moins passionnantes comme des tables rondes, la projection du Batman de 1966, une présentation des doubleurs québécois des Simpsons, un concours de déguisement, un épisode de Clone Wars en exclusivité... Mais vous aurez compris que je ne suis pas assez hardcore pour profiter pleinement du ComicCon.

Plusieurs constats :

  • ce qui fait le charme du ComicCon, ce sont les gens qui viennent déguisés. Ce n'est pas la qualité des invités qui importe, c'est vraiment le public qui fait le spectacle. Du coup, payer 25$ pour voir accéder à des marchands de comics, de figurines et de cartes, c'est très décevant. Autant aller au carnaval.
  • peu importe votre geekitude, il y a toujours plus geek que vous. C'est très rassurant. Je suis finalement très modéré dans mes passions quand je vois l'investissement en temps et en matériel de certains. Mais ces gens-là sont fiers, ils posent avec plaisir devant les appareils-photos et ont la possibilité de s'afficher devant des pairs sans courir le risque d'être jugé (ok, j'ai peut être ri quand j'ai vu une naine noire déguisée en Storm, je l'avoue).
  • c'est une mauvaise idée d'amener sa fille de 16 mois en poussette dans un lieu où les gens s'agglutinent devant un faux R2D2.

Cédric Ferrand

Crédits photos : Béatrice Combaz et Jean-François Dorion

Pour en savoir plus : le site officiel de l'évènement.


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