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Les relations entre Fantasy et Histoire

Par Nak, le vendredi 12 novembre 2010 à 14:51:30

MapLa fiction historique est un genre en vogue et qui a très certainement encore de beaux jours devant elle. Mais il n'est pas forcément facile de s'improviser écrivain de ce genre, malgré la base solide que fournit l'Histoire...
Sarah Jane Stratford nous livre dans cet article un aperçu plein de bon sens de ce que peut être le processus narratif d'un écrivain de fiction historique.

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L'article traduit

Un vieux dicton dit : Dieu écrit des fictions minables. Il très connu par ceux qui écrivent de la fiction historique, et même si vous êtes athée, c’est toujours valable. L’idée c’est que vous ne pouvez pas écrire la plupart de vos histoires exactement de la façon dont elles se sont passées (c’est-à-dire, dans la mesure où elles sont documentées) parce que même les histoires les plus fascinantes peuvent rendre un livre ou une pièce de théâtre ennuyeux. Les écrivains peuvent trouver beaucoup de réconfort dans ce dicton, parce qu’il donne carte blanche dans une certaine mesure pour altérer l’histoire afin qu’elle convienne à la narration. Bien sûr, ça peut aussi vous créer des problèmes si vous commencez à croire que ça vous permet de décrocher quand vous arrivez à des moments compliqués de l’histoire et de vos recherches.

Je suis du genre à aimer la recherche (la plupart du temps) et je suis fière de mon royaume geek d’histoire. Quoi que j’écrive, j’ai tendance à préférer les cadres historiques parce que le passé peut tellement éclairer le présent – et nous-mêmes. J’aime aussi les vêtements. Donc que j’écrive quelque chose de sérieux ou de drôle, de la fantasy ou pas, j’ai tendance à plonger dans le passé. En plus, sans passer moi-même pour un vampire, ça me donne des sujets inépuisables à pomper. Je prends vraiment du bon temps à me saisir de l’histoire et à jouer avec – tous mes respects et mes plus plates excuses à mes anciens professeurs, bien sûr.

Autant je peux aimer le dur labeur de la recherche quand je commence un nouveau projet, autant c’est toujours l’histoire du personnage qui vient en premier. Mes services sont en premier dédiés à eux et à leurs voyages. Si je ne dis pas leurs vérités, ça ne sert à rien que je sois historiquement précise ou intéressante – l’histoire ne semblera pas vraie. (Ou ne maintiendra personne éveillé.) Donc aux premiers jours de la création d’une histoire, je me concentre sur les personnages et sur leur parcours émotionnel.

Après ça, l’histoire et les émotions sont au coude à coude, parce que le vilain petit secret derrière tout ça, c’est qu'il n’est absolument pas possible pour moi de prétendre raconter une histoire vraie sur un personnage dans une période donnée sans connaître la véritable histoire. Ou plutôt, je pourrais le prétendre, mais tous ceux qui me liraient verraient clair dans mon jeu et pourraient – à juste titre – me fustiger pour ça. Donc vous pourriez dire que la recherche m’aide à la fois à parvenir à la vérité et à rester honnête.

C’est en général à ce moment-là du processus que je commence à être contradictoire. J’ai l’impression qu’il m’incombe d’être historiquement précise, mais je ne veux pas non plus être soumise à l’exactitude. Si on revient à l’idée que Dieu écrit des fictions minables, ça ne rend service à personne de laisser l’histoire prendre le pas sur la narration. Donc ça devient un jeu d’équilibre. Ce qui veut dire que j’essaie de rester aussi précise que possible, mais je ne perds pas de vue ce qui est important. De temps en temps je dois me rappeler : ce n’est pas une thèse, c’est une fiction.

C’est bien plus facile de s’en souvenir quand il s’agit de vampires en plein dans la deuxième Guerre mondiale. Dans ce cas précis, je suis définitivement en train de réinventer et de jouer avec l’histoire – et j’en apprécie chaque minute – mais j’ai souvent le sentiment que l’obligation d’être précise et exacte pour chaque autre aspect de mon travail est aussi important. C’est peut-être de la fiction, mais je veux que ça ait l’air réel à la fois pour moi et pour mes lecteurs.

Une chose que j’ai découverte dans le processus de recherche est combien c’est facile de s’enliser si vous ne faites pas attention. L’un des trois fils narratifs de The Midnight Guardian suit le voyage d’un train de Berlin à Bilbao et j’ai passé un temps fou à essayer de trouver la bonne route, y compris les arrêts et les horaires. A un certain point – c’était peut-être quand un libraire m’étouffait, je ne sais plus – j’ai réalisé que j’étais en train de me perdre à chercher des détails qui, au final, n’apportaient rien à la narration. Je voulais avoir toute cette information, mais l’avoir n’allait pas améliorer l’histoire. Donc j’ai fait quelque chose qui n’est pas facile pour moi, j’ai laissé filer.

Je pense que "laisser filer" est quelque chose de difficile pour beaucoup d’écrivains de fictions historiques. Il y a deux problèmes – ce que vous ne trouvez pas, et ce que vous trouvez. Quand j’étais enterrée sous des livres et des cartes, à étudier Berlin et la guerre de 1938 à 1940, j’ai trouvé un tas de détails et d’histoires qui, je le pensais, seraient intéressants à insérer dans la narration de mes personnages. J’en ai même écrit pas mal. Mais quand j’étais en train de peaufiner le manuscrit, j’ai réalisé difficilement que, même si c'était très cool, ça ne marchait pas très bien avec mes personnages et je me suis donc abstenue. C’est une des choses les plus difficiles que j’ai eues à faire – mais ce qui est bien quand on est écrivain c’est que personne ne vous voit pleurer. En plus, si l’histoire en est améliorée, il n’y a de toute façon pas de raisons de pleurer.

Article originel
Traduction réalisée par NAK


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