Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Entretien avec Fiona McIntosh

Par Nero, le vendredi 29 décembre 2006 à 11:05:16

Fiona McIntoshL'une des parutions importantes de l'année pour son éditeur, Le Don, de Fiona McIntosh, n'est pas forcément un roman de fantasy révolutionnaire, mais de nombreux lecteurs devraient y trouver leur compte.
Quoi qu'il en soit, sur Elbakin.net, nous n'avons pas laissé passer l'occasion d'interviewer l'auteur !
Profitons-en pour la remercier, de même que Leslie, grâce à qui nous avons pu être mis en contact avec Miss McIntosh !

Entretien avec Fiona McIntosh, version française

Comment vivez-vous la sortie française du "Don"?

J'étais très excitée lorsque le contrat français a été conclu. Grandir en Angleterre signifie que les voyages à Paris n'étaient pas rares et c'est une ville qui me tient à cœur… c'est sans aucun doute une des villes que je préfère visiter ; je la visite aussi souvent que je peux, vivant maintenant en Australie.
Je suis si ravie de travailler avec Bragelonne parce que l'équipe aime tellement ce qu'ils font - cet enthousiasme infiltre toute l'organisation, jusqu'au traducteur travaillant sur mes livres qui vit dans un petit village en France. Tout le monde adore son travail et c'est merveilleux d'être impliqué à cette atmosphère, cela vous fait ressentir que vos livres sont précieux pour eux.
Combien de fois ai-je déambulé dans les librairies françaises, remarquant combien vous aimez Robin Hobb et les auteurs de son calibre ? J'avais le rêve qu'un jour mes livres pourraient arriver jusqu'à ces mêmes étagères. C'est tellement satisfaisant de savoir que ce rêve est maintenant réalité et je suis impatiente d'être de nouveau en France pour voir moi-même Le Dernier Souffle dans les librairies. Je pense que le dessin pour la couverture est sensationnel, le meilleur de tous les marchés… Je suppose que je ne devrais pas être surprise. Le design de mon site a été fait par un artiste français !

Avec le recul, que pensez-vous de votre début ?

Je suis nerveuse, mais je le suis toujours. Je veux que les lecteurs français apprécient la série et j'espère que mon éditeur achètera Trinity ou Percheron si le Dernier Souffle se comporte bien dans sa traduction française. J'ai déjà reçu des emails charmants de France, il semble donc que le Don ait eu un bon départ.

Vos personnages font penser à ceux de Robin Hobb. Je sais que vous êtes amies. Comment définiriez-vous cette relation ?

Je la considère comme un des relations les plus spéciales de ma vie. Comment nous en sommes arrivées à nous rencontrer est une histoire longue et drôle (que je ne narrerai pas ici) mais je dirais que c'était de l'amitié au premier regard et nous essayons vraiment de faire en sorte que nos calendriers coïncident quelque part dans le monde aussi souvent que possible. J'étais vraiment très chanceuse que Robin fasse un tour promotionnel en Australie durant l'année 2006, on s'est donc retrouvées à Melbourne, puis je suis partie en avion vers le Texas pour participer à la World Fantasy Convention, où Robin était invitée d'honneur. Deux fois dans l'année, nous nous sentons très gâtées !
Robin a un talent extraordinaire, je la considère comme un de mes mentors et bien avant que nous soyons amies j'étais une fan dévouée de son travail. Nos styles sont extrêmement différents. Elle est un écrivain "à petit feu", qui construit son histoire petit à petit. Je lance mes lecteurs directement dans l'action et mes livres ont tendance à être une lecture "montagne-russe" dès la première page.
Fitz et le Fou sont mes deux personnages favoris en fantasy, donc dire que mes personnages font penser à ceux de Robin Hobb est un énorme compliment. Peut-être est-ce parce que nous punissons tous deux tellement nos personnages principaux…

Désolé de soulever la question, mais le Prince Celimus n'est-il pas un peu... trop exagéré dans ses réactions ?

Pas du tout ! Les ennemis doivent être profondément déviants et mauvais, et en ce qui concerne le mal en fantasy il n'y a pas d'exagération. Je suis sûre que je peux forcer encore plus le trait, et je le ferai probablement.
Le Prince Celimus est pourtant déjà exceptionnellement cruel et n'a absolument aucun qualité de rédemption, d'autant plus qu'il n'y a pas de raison pour son comportement. C'est un homme qui a tout, et qui a tellement de choses qui se font pour lui. Il continue d'évoluer, devenant si mauvais lors du troisième livre qu'aucune fin ne semblera assez satisfaisante ! Remarquez, attendez de rencontrer Goth dans la série Trinity ou Salmeo dans Odalisque.

Internet s'est avéré être un outil important pour promouvoir les livres. Avez-vous utilisé le web pour promouvoir vos romans ?

Absolument. C'est la méthode la plus valable pour le marketing de mon travail. Pourquoi ? Parce qu'il aide à l'outil le plus puissant de vente à s'épanouir….Cet outil (le bouche à oreille) travaille à une échelle globale avec le net. C'est génial. Je fais attention d'avoir un site attractif et un forum vivant qui fait que les visiteurs de toute la planète se sentent bienvenus.

Est-ce que le fait que vous vivez en Australie apporte une autre dimension à l'écriture de vos romans ?

Non, je n'ai jamais pensé que cela apporte quoi que ce soit. Et à ce jour je ne vois pas pourquoi. Certains écrivains australiens utilisent le paysage local, mais je suis née et j'ai été éduquée en Grande-Bretagne donc les décors que je préfère seront toujours d'une nature plus européenne avec des collines et des prairies, des montagnes et des vallées, des rivières et des ruisseaux et énormément de couleur verte… sans compter des forêts - celles qui sont enchantées !
Jusqu'à ce que Robin Hobb commence à discuter à la World Fantasy Con de la raison pour laquelle les écrivains de SF australiens peuvent être différents, par exemple, des écrivains des Etats-Unis, il ne m'était jamais venu à l'idée qu'il puisse y avoir une différence. A son avis, les Australiens semblent approcher la fantasy avec une attitude désinvolte et une notion sans contrainte de ce qui pourrait être considéré comme tabou, par exemple, en Amérique. Elle croit que les écrivains australiens emmènent les lecteurs sur des chemins que peut-être d'autres écrivains, dans d'autres marchés, pourraient craindre d'emprunter. Je suis sûre qu'elle se réfère à certaines des scènes les plus horribles dans le Dernier Souffle, ou peut-être est-ce la scène de castration dans Odalisque ? Ou était-ce cette scène de torture dans Myrren ou alors est-ce le marquage au fer et le bridling dans Trinity ? Hmmm.

Que pouvez-vous nous dire à propos de votre dernière œuvre, "Odalisque" ? Sera-t-elle publiée en France ?

Odalisque est le premier livre de Percheron. C'est une histoire qui se passe dans un pays qui fait beaucoup penser à Constantinople durant la grande ère Ottomane. J'ai emprunté énormément d'éléments de la Turquie médiévale et de l'ancienne Perse. C'est donc très exotique, très riche et plein de couleurs dans son décor et son style de vie.
C'est essentiellement l'histoire d'Ana, la fille d'un simple berger, qui est vendue pour un harem formé pour un nouveau Zar. Evidemment, Ana n'est pas qu'une simple fille de berger, et la vie dans le palace ne sera plus jamais la même. Le récit comporte des intrigues de palais, de la foi, de la guerre et l'habituelle trahison et perfidie qui pimente mes histoires. Evidemment, il y a une merveilleuse histoire d'amour interdite et une bataille cyclique des dieux. Oui, je pense que cela couvre toute cela ! Ah, et il y a Lazar. Voilà un homme délicieux dont on peut tomber amoureuse. (soupir)

L'histoire sera-t-elle publiée en France ! Je l'espère ! Nous devrions le savoir aux alentours de mi-2007.

Quelques questions diverses, maintenant ! Quelle est votre opinion à propos de la fantasy de cette dernière décennie ? Quels sont vos auteurs favoris ?

Pour les auteurs favoris, c'est facile ! Je lirais n'importe quoi, dont même les listes pour les courses, de Guy Gavriel Kay, un auteur canadien francophone qui divise son temps entre Toronto et la Provence. Personne n'écrit comme Guy. Je pense que son œuvre est magnifique.
Et sans aucun doute, Robin Hobb. Quiconque n'ayant pas lu sa saga de l'Assassin Royal devrait être soumis à la torture ! J'apprécie de nombreux auteurs, dont George R R Martin et Stephen Donaldson. Mais Guy et Robin sont les écrivains dont j'aimerais avoir les livres si je devais être coincée sur une île déserte.

Ce que je pense de la fantasy lors de la dernière décennie ? Eh bien, j'aime que cela dépasse les frontières du genre (horreur, crime, romance, thriller, histoire, etc…) et débarque dans la conscience mainstream. J'aime que cela soit si populaire maintenant que les lecteurs se déclarent eux-même fan de ce type de fiction ; on ne doit plus être un geek pour aimer la SF. Je suis impressionnée que nous ayons tant de conventions autour du monde qui ont un tel succès. Mais, plus que tout, j'aime qu'il y a tant de sous-genres sous le titre de SF. Et ces histoires très sombres abondent parmi la high fantasy traditionnelle.

Quel est votre aspect favori de l'écriture ?

J'en ai deux. Le premier est de développer mon personnage principal, toujours un homme. C'est beaucoup de fun. Le deuxième est de rencontrer les lecteurs, toujours une joie.

Comment définiriez-vous votre relation avec les fans ? Est-ce que leur attente n'est pas parfois un fardeau ?

J'ai une très bonne relation avec les lecteurs fidèles à mes histoires. Je me rends très accessible aux lecteurs et je suis disposée à rester en contact et répondre personnellement à tous les emails. Je visite mon forum plusieurs fois par jours pour accueillir les nouveaux membres et répondre à leurs questions. C'est quelque chose que j'apprécie. Ce n'est pas une corvée, mais cela demande du temps. Je le donne de bon coeur en retour de la foi que les lecteurs ont en mes histoires et surtout pour les nouveaux lecteurs qui essaient mes livres.

Je pense qu'il est important que les lecteurs aient de grandes attentes car cela me fait garder les pieds sur terre et je reste déterminée à délivrer des contes rapides, totalement addictifs. Je trouve dur quand ils prédisent comment les histoires vont se terminer. Ils couvrent chaque scénario possible jusqu'au plus petit détail de telle manière que vous ne pouvez plus offrir une fin que personne n'aura prévu. Il y a également les lecteurs qui ont une idée très forte de ce que vous devriez faire avec une histoire et qui n'hésitent pas à vous le faire savoir.

Mais je ne laisse pas cela me peser. Les lecteurs ont parfaitement droit à leurs désirs et rêves, c'est le but quand on apprécie un livre. Il est charmant que tellement d'entre eux s'investissent dans l'histoire et les personnages à un tel point qu'ils semblent suffisamment réels pour qu'ils en discutent longuement sur le Net. Je ne laisse pas cela m'influencer et j'espère seulement que si cela n'évolue pas de la manière qu'ils avaient envisagé, cela leur convient également.

Comment réagissez-vous aux critiques de livre ? Sont-elles importantes pour vous ?

Les critiques de livre peuvent être dangereuses en fonction de l'endroit où elles apparaissent.

Je déteste que quelqu'un sur le Net peut être très critique d'une histoire de quelqu'un sans que l'auteur puisse avoir un droit de réponse. Ces viles critiques peuvent rester longtemps et sont souvent écrites par des personnes qui n'ont pas de qualifications pour écrire des avis intelligents, argumentés et qui ne réfléchissent pas aux dommages que leurs mots imprudents peuvent entraîner. Dans le même ordre d'idée, les bonnes critiques sont fantastiques, peu importe qui les écrit ! Donc, avec cela en tête, les auteurs doivent prendre le bon et le mauvais, essayer d'adopter une vue nuancée et toujours se rappeler qu'ils ne peuvent contenter tout le monde.

Bien sûr, les bonnes critiques sont importantes ; elles peuvent êtres très influentes dans une bonne revue. Mais je ne construis pas ma vie autour d'elles et je ne créerai jamais une histoire sur mesure dans le but que cela plaise à certains critiques.

En d'autres termes, elles sont importantes jusqu'à un certain point, surtout lorsqu'un nouvel écrivain est lancé sur un marché, par exemple. De bonnes critques peuvent être utiles pour établir rapidement le crédit d'un écrivain. Un bon avis est surtout utile pour l'équipe de marketing de la maison d'édition à laquelle vous appartenez.

Est-ce que vous avez des recommandations de livre pour nos lecteurs, en fantasy ou dans d'autres genres ?

Si vos lecteurs n'ont lu Tigane, de Guy Gavriel Kay, mais qu'avez-vous fait ? Sortez maintenant et achetez l'Apprenti Assassin de Robin Hobb et vraiment tout de GGK et Hobb. Il y a tellement à choisir de chaque auteur et aucun des deux ne vous laissera tomber.

Que souhaitez-vous pour la nouvelle année ?

Eh bien, restons superficielle et égocentrique, non ? … J'aimerais vraiment un iPod silver nano pour remplacer mon iPod de 20GB lourd et démodé qui me fait penser que je porte une chaussure à la hanche. J'aimerais avoir une paire de chaussures Manolo Blahnik et être capable de faire ce mouvement de Beyonce dans mon cours de dance comme le reste des filles (toutes plus jeunes de 20 ans !). Et j'aimerais vraiment rencontrer Colin Firth. Ah, oui, et que quelqu'un acquière les droits d'adaptation en film du Dernier Souffle. J'ai déjà choisi tous les acteurs. Finalemement, que mon éditeur français accepte Odalisque, Emissary and Goddess…(sourire)

Enfin, quel message aimeriez-vous faire passer à vos (futurs) fans français ?

Un grand merci, évidemment. j'apprécie qu'il y énormément de choix là-bas, pas uniquement pour la fiction en général, mais pour la fantasy. Il y a tellement de nouveaux auteurs publiés que cela en est intimidant, je suis toujours reconnaissante qu'un lecteur fasse un essai avec mon œuvre alors qu'il est difficile d'essayer un nouvel écrivain. J'espère que mes histoires plaisent.

Je voudrais faire savoir aux lecteurs français que je viendrai à Paris en 2008 ; je ne serais peut-être pas capable d’aller à beaucoup d’autres places en France parce que mon agenda est toujours serré, mais en attendant, ils sont plus que bienvenus sur mon forum ou peuvent m’envoyer un email à fiona@fionamcintosh.com

Ils peuvent être également intéressés de savoir que lors de ma précédente carrière en tant qu’écrivain de voyage j’ai parcouru le globe pour le meilleur chocolat chaud pendant plusieurs années et que le tenant actuel du titre est l’hôtel des Quatre Saisons à Paris… C’est vraiment un bon chocolat. Et si quelqu’un a une recette étonnante de gateau au chocolat, j’aimerais vraiment faire un échange. Ai-je mentionné que ma passion est le chocolat ?

  1. Entretien avec Fiona McIntosh, version française
  2. Interview with Fiona McIntosh, english version

Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :